Télécharger le programme de décembre 2018 à janvier 2019 pour impression, et plier en 4 (format avion en papier).
- Permanences : samedi 16h – 19h
- Ciné-club : mercredi 19h30
- Groupes de lecture : dimanche – 16h
Edito :
Gilet jaune, chasuble rouge, K-way noir ? C’est quoi la tendance cet hiver ?
— L’essence est trop chère, les loyers, le chauffage et la bouffe aussi, c’est sûr, sans même parler du ballon de rouge. Il a raison, Jojo, c’est de pire en pire et ça commence à bien faire. Et puis c’est quand même délirant qu’un cadre moyen ou un petit commerçant vive aussi mal qu’un RSAste, alors qu’il bosse, lui, et tout ça pendant que certains s’en mettent plein les poches, les petits patrons sont exangues et on se fait manger la laine sur le dos. Et puis voilà qu’on vote une loi pour nous empêcher de taper nos mômes.
— Moi aussi, je suis contre les lois. Vas-y Jojo, mets ton gilet jaune, je mets mon K-Way, on va niquer un radar. »
… et pas autre chose ?
Les gilets jaunes manifestent et cassent, mais pour l’instant en tout cas, pas en semaine, bloquent les circulations mais pas l’économie. Quelque chose se passe, c’est sûr, mais avant de se jeter à corps perdu sur les rond points, péages et centres d’impôts de France et de Navarre, ne faudrait-il pas essayer de le comprendre? Les signaux d’alertes semblent ne plus fonctionner (et pourtant, il y en a…) et la radicalité (et les fantasmes qui l’entourent) court comme un canard sans tête pour servir de boussole aveugle. On propose, samedi 15 janvier, de prendre un moment pour faire le point sur ce « mouvement des gilets jaunes », sur la tentation d’y intervenir, et plus largement sur la question de savoir si c’est bien un « mouvement social de droite », ce que cela change et si cette notion a un sens et lequel.
C’est comme s’il manquait quelque chose, du sens peut-être, au moins d’orientation, comme si on avait jeté tout le lest, comme si on avait fini par oublier pourquoi on est là. C’est peut-être d’abord ça, la post-modernité : une période de liquidation, qui nous laisse dans un vide dont on peine à sortir, et qui se remplit très vite de tous les rebuts des périodes précédentes en se berçant d’illusion sur leur nouveauté. On interrogera la question des identités par exemple, qu’elles soient politiques, nationales, existentielles, populaires, socio-biologisées, sructémiques et systémelles, de « classe », de « race » ou de « genre », à petite ou grande échelle, de leur retour sous de nouveaux habits (qu’ils soient noirs, rouges ou jaunes) et du vide qu’elles viennent combler (le 8 février).
On essaiera aussi un petit retour en arrière, pour commencer à comprendre ce qu’on est en train de perdre alors que s’achève la liquidation de 68, et en voyant comment, y compris avec toutes les bonnes raisons du monde, c’est aussi, comme par mégarde, la perspective même de la révolution qu’on est en train d’achever (le 26 janvier). Dans la même optique, on poursuivra le travail entamé autour du documentaire Ni Dieu Ni maître (Tancréde Ramonet, Arte) en se demandant ce qui se liquide aussi du côté de cette réhabilitation de l’anarchisme aux yeux de l’Etat et de la bourgeoisie, comme dans un même mouvement (le 23 février). Et c’est sans doute le mouvement de normalisation et de pérennisation de ce monde qu’il nous faut combattre si on veut respirer à nouveau.
Et puis on essaiera de comprendre ce que ce monde promet, en échange de ce qu’il fait perdre et comment il nous gère au mieux en généralisant une conception gestionnaire qu’on pourrait appeler « assurantielle » parce qu’elle cherche avant tout à optimiser risques et profits, d’abord expérimentée sur les domaines de la répression et de la mise au travail, et qu’on est aujourd’hui invité à intégrer à nos vies, nos rapports, nos aspirations et nos amours (le 11 janvier). Certains auteurs et diffuseurs de guide pratique sécurisants devancent d’ailleurs d’une certaine manière cet appel.
Pour continuer à essayer de comprendre ce qui nous arrive, et de s’armer pour y faire face, un programme donc autour de ce que notre époque liquide, de ce qui la rend inhabitable, pour trouver des pistes et des moyens d’en sortir.
- Tous les mercredi à 19h30, on projettera des films dans le but d’en discuter et d’alimenter un souffle révolutionnaire qui en a tellement besoin. On rencontrera des enfants, des gros monstres, des clochards qui explosent et autres curiosités anormales et propices à la réflexion et à la discussion.
- Pendant les permanences, le samedi de 16h à 19h on peut se rencontrer, parler de ce qui se passe, discuter du projet, proposer des initiatives diverses, faire part de remarques variées, se procurer des publications qu’on diffuse, en emprunter, en apporter pour la bibliothèque ou en proposer pour la diffusion…
- Dans les groupes de lectures, le dimanche à 16h00, on lira une fois sur deux un texte long qui se poursuivra de séance en séance, l’autre fois permettra de lire des textes courts qu’on choisira sur le moment en fonction des propositions qui seront faites sur place (on peut donc venir avec les siennes).