Michael Haneke (version US) – 2008 – 1h51
Mercredi 6 mars à 19h30
A quoi peut ressembler le jeu, une fois que s’évanouissent les limites du réel et de la fiction ? D’après une étude menée par Funny Games US, à des choses assez peu réjouissantes…
L’histoire racontée par le film n’a rien d’exceptionnel : des bourgeois américains en villégiature passent sous la coupe de deux tortionnaires visiblement décidés à leur faire passer un sale quart d’heure, par pur plaisir. Mais le ludique est ailleurs, et le spectateur n’est pas au monde : c’est la raison pour laquelle il devra subir sa propre torture, celle de n’être ici qu’un voyeur réclamant plus de jeux que de pain. Nos deux tortionnaires lui feront bien comprendre que c’est lui qui mène la danse, et qu’il aura tout le divertissement qu’il a cherché. Au menu : humiliations, tortures et meurtres, tous plus raffinés les uns que les autres.
Mais le sadisme supposé du spectateur est aussi celui, avéré, des tortionnaires. Brisant le quatrième mur, ils sont symboles de la rupture des limites entre la fiction et la réalité. Ils sont aussi l’image de l’ennui grand-bourgeois : jeunes, polis, propres sur eux, le tout en gants de golf. Leur seule occupation semble être de vaquer de maison en maison pour reprendre indéfiniment leurs « jeux » sadiques.
Funny Games US peut alors être l’occasion de se demander ce que peuvent devenir ceux qui s’ennuient, dans une société où tout est possible, mais où rien n’est permis : le type de structures psychologiques que cette société peut produire, et comment penser et œuvrer à l’ouverture des possibles, sans devenir soi-même un tortionnaire en gants blancs…