Soirée de soutien à Tameio (Athènes) et discussion autour des luttes à l’intérieur des prisons en Grèce

PDF du flyer au format A5

Jeudi 12 octobre 2017 à 19h

En présence de compagnons de la Caisse de Solidarité avec les Compagnons Emprisonnés et Poursuivis (« Tameio ») d’Athènes, nous aurons l’occasion de discuter des modalités de défense collective face à la répression, de revenir sur les procédures en cours contre des révolutionnaires, et notamment celles construites autour de la nouvelle loi anti-terroriste du gouvernement Syriza, ainsi que d’en apprendre davantage sur les luttes en cours à l’intérieur des prisons grecques, qui, vues d’ici, sont massives. On pourra également revenir sur l’expérience enrichissante du Réseau de Prisonniers en Lutte (DAK), entres autres, dans la lutte contre les nouvelles prisons de haute sécurité (de « type C »), et sur l’affaire dite du double braquage de Velvento/Kozani en 2013 contre une dizaine d’anarchistes. On trouvera des suggestions de lecture sur le contexte des luttes anarchistes et anti-carcérales en Grèce sur le blog de la bibliothèque.

Les dons effectués lors de cette soirée seront reversés à la caisse de solidarité.

On pourra trouver les deux brochures suivantes à la bibliothèque :

Et consulter les liens suivant pour plus d’informations :

White God – mardi 17 octobre 2017

Mardi 17 octobre 2017 à 19h

White God – Kornél Mundruczó – VOST (hongrois) – 2014 – 2h

Dans un contexte qui a toutes les caractéristiques du génocide racial, de sa logique gestionnaire et concentrationnaire à la création de figures stéréotypées en passant par la fabrication de l’oubli même de ce génocide, White God nous raconte l’histoire d’amitié entre une inadaptée et un exclu pour nous interpeller sur des questionnements bien plus généraux. Il nous offre également le récit étonnant d’une insurrection urbaine canine, dans laquelle la main qui nourrit est enfin mordue, et dans laquelle on voudrait abolir les races et donc la bâtardise et les séparations/hiérarchies entre exploités qu’elles produisent.
Car s’il fait écho à la situation politique hongroise, le film s’en saisit pour nous parler plus largement d’exploitation et d’aliénation, qu’elles soient institutionnelles ou interindividuelles, légales et officielles ou illicites et « alternatives ». Ainsi Lili, une jeune fille, ne trouve sa place dans aucun des deux mondes qui lui sont proposés et Hagen, un chien, se voit autant exploité par l’Etat que par des voyous. On constate que tous les rapports interpersonnels au sein de ces sphères qui se voudraient opposées reproduisent les mêmes schémas utilitaristes. Musicalement baigné dans les notes de la deuxième rhapsodie hongroise de Liszt, le film fait évoluer la signification de celles-ci à mesure que l’on découvre la réalité du monde. Tout d’abord apaisantes, elles deviennent rapidement celles de la normalisation, de l’autorité et de la coercition avant de représenter dans une version cartoonesque, comme une mauvaise blague, l’horreur d’un système. À ce morbide tableau le film oppose la camaraderie entre chiens opprimés, la nécessité de la vengeance et son dépassement par la révolte joyeuse. De nombreuses questions propres au processus de révolte sont abordées au cours du film, et si la scène finale devait ne nous en poser qu’une ce serait celle-ci : La reconnaissance des revendications spécifiques par l’autorité doit-elle pour autant arrêter le mouvement de révolte qui en est né ?

La non-mixité en question (2)

Samedi 21 octobre 2017 à 19h

Format PDF

Lors d’une première discussion, la question de la non-mixité — vue ici comme une idéologisation d’états de faits qui ont effectivement existé dans les luttes, sans nom ou sous un autre — a été ouverte. Il s’agissait entre autres de cerner ce qui différencie l’auto-organisation et la non-mixité, alors même que cette dernière se revendique parfois de la première. Cette réflexion se conçoit comme un travail à poursuivre, ici ou ailleurs, sous divers angles, par des débats, des textes, des discussions publiques, etc. Pour continuer, nous proposons d’ores et déjà une deuxième occasion d’en débattre le 21 octobre 2017, avec pour projet d’aborder plus précisément divers exemples historiques de formes d’auto-organisation souvent assimilées (aujourd’hui, donc a posteriori) à de la « non-mixité » et qui pourtant ne se sont pas pensées et théorisées comme telles, comme les Mujeres Libres en Espagne, les luttes indigènes (dans le vrai sens du terme) contre la colonisation ou les « collectifs autonomes » de sans papiers au milieu des années 90 en France. On commencera aussi à discuter de l’exemple cité comme un mantra — malgré sa complexité historique et sociale — par certains des plus radicaux dans la défense de la non mixité : le Black Panther Party.

Comme la première fois, il ne s’agira pas d’épuiser la question mais bien plutôt de poursuivre une proposition de réflexion dont chacun doit pouvoir se saisir, quel que soit le positionnement sur la question. Il n’est pas nécessaire d’avoir participé à la première discussion.
On pourra lire le texte d’appel ici, une brochure réalisée pour l’occasion là, ainsi qu’une contribution à la discussion.

Septembre 2017 aux Fleurs Arctiques

Programme de septembre 2017 – format PDF

Débats

Permanences

Les permanences ont lieu tous les samedis de 16h à 19h, elles sont suivies d’une projection libre les samedis 9 et 23 à 18h, où vous pourrez venir avec des propositions de films… et les films en question.

Groupes de lecture

Les groupes de lecture ont lieu tous les dimanches de 15h à 17h. Nous continuerons avec « Dieu et l’État » de Bakounine les dimanches 10 et 24, et on pourra choisir ensemble un texte court le dimanche 17.

Ciné-club

Les ciné-clubs ont lieu les jeudis 14 et 28 à 19h30.
– Le jeudi 21 sera projeté Tetsuo (1988) de Shinya Tsukamoto.
– Le jeudi 28 sera projeté La vie de Brian (1979) des Monty Python.

La non-mixité en question : Être en lutte ou être lutte ?

Format PDF

Dimanche 17 septembre à 19h  

La non-mixité est une proposition politique née dans certains courants du féminisme. Il s’agit, dans un paradoxe qui pose déjà question en lui-même, de s’organiser entre soi sur la base d’une catégorisation à laquelle on est censé s’opposer. S’organiser « entre femmes » serait par exemple la solution pour s’opposer aux formes de domination liées à la séparation des genres, alors qu’on contribue ainsi à l’instituer. La généralisation de lectures identitaires étend de nos jours son acception à toutes formes d’identité qui chacune justifierait sa forme d’organisation non-mixte dans une optique de différentiation et de séparation. Cette proposition politique pourrait être vue comme une dégénérescence de la pratique de l’auto-organisation, qui, dans un contexte de lutte (dont la non-mixité n’aurait pas besoin puisqu’elle fait lutte en soi et pour soi), propose le refus de l’organisation de la lutte par d’autres que ceux qui la mènent. D’ailleurs c’est parfois toute l’histoire des luttes des dernières décennies et de leur recherche d’autonomie qui se retrouve réduite au prisme de cette lecture. Quand les uns ou les autres s’organisent en collectif de manière autonome, certains parlent alors de « non-mixité ouvriers », de « non-mixité chômeurs », voire de « non-mixité squatters » et on naît « premier concerné » avant même d’avoir l’idée de se révolter ou de lutter. Continuer la lecture de « La non-mixité en question : Être en lutte ou être lutte ? »

Les révolutionnaires, entre la politique et l’« insouci »

Mercredi 27 septembre à 19h

Discussion à partir de Les libertaires et la politique, André Prudhommeaux

Quelle attention prêter au monde qui nous entoure et à ceux qui l’habitent quand on est révolutionnaire ? Le risque de se perdre dans la politique et ses tactiques à courte vue doit-il conduire au choix finalement confortable de s’en « insoucier » ? Doit-on garder les yeux rivés sur la résolution pure et parfaite des problèmes posés par ce monde ; et ce, au nom de principes jamais mis à l’épreuve de la réalité et de sa complexité ? A l’inverse, se soucier du monde signifie-t-il qu’on doive se perdre dans les méandres du pragmatisme et courir comme un canard sans tête après chacune des circonvolutions de l’actualité en se convaincant que le grand soir est à la porte de chaque soubresaut ? C’est la réflexion que propose André Prudhommeaux en 1954 dans le texte à partir duquel nous proposons de discuter. Au-delà même de poser les deux extrêmes de ce continuum, il émet l’hypothèse que ces deux positions, en apparence opposées, se révèlent être les deux faces d’une même pièce. Il montre comment, face à des événements inouïs, ces attitudes peuvent s’entendre, voire se compléter ou s’inverser.
Alors il propose la perspective d’un « juste milieu » entre ces deux pôles, d’une distance au monde qui serait la bonne pour lui prêter attention sans s’y perdre ni s’y adapter, pour construire ce qu’il nomme joliment « une anti-politique clairvoyante ». Etre à la fois dans et contre ce monde sans se réfugier dans une manière d’être contre illusoire qui nous en sépare et interdit toute possibilité d’effectivité à nos interventions et toute pertinence à nos analyses.
Cette question ne cesse de se poser, différemment selon les époques et les caractéristiques du mouvement révolutionnaire : elle est au fondement même de la question de l’intervention. Elle est cruciale dans une époque comme la nôtre. Si, en d’autres temps, c’est l’activisme politique qui triomphait au dépend des perspectives révolutionnaires, aujourd’hui, des attentats de Daech à l’emprise grandissante de la norme et de la morale religieuse, la tentation de préférer persévérer dans son être révolutionnaire construit en chambre, en dépit de tout, plutôt que d’affronter les enjeux de l’époque est très présente. Car en effet chercher à se mettre à la hauteur des enjeux actuels, quitter « l’insouci », c’est sans doute quitter un certain confort, ouvrir des questionnements dont nul ne connaît ni l’ampleur, ni la fin, et que personne ne peut prétendre maîtriser dans tous les sens du terme. C’est prendre un risque véritable, sans lequel tout ce que nous pourrons tenter restera inévitablement vain. Pourtant, la perspective révolutionnaire de la liberté pour tous nécessite de prêter attention au monde qui nous entoure et à ceux qui l’habitent. C’est de cet équilibre fragile et encore à trouver que nous souhaitons discuter.

Cliquer ici pour lire le texte.

Tetsuo de Shinya Tsukamoto – 1988 – 67 min – Japon – Vost

Jeudi 21 septembre 2017 à 19h30

Sorti de l’imaginaire fertile de Shinya Tsukamoto, cette tempête esthétique à la fois hystérique, éprouvante et jouissive est aujourd’hui considérée à raison comme le plus beau joyau du cinéma underground japonais et du dit « cyberpunk ». On y raconte l’histoire d’un homme qui, après un accident de voiture, voit son corps muter en une sorte d’aimant ramassant tous les détritus métalliques de la société, comme une décharge vivante, mouvante, pensante et torturée par sa condition. C’est le récit de la transformation physique du corps humain face aux nouvelles technologies, de corps qui s’atrophient jusqu’à intégrer des cellules de synthèses au sein de leurs cellules organiques, pour finir par devenir robots. La technologie est ici objet de désir sexuel, on se l’insère, tout en étant porteuse de fin de l’humanité (mais pas forcement des humains). Métaphore de la rapidité rêche du capitalisme et de la monstruosité industrielle, fascination érotique et philosophique pour les modifications corporelles (à la manière de David Cronenberg), ode à la déviance, le film est une expérience formelle, avec son noir et blanc, ses collages, sa légendaire bande son industrielle, son montage expérimental et ses maquillages iconiques, Tetsuo fait donc réfléchir aux processus de machinisation de l’être humain, à sa déshumanisation, ou à l’humanisation de la machine. La douleur psychologique inhérente à la vie humaine est ici remplacée par la douleur physique. La sexualité n’est plus plaisir mais douleur. Le golem de métal doit souffrir pour devenir une machine et se débarrasser de lui-même dans un japon surpeuplé et mécanisé ou rien d’autre ne l’attend qu’une vie de salary man tokyoïte. Tetsuo fait face à la décrépitude de la condition humaine de façon déconcertante sous un regard nihiliste, expérimental et enragé. Un film furieux, bruyant, beau, sur lequel nous pensons qu’il sera intéressant de bavarder après une respiration.

Juillet/août 2017 aux Fleurs Arctiques

Les Fleurs Arctiques n’hibernent pas l’été. La bibliothèque reste donc ouverte, mais avec un fonctionnement adapté à la période estivale.
Pour les mois de juillet et août, les permanences ont lieu tous les jeudi de 16h à 19h, et chacune sera suivie d’une projection. Les groupes de lecture du dimanche ainsi que le travail en cours autour de la bibliothèque se poursuivent, n’hésitez pas à nous aider à la fournir davantage, ou à venir lors des permanences emprunter ou lire sur place.

Ciné-club
Les premiers et troisièmes jeudi du mois, on poursuivra le cycle sur la famille et sa critique. Avec Just a kiss, on a déjà vu comment, avec toutes les finesses du chantage affectif implicite ou brutal qui la caractérise, elle pouvait être un rouage du repli communautaire ; se contentant d’opposer à la norme majoritaire une autre norme qui contribue aussi au maintien des choses telles qu’elles sont et à ce que chacun reste à sa place dans la société. Avec Massacre à la tronçonneuse et Carrie, on a pu constater des versions plus extrêmes et assurément pathogènes du fonctionnement familial, mais aussi, de manière paradoxale parfois, des voies qui peuvent s’ouvrir pour s’en libérer. Le cycle sur la famille continue donc cet été avec les films Bernie, Virgin Suicides, Old Boy et The Devil’s Reject.
Les seconds et quatrièmes jeudi auront lieu des séances ouvertes à vos propositions : venez donc avec des films dont vous pensez qu’ils ont un intérêt à être regardés et discutés ensemble, quel que soit leur thème et sur n’importe quel support (VO). Les projections précédentes ont toutes montré qu’il était possible d’élaborer ensemble des réflexions intéressantes à partir de supports cinématographiques dans un cadre d’ouverture intellectuelle et de créativité.

Groupes de lecture :
Ils continuent tous les dimanche de 15h à 19h. Le prolifique groupe de lecture n°1 autour de Dieu et l’État de Bakounine, débuté le 21 mai, reprendra en septembre pour laisser place à une forme estivale expérimentale moins engageante et plus ponctuelle. Nous proposons donc pour l’été de lire ensemble un texte court à chaque séance. Il y a de quoi faire à la bibliothèque mais n’hésitez pas à venir avec les dernières productions qui vous semblent intéressantes à lire et/ou à critiquer (VF).

Permanences :
Lors des permanences de juillet à août (tous les jeudi de 16h à 19h) vous pouvez également venir avec vos préoccupations actuelles ou inactuelles, avec des nouvelles d’ici ou d’ailleurs ou des questionnements de tous ordres. On pourra aussi envisager des propositions pour l’été ou la rentrée, ou poursuivre plus informellement les discussions intéressantes menées lors du dernier débat autour de la critique de l’anti-racisme dit « politique » et de la confessionalisation des questions sociales. On y trouvera également informations et matière à réflexion à propos de l’affaire « Machine à expulser » et de ses suites, et se procurer le dossier Le Vaisseau des Morts à Brulé, à propos de luttes et de révoltes à l’intérieur et à l’extérieur des centres de rétention, de la solidarité avec les inculpés de l’incendie du CRA de Vincennes, des répressions qui s’ensuivirent et d’autres choses, 2008 – 2013, déjà disponible en ligne et ajouté à la distribution.

La bibliothèque sera cependant fermée la semaine du 21 au 27 août. La révolution ne prend pas de vacances, mais les Fleurs Arctiques, qui ont toujours besoin de soutien, ne sont pas aussi exemplaires.

Jeudi 3 août – 19h : Old Boy de Park Chan-Wook (2003)

« Même si je ne vaux pas mieux qu’une bête, pourquoi ne mériterai-je pas de vivre ? »

Cette phrase est la première que Oh Dae-su entend après 15 ans de détention. Elle n’aura de cesse de résonner tout au long de sa quête de vengance et de vérité.

Enlevé dans des circonstances
énigmatiques puis relaché sans raison
apparante, ce père de famille accusé du meurtre de sa femme et ayant perdu tout espoir de retrouver sa fille semble pris dans l’engrenage d’une vengeance qui lui échappe. Comment interpréter tous ces indices qui donnent à sa nouvelle vie un goût de jeu de piste ? Qui est cette jeune fille qui se promet à lui dès leur première rencontre ?

Ce « monstre social » va remonter de force le fil de ses souvenirs et apprendre à ses dépends que la pression sociale et les normes qu’elle implique peuvent être d’implacables machines à broyer l’individualité. La mort, le mensonge et l’oubli sont ici les seules issues pour ceux qui, en spectateurs de leur vie, se laissent emprisonner par la « normalité » et refusent d’en questionner les fondements.

Libre interprétation du Comte de Montecristo, que ne renierait ni Sophocle ni Tarantino, ce récit invite évidement à une reflexion sur la vengance mais également sur l’enfermement – qu’il soit physique, psychique ou social – et l’impossibilité de composer soi-même la musique de son existence dans un monde qui semble imposer une partition funeste et implacable.

Jeudi 20 juillet – 19h : Virgin Suicides de Sofia Coppola (1999)

Les sœurs Lisbon vivent dans une banlieue bourgeoise du Michigan sous la coupe d’une mère autoritaire et d’un père effacé. En ce milieu des année 70, le déclin inévitable de l’industrie automobile et une pollution croissante fait planer sur cette ville un air de plus en plus irrespirable.

C’est dans ce contexte que le film, entièrement tendu vers l’inévitable mort de la fratrie, commence par la tentative de suicide manquée de Cecilia, la plus jeune des cinq sœurs, sans que soit donné de raison apparente à ce geste. L’intransigeance toute protestante des parents se relâche et ils tentent d’offrir un semblant de vie sociale à leurs filles.

Tout au long du film, un faisceau de détails intimes compose autour des jeunes filles une réalité étouffante à laquelle elles tentent d’échapper sans jamais y parvenir. Tout comme les arbres de la ville que l’on abat avant qu’ils ne meurent, ces soeurs vont inconsciemment trouver dans le suicide la seule porte de sortie d’un quotidien atone de plus en plus toxique dont elles laissent le dépérissement à leur entourage.