District 9

Neill Blomkamp – 2009 – 1h50
Mercredi 23 janvier 19h30

1982 : Un vaisseau spatial apparaît au-dessus de Johannesburg avec à son bord un million d’extraterrestres insectoïdes. Le gouvernement sud-africain décide alors de créer un camp de rétention temporaire, District 9, pour accueillir ces réfugiés.
2010 : Le camp temporaire s’est peu à peu changé en bidonville militairement gardé et la mise en place de mesures ségrégationnistes n’apaise aucunement les tensions entre humains et « crevettes ». Le gouvernement décide alors de transférer les presque 2 millions d’aliens dans un nouveau camp d’accueil à 200 km de Johannesburg. Pour réaliser cette tâche colossale, le gouvernement se tourne vers une entreprise de sécurité et de recherche en armement : MNU. L’action du film suit Wikus, le responsable de la première partie de l’opération : faire signer l’avis d’expulsion aux « résidents » du District 9.
Si le film nous invite à une réflexion sur les entreprises de mercenariat mais également sur la recherche militaro-scientifique à travers la figure de l’entreprise MNU; la place des extraterrestres, au-delà de la situation politique actuelle et passée de l’Afrique du Sud, fait écho au traitement gouvernemental et médiatique qui est fait des migrants. Que ce soit par la découverte des aliens, le traitement qui leur est réservé (camps d’accueil, expulsion, relocalisation), les clichés dont ils sont victimes (exotisme de leur alimentation, de leurs loisirs par exemple) ou encore la forme documentaire du film, c’est la gestion humanitaire de la misère qui est décrite.
Et si le film n’offre que l’amour et l’attente millénariste en dernier recours, il ne tient qu’à nous d’envisager d’autres perspectives.

Mai 68 : en finir avec la commémoration, en finir avec la liquidation

Samedi 26 janvier 18h

Il est de bon ton aujourd’hui, dans cette époque post-moderne, de moquer, voire de rejeter en bloc l’héritage de 68, sans avoir pour autant réussi à comprendre ce moment de soulèvement, voire à l’épuiser dans toute sa diversité. Tout le monde a ses « bonnes » raisons de se penser plus « sérieux », « au-dessus » ou « post » 68. Pour certains, 68 n’aurait été qu’un mouvement idéaliste de la petite bourgeoisie gauchiste étudiante, pour d’autres, un mouvement de travailleurs assujettis aux syndicats, une « convergence des luttes » qui n’aurait pas « pris », un mouvement qui aurait été incapable d’empêcher sa récupération, qui l’aurait auto-produite, qui serait à l’origine de la société telle que nous la connaissons, un mouvement dont on aurait trop entendu parler, qui n’aurait pas adressé les bonnes questions, qui ne serait parvenu à aucun dépassement, qui n’aurait été « qu’un » mouvement social, n’en aurait pas été un, ou pas assez, ou n’aurait finalement été qu’un mouvement contre-culturel, etc. etc. Peut-être que tout cela est un peu vrai et faux à la fois, peut-être qu’il serait temps de sortir à la fois de la commémoration béate et museïfiante et de l’hypercriticisme au vitriol, car aucune de ces postures ne semble pouvoir se mettre en capacité de tirer des enseignements de cet épisode d’un point de vue encore et toujours révolutionnaire, aucun ne semble en mesure de sortir des logiques de récupération et/ou de liquidation. Mais à travers la liquidation de 68, c’est la perspective révolutionnaire tout entière que l’on cherche à torpiller. Des pubs de la fnac aux ricanements moqueur post-post situationnistes, en passant par les ventes aux enchères de reliques à la Belleviloise, ce que toutes ces formes de commémorations post-révolutionnaires, post-modernes et social-démocrates de 68 conjurent et liquident, c’est la possibilité même du soulèvement, de l’insurrection et de la révolution
Nous proposons ici d’ouvrir la possibilité de faire émerger de nouvelles analyses ou d’en exhumer d’anciennes sur ce qui a fait et qui fait encore de 68 un moment important de la guerre sociale en cours depuis toujours, un moment dans lequel, qu’on le veuille ou non, nous avons tous puisé quelque chose du vent révolutionnaire qui a soufflé par moment ces dernières décennies, et peut-être jusqu’à l’épuiser et se retrouver aujourd’hui dans un air irrespirable faute d’avoir réussi à trouver d’autres sources. En tous les cas, l’un des derniers assauts révolutionnaires en date dont les enseignements pour aujourd’hui restent encore à tirer à l’échelle du monde, malgré la profusion de tout et n’importe quoi à son propos, marchandises, publicité et autres publications lucratives, un demi-siècle plus tard.

Mai-68-Affiche

Morse

Tomas Alfredson – 2009 – 1h54
Mercredi 30 janvier 19h30

Toujours, le film de vampire nous parle de désir, de bien et de mal, de vie et de mort, de religion. Toujours aussi, d’étrangeté face au monde, du différent, de celui qui vit à part dans les ténèbres. Parfois, le film de vampire est policier. Parfois, il est romantique, ou tragique. Il y a même des films de vampire qui sont des comédies. Mais ici, tout est plus grave, c’est une histoire d’amour réaliste. Ici, on ne scintille pas en plein jour, ici, on crève la gueule dans la neige, de jour comme de nuit. Ici, le vampire est prolétaire, et cela n’a rien d’un fantasme ouvriériste. Ici on est tout seul, car le monde est vraiment merdique. Ici, tout est froid, tout est sombre, et entre famille et école, la vie est dure… Ah et oui, ici, ce sont des enfants. Alors que l’on parle de douceur et de rêves, d’amour, de cruauté et de tristesse, tout est pire, et si tout était révolutionnaire ?

L’Armée des 12 singes / La Jetée

Terry Gilliam – 1996 – USA (vost) – 2h10
Mercredi 6 février 19h30

En 2035, ce qu’il reste de l’espèce humaine est condamné à vivre sous terre, pour échapper à un virus qui a décimé la majorité de la population 40 ans plus tôt.
James Cole, emprisonné à perpétuité pour multiples indisciplines, est désigné volontaire pour voyager dans le passé à la recherche de l’origine du virus. Pendant son premier voyage, il se fait enfermer dans un asile et rencontre Jeffrey, qui deviendra quelques années plus tard le leader d’une armée secrète de libération animale, que les contemporains de James suspectent d’être à l’origine de la pandémie.
À la recherche d’une réponse, il fluctuera alors entre deux dimensions, deux temps, entre la prison, l’hôpital psychiatrique et la cavale, entre deux mondes pas si différents au final.

On projettera également La Jetée de Chris Marker, dont L’armée des 12 singes est inspiré.

Chacun chez soi, et les hippopotames ne feront pas la révolution

A propos des identités et de leurs politiques

vendredi 8 février 19h

En cette chaleureuse période de reflux révolutionnaire, une folle passion pour les identités semble s’être emparée de nos contemporains. Querelles de chapelles théorico-politiques par-ci, vieux relents nationalistes par-là, et tout ceci sur fond d’une infâme bouillie de revendications contradictoires : tout est bon pour défendre son bout de viande, son terroir, son Marx ou son Kropotkine.

Halte-là, jeune citadin, vous déclamez trop vite !, me direz-vous. Mais, quoi ? Ne sommes-nous pas sommés de paraître à chaque heure ? Travailleurs Shiva fiers d’être employés de maison, femmes ou racisés élevés au rang d’avant-garde de la discrimination, citoyen bonne poire et toujours pas lassé d’une hypocrisie qui a déjà enregistré à son compte près de deux siècles d’entourloupes toutes plus lamentables les unes que les autres (ce serait cocasse s’il n’en allait pas de notre vie quotidienne), K-Way noir certain d’avoir vu dans le lecteur-le-plus-éloquent-du-comité-invisible son guide spirituel et le pinacle ultime de la vérité, chacun transforme le bout de son nez en univers. Or il est douteux que tout ces petits bouts de nez, même réunis dans la séparation, aient le charme ravageur qu’eut, dit-on, celui de Cléopâtre. Ainsi donc cette troupe de bouts de nez ne sera-t-elle pas à même de changer la face du monde. Ce qui pose d’autant plus problème depuis que les identités politiques, dans leur vieille version du type répétition-de-ce-que-des-gens-morts-ont-dit, ou dans son revival made in US à la sauce post-moderne, est devenu le point de départ (…et d’arrivée) quasi sacro-saint de toute lutte.

Il semblerait donc judicieux de questionner ce curieux acharnement à défendre sa chapelle.

Sollicités de toutes parts par les militants du prêt-à-penser et les marchands d’arrière-mondes de toutes espèces, la place semble nous manquer pour poser des questions, confronter les idées, et éclaircir un tant soit peu le schmilblick d’une si confuse époque… Car les identités politiques si assurément martelées reviennent bien souvent à aller à la rencontre du réel armé d’évidences – qu’on se refuse, avant tout, à mettre à l’épreuve de ce qu’il se passe. Et pourtant, il s’en passe des choses qui pourraient surprendre, intéresser, faire réfléchir, et dans lesquels on pourrait alors peut-être intervenir. En vérité, c’est une place à l’inconnu qu’il s’agit de ménager.
Dans cette tentative désespérée, chevaliers érotomanes de la réalité, reste à savoir quel rôle donner aux théories érigées en identités : puisque les idées peuvent, lorsqu’elles sont bien maniées, devenir dangereuses.

Y a-t-il, aujourd’hui et maintenant, une possibilité d’expérimenter et d’agir qui soit en-deçà ou en amont, des belles théories déjà constituées et des catégories sociomerdiques bêlement reprises par trop de milichiants ? Que produit cette nouvelle « politique des identités » ? D’où vient ce mesquin enfermement sur chaque micro-chapelle ? Et comment retrouver des perspectives révolutionnaires concrètes, dans ce paysage aussi délicieux qu’un éclair au café Monoprix ?

Chicago

 

Rob Marshall – 2002 – USA (vost) – 1h53

Mercredi 13 février 19h30

Durant les années 20 et la prohibition, le monde du cabaret et du jazz fascine.
Roxie Hart, une jeune femme rêvant d’avoir son propre numéro et de briller sous le feu des projecteurs, va se retrouver dans l’obscurité d’une cellule de prison, dans le couloir des meurtrières. Elle va y rencontrer d’autres femmes, toutes ici pour avoir tué leur amant pour diverses raisons, mais toutes d’accord sur un point, c’est qu’il l’avait bien cherché.
Chicago est à la fois un film très recherché, esthétique, et magnifiquement réalisé, jonglant habilement entre deux régimes d’image, la réalité et les interprétations fantasmées de la protagoniste, sous forme de comédie musicale. Il expose également une certaine vision de la justice, un spectacle où chacun joue son rôle, où le plus malin gagne, et pas le plus innocent.

Anarchisme à la découpe : vous en reprendrez bien une tranche ?

A propos du documentaire Ni Dieu Ni maître, une histoire de l’anarchisme (Tancrède Ramonet, 2017)

Samedi 23 février 18h

Dans le cadre d’une réflexion au long cours que nous menons autour de la question des formes diverses que prend aujourd’hui la liquidation de l’héritage révolutionnaire (une manière d’essayer de comprendre par le haut, pour enfin en sortir, le désastre auquel la postmodernité nous condamne), nous poursuivons la déconstruction du documentaire Ni Dieu Ni maître de Tancrède Ramonet diffusé en avril 2017 sur Arte. En effet, cette mise au pas de l’anarchisme sous le regard de l’historiographie stalinienne, sobrement sous-titrée « Histoire de l’anarchisme » nous semble être un symptôme, mais aussi une des étapes, de cette liquidation. Au-delà des approximations, voire des contre-vérités historiques que ce documentaire véhicule, il s’agit de trouver une légitimation à ce courant révolutionnaire aux yeux du téléspectateur moyen, de la ménagère de moins de 50 ans, en somme, de le réhabiliter, en réécrivant une légende faite de héros et de martyrs, dans laquelle les épisodes de révoltes ou d’insurrections ne sont qu’une réponse « proportionnée » donc « excusable » aux attaques de l’État et du capital, qu’il faut comprendre au nom de ce que l’anarchisme a pu apporter de « constructif » pour ce monde. Dans cette réinterprétation lénifiante, ceux qui ont pu réellement vouloir le détruire, ce monde, ne sont plus que des fous dangereux, auquel on réserve une larme romantique et un peu de fantasme.
Nous avons déjà proposé deux moments de réflexion autour de cette question, le premier le 7 janvier dernier au cours duquel nous avons présenté et discuté la lecture critique que nous en faisons, le second le 5 mai en nous attachant plus précisément au traitement qu’il réserve à l’épisode de Haymarket Square (à Chicago en 1886).
Reprendre ce fil-là aujourd’hui, pour clarifier ce que cette lecture fait aux perspectives révolutionnaires qui ont vécu, c’est aussi pour nous un moyen de retrouver le fil de ces pratiques subversives, de détruire le mausolée dans lequel cette historiographie télévisuelle du dimanche après-midi (façon Michel Drucker) cherche à les enfermer, pour retrouver ce qu’elles peuvent apporter de vivant à notre triste présent. Comme les précédentes discussions, il s’agira plutôt d’une séance de travail ouverte et publique, appuyée sur le visionnage d’extraits du documentaire.

Funny Games

Michael Haneke (version US) – 2008 – 1h51

Mercredi 6 mars à 19h30

A quoi peut ressembler le jeu, une fois que s’évanouissent les limites du réel et de la fiction ? D’après une étude menée par Funny Games US, à des choses assez peu réjouissantes…
L’histoire racontée par le film n’a rien d’exceptionnel : des bourgeois américains en villégiature passent sous la coupe de deux tortionnaires visiblement décidés à leur faire passer un sale quart d’heure, par pur plaisir. Mais le ludique est ailleurs, et le spectateur n’est pas au monde : c’est la raison pour laquelle il devra subir sa propre torture, celle de n’être ici qu’un voyeur réclamant plus de jeux que de pain. Nos deux tortionnaires lui feront bien comprendre que c’est lui qui mène la danse, et qu’il aura tout le divertissement qu’il a cherché. Au menu : humiliations, tortures et meurtres, tous plus raffinés les uns que les autres.
Mais le sadisme supposé du spectateur est aussi celui, avéré, des tortionnaires. Brisant le quatrième mur, ils sont symboles de la rupture des limites entre la fiction et la réalité. Ils sont aussi l’image de l’ennui grand-bourgeois : jeunes, polis, propres sur eux, le tout en gants de golf. Leur seule occupation semble être de vaquer de maison en maison pour reprendre indéfiniment leurs « jeux » sadiques.
Funny Games US peut alors être l’occasion de se demander ce que peuvent devenir ceux qui s’ennuient, dans une société où tout est possible, mais où rien n’est permis : le type de structures psychologiques que cette société peut produire, et comment penser et œuvrer à l’ouverture des possibles, sans devenir soi-même un tortionnaire en gants blancs…

Mad Max Fury Road

George Miller – 2015 – USA (vost) – 2h

Mercredi 20 février 19h30

Max, un ancien flic devenu cavalier solitaire, poursuivi par ses vieux démons, erre dans des étendues désertes après la destruction du monde par une guerre nucléaire. Fury Road est le quatrième film de la saga Mad Max devenue culte pour avoir popularisé le genre post-apocalyptique. Contrairement aux films de Kaiju qui nous montre sa destruction, le film nous place ici après la destruction du vieux monde. Nous avions déjà abordé ce genre cinématographique lors de la projection de Nausicaä film d’animation de Hayao Miyasaki. L’univers de Mad Max où la lutte pour la survie est permanente. est poussiéreux, hostile, punk et violent. La domination et le pouvoir s’exercent ici par le contrôle des ressources telles que l’eau, le pétrole mais aussi par l’asservissement total des femmes qui sont traitées en instrument de reproduction. Ce pouvoir est incarné dans le film par le personnage d’Immortan Joe, chef de guerre et gourou de l’oasis. Le film est une course poursuite dantesque de 2h, une fuite en avant contre la passivité. Furiosa, ex bras-droit d’Immortan Joe, part avec un groupe de femme, est pourchassé par ce dernier, qui les gardait captive. Elles fuient vers un lieu inconnu qui semblerait être le paradis. Le film est une ode à la liberté où la révolte est la seule solution pour s’émanciper et lutter concrètement, par le poignard et le fusil, contre ce qui domine les personnages qui ne gagneront rien à s’en remettre à un éventuel ailleurs.

Programme de décembre 2018 à février 2019

Télécharger le programme de décembre 2018 à janvier 2019 pour impression, et plier en 4 (format avion en papier).

  • Permanences : samedi 16h – 19h
  • Ciné-club : mercredi 19h30
  • Groupes de lecture : dimanche – 16h

Edito :

Gilet jaune, chasuble rouge, K-way noir ? C’est quoi la tendance cet hiver ?

 

L’essence est trop chère, les loyers, le chauffage et la bouffe aussi, c’est sûr, sans même parler du ballon de rouge. Il a raison, Jojo, c’est de pire en pire et ça commence à bien faire. Et puis c’est quand même délirant qu’un cadre moyen ou un petit commerçant vive aussi mal qu’un RSAste, alors qu’il bosse, lui, et tout ça pendant que certains s’en mettent plein les poches, les petits patrons sont exangues et on se fait manger la laine sur le dos. Et puis voilà qu’on vote une loi pour nous empêcher de taper nos mômes.

Moi aussi, je suis contre les lois. Vas-y Jojo, mets ton gilet jaune, je mets mon K-Way, on va niquer un radar. »

et pas autre chose ?

Les gilets jaunes manifestent et cassent, mais pour l’instant en tout cas, pas en semaine, bloquent les circulations mais pas l’économie. Quelque chose se passe, c’est sûr, mais avant de se jeter à corps perdu sur les rond points, péages et centres d’impôts de France et de Navarre, ne faudrait-il pas essayer de le comprendre? Les signaux d’alertes semblent ne plus fonctionner (et pourtant, il y en a…) et la radicalité (et les fantasmes qui l’entourent) court comme un canard sans tête pour servir de boussole aveugle. On propose, samedi 15 janvier, de prendre un moment pour faire le point sur ce « mouvement des gilets jaunes », sur la tentation d’y intervenir, et plus largement sur la question de savoir si c’est bien un « mouvement social de droite », ce que cela change et si cette notion a un sens et lequel.

C’est comme s’il manquait quelque chose, du sens peut-être, au moins d’orientation, comme si on avait jeté tout le lest, comme si on avait fini par oublier pourquoi on est là. C’est peut-être d’abord ça, la post-modernité : une période de liquidation, qui nous laisse dans un vide dont on peine à sortir, et qui se remplit très vite de tous les rebuts des périodes précédentes en se berçant d’illusion sur leur nouveauté. On interrogera la question des identités par exemple, qu’elles soient politiques, nationales, existentielles, populaires, socio-biologisées, sructémiques et systémelles, de « classe », de « race » ou de « genre », à petite ou grande échelle, de leur retour sous de nouveaux habits (qu’ils soient noirs, rouges ou jaunes) et du vide qu’elles viennent combler (le 8 février).

On essaiera aussi un petit retour en arrière, pour commencer à comprendre ce qu’on est en train de perdre alors que s’achève la liquidation de 68, et en voyant comment, y compris avec toutes les bonnes raisons du monde, c’est aussi, comme par mégarde, la perspective même de la révolution qu’on est en train d’achever (le 26 janvier). Dans la même optique, on poursuivra le travail entamé autour du documentaire Ni Dieu Ni maître (Tancréde Ramonet, Arte) en se demandant ce qui se liquide aussi du côté de cette réhabilitation de l’anarchisme aux yeux de l’Etat et de la bourgeoisie, comme dans un même mouvement (le 23 février). Et c’est sans doute le mouvement de normalisation et de pérennisation de ce monde qu’il nous faut combattre si on veut respirer à nouveau.

Et puis on essaiera de comprendre ce que ce monde promet, en échange de ce qu’il fait perdre et comment il nous gère au mieux en généralisant une conception gestionnaire qu’on pourrait appeler « assurantielle » parce qu’elle cherche avant tout à optimiser risques et profits, d’abord expérimentée sur les domaines de la répression et de la mise au travail, et qu’on est aujourd’hui invité à intégrer à nos vies, nos rapports, nos aspirations et nos amours (le 11 janvier). Certains auteurs et diffuseurs de guide pratique sécurisants devancent d’ailleurs d’une certaine manière cet appel.

Pour continuer à essayer de comprendre ce qui nous arrive, et de s’armer pour y faire face, un programme donc autour de ce que notre époque liquide, de ce qui la rend inhabitable, pour trouver des pistes et des moyens d’en sortir.

  • Tous les mercredi à 19h30, on projettera des films dans le but d’en discuter et d’alimenter un souffle révolutionnaire qui en a tellement besoin. On rencontrera des enfants, des gros monstres, des clochards qui explosent et autres curiosités anormales et propices à la réflexion et à la discussion.
  • Pendant les permanences, le samedi de 16h à 19h on peut se rencontrer, parler de ce qui se passe, discuter du projet, proposer des initiatives diverses, faire part de remarques variées, se procurer des publications qu’on diffuse, en emprunter, en apporter pour la bibliothèque ou en proposer pour la diffusion…
  • Dans les groupes de lectures, le dimanche à 16h00, on lira une fois sur deux un texte long qui se poursuivra de séance en séance, l’autre fois permettra de lire des textes courts qu’on choisira sur le moment en fonction des propositions qui seront faites sur place (on peut donc venir avec les siennes).