Tous incompétents. S’organiser contre le travaillisme et la loi plein emploi

Vendredi 5 avril 19h30

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Face à la création de France Travail, suppôt de la bataille pour l’ordre et l’emploi souhaitée par le gouvernement actuel, il est temps de s’insurger pour toujours mieux tirer au flanc. On nous menace davantage de perdre nos indemnités, d’être forcés d’accepter de sordides emplois en chantiers d’insertion, en intérim ou dans mille et une autres inventions du capitalisme précarisantes et aliénantes… on nous prend pour des créatures mobilisables selon les besoins présents du marché (en ce moment, c’est la sécu, le contrôle… et la sécu, en vue des JO) et éducables à coups de formation débilitantes… Non, on ne veut rien apprendre de ce monde de l’emploi, on ne veut pas de ces savoirs-êtres polis, soumis, ponctuels et gnagnagna, et surtout, on refuse la généralisation des 15h de travail hebdomadaire imposés aux RSAstes et à certains chômeurs. Il est temps de s’organiser pour apporter un peu d’air, de lutte et de liberté, contre l’étau de la mise au travail généralisée, contre le mythe du Plein Emploi, et contre le travaillisme, cette idéologie qui ne voit toute vie que sous le prisme de sa productivité et de son utilité sociale. Ne servons à RIEN et commençons à élaborer nos possibilités de refus le vendredi 5 avril à 19h30, à la bibliothèque des Fleurs Arctiques. On pourra partir de la proposition du tract « Tous incompétents » pour creuser des perspectives communes. Nous sommes tous et toutes concernés par les récentes réformes concernant les allocations, de la maternelle à la retraite, avec ou sans papiers.

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Programme de mars à mai 2024 à la bibliothèque des Fleurs Arctiques

 

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Pendant ce programme à la bibliothèque des Fleurs Arctiques, nous discuterons de la place de la fiction dans la pensée et la pratique révolutionnaire, de comment s’organiser contre le travaillisme et la loi plein emploi, de la critique du sport, des radios militantes et de comment faire face aux offensives réactionnaires dans les aires subversives.

Nous ferons également le démontage judiciaire de l’affaire Schwartzbard

Nous projetterons lors du ciné-club : L’Enfant sauvage, A dangerous method, Les Anges déchus, La Zone d’intérêt, Marie Reilley et Sick of myself

Les permanences auront lieues le jeudi de 16h à 18h et les groupe de lecture le dimanche à 16h30.

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A dangerous method

Mardi 2 avril 19h30

David Cronenberg, 2011, 99’

Dans le cadre d’un nouveau cycle de film autour de la toxicité (dans les rapports humains, dans les milieux sociaux, familiaux, dans les institutions…), nous proposons de regarder ensemble ce film de David Cronenberg qui s’attarde sur les débuts de la psychanalyse et qui nous jette en plein dans la tourmente du soin et de l’analyse d’autrui, alors que tout est encore expérimental et hypothétique en ce début de XXème siècle. C’est peut-être bien cette dimension expérimentale, porteuse de liberté et d’audace (autant théorique que pratique, autant dans la pensée de la psychologie et de l’inconscient que dans le rapport à cet autre souvent enfermé, mis sous camisole, réduit à l’asilaire) qui est en même temps ce qui fascine « dangereusement » jusqu’à parfois faire vaciller les limites de la relation thérapeutique. Que se passe-t-il quand le jeune psychiatre Carl Jung et sa patiente Sabina Spielrein deviennent amants, quand Carl Jung raconte ses rêves à son père théorique Sigmund Freud mais que ce dernier refuse l’inverse, quand le maître et l’élève s’opposent sur la question de la mystique ? Qu’est-ce qui se joue dans le triangle mis en scène par Cronenberg et que pouvons-nous y voir de certains enjeux de la psychanalyse, en ces débuts comme maintenant ? Que sont des rapports soignants, des rapports d’écoute et d’émancipation, et qu’est-ce qui fait au contraire basculer dans des rapports aliénants et toxiques ? La rencontre dans cette œuvre entre l’hypothèse psychanalytique de l’Inconscient et la puissance des images de cinéma met encore plus en lumière les rapports complexes entre le désir et la norme, entre la subversion souvent nécessaire au changement et la transgression souvent aliénée à la morale d’une époque (en l’occurrence, au début du XXème siècle, la morale est à l’idéal de la famille patriarcale, pieuse et ordonnée qui pèse lourd sur les désirs, rêves et fantasmes, tout ceci dans un contexte de guerres patriotes et nationalistes et de regain de l’antisémitisme).

Les Anges déchus

Mardi 23 avril 19h30

Wong Kar-wai, 1995, 96’

Dans un Hong Kong nocturne tentaculaire, seulement éclairé des lueurs phosphorescentes des néons et des fraises de cigarettes allumées dans des ruelles sombres, Wong Kar-Wai nous invite à une longue déambulation insomniaque dans les vies de personnages solitaires et aliénés. Un jeune tueur à gages désabusé veut quitter le métier après un dernier contrat, sa partenaire « nettoyeuse » le désire mais est condamnée à être oubliée par ce dernier, vivant dans l’ombre de ses passages répétés dans leur planque. Lors de son errance crépusculaire, il va croiser le chemin d’une jeune fille excentrique et paranoïaque au coin d’un bar, et d’un jeune muet insouciant, amateur de cinéma et de techniques de rémunération peu conventionnelles et vivant seul avec son père.
Comme dans beaucoup de films de Wong Kar Wai, les personnages funambules qui composent la narration décousue du film se croisent, subitement, fortuitement, au coin d’une rue, sans se dire un mot ou presque, renforçant par-là l’impression d’un grand labyrinthe urbain, où chacun vit sa débrouille, ses galères, sa solitude et sa recherche de connexions dans cette brume citadine, sans que cela n’empêche toutefois des moments de complicités réelles, encore ici souvent sans prononcer un mot. Une bande-originale mélancolique qui colle parfaitement à l’atmosphère, des effets visuels sublimes, et une impression continuelle d’une transe saccadée, déchirante mais profondément vivante, entre les lumières des échoppes de rues, des balles qui fusent, les sensations d’un trajet effréné en moto ou les gouttes d’une pluie battante sur le pavé hongkongais.
Un spleen survolté faits de moments envoutants des désirs de vie et de destruction de ces existences introverties, perdues dans une mégalopole asiatique qui les avale… mais qui n’empêche pourtant pas l’amour ni la poésie d’exister !

Du pain et des jeux ? Discussion critique du sport

Samedi 27 avril 18h

Les Jeux Olympiques de Paris approchent et avec ceux-ci, une offensive sécuritaire de grande ampleur : elle concerne les chômeurs (que l’on veut repousser vers l’emploi avec des contrôles de plus en plus durs, une mise en avant harcelante des métiers de la sécurité dont les formations sont quasiment les seules financées par la nouvelle instance de réemploi massif France travail) ; l’aménagement urbain, qui se dote de milliers de nouvelles caméras dont certaines utilisant la reconnaissance faciale ; et bien entendu toutes les personnes, dont beaucoup de sans-papiers sacrifiés au travail dans la construction des infrastructures nécessaires à la réalisation de ce projet d’union nationale. C’est un événement sportif où s’exprimera comme à tous les grands évènements de ce type un chauvinisme qui grandit inlassablement ces dernières années, dans un contexte de montée des tensions diplomatiques entre États (notamment des suites de la guerre en Ukraine).

La pratique du sport a explosé ces dernières années. On le retrouve partout, sur Internet, dans les affiches de pubs, à la télé, à l’école, en bas de chez soi dans les salles de sport qui ouvrent un peu partout, au taff, bref le sport semble conquérir l’espace public et cette conquête va avec la diffusion de la morale, des valeurs sportives intrinsèquement corrélées à celles du capitalisme.
Les pratiques physiques sous forme de jeu collectif prennent leurs origines dans la nuit des temps, mais depuis le XIXème siècle et la révolution industrielle, ces pratiques ont pris une dimension compétitive et concurrentielle où la performance et l’entretien du corps sain deviennent le centre de l’intérêt de la pratique et du jeu. On a appelé cette pratique le sport (le terme « sport » apparaît dans l’usage au XIXe siècle). Celle-ci s’accompagne d’une morale, d’un « esprit sportif », des « valeurs » dans lesquelles on trouve la discipline, la performance, le respect, la compétition, autant de « valeurs » qui s’accommodent parfaitement avec ce que le dieu-économie et l’État attendent de ceux qu’il sacrifient. Le sport sert de lieu de renforcement des stéréotypes sexistes et la panique morale récente autour de la place des athlètes trans ou intersexe montre que le sport est encore construit sur cette séparation, alimentée aussi, dans son versant vidéoludique : l’esport. Lors du XIXème racialiste, des JO nazis de 36, ou encore des combats de boxe lors de la ségrégation américaine la compétition sert également un discours raciste où se révélerait, dans la compétition la supériorité raciale blanche/aryenne. Le sport, ce sont aussi des belles histoires, des réussites individuelles et collectives qui prolongent le mythe du « self made man » au domaine physique et pas seulement entrepreneurial, c’est la mise à profit du corps des athlètes et de leurs performances par le capitalisme. L’exemple le plus marquant de ces dernières années étant probablement Michael Jordan, modèle par excellence de la réussite aux conditions de ce monde, dans le sport et dans l’entreprise.
Même si le sport a connu une place importante dès le XIXe siècle et encore plus au XXème siècle, il est flagrant que ces dernières années ce dernier prend une place centrale dans la gestion des corps sous le capitalisme, notamment par le biais du “bien être”. Socialement on le valorise, au travail, chez le médecin, dans les CV, à l’école, « faire du sport » est devenu une activité normale et valorisée comme on valorise le fait de ne pas boire ou de ne pas fumer, car l’adage antique « un esprit sain dans un corps sain » est passé de slogan publicitaire à norme sociale. La pratique sportive de haut niveau exerce d’ailleurs un contrôle de plus en plus strict sur les « excès » des sportifs afin de rentabiliser et maximiser les performances de leurs corps afin d’offrir un spectacle de performance toujours plus croissant. La figure du sportif est finalement celle d’un Stakhanov moderne, et les sportifs ne sont pas à blâmer plus que ceux qui les regardent.
Le développement du sport et sa diffusion de plus en plus large avec des salles ouvertes 24/7 pour permettre à tout le monde durant sa pause midi de pousser de la fonte pour oublier la dureté de son labeur va avec la restructuration du travail qui s’effectue depuis ces vingts dernières années. La prise en compte des « biens êtres » des travailleurs, de leur santé physique et mentale par leurs employeurs n’a que pour but de nous faire mieux accepter et digérer la soupe rance qu’ils nous font bouffer toute la journée. Le sport est un pacificateur social, de la prison aux banlieues post-émeutes, il est utilisé par le pouvoir comme moyen de canalisation de la rage et comme une imposition à chacun du devoir de se gérer comme un petit capital à maintenir en bonne santé pour rester productif. Mangez bougez, comme ça vous ne serez pas en arrêt maladie et continuerez à alimenter la machine économique…
Peut-on réellement aujourd’hui distinguer le sport de l’activité physique ? Existe-t-il une pratique sportive dénuée de toute la morale qui pétrit le sport ? Faut-il faire exister un sport non-compétitif ? La question que nous souhaiterions donc ouvrir avec cette discussion est comment s’attaquer au sport, à ses valeurs qui sont celles de ce monde que nous souhaitons voir disparaître.

La Zone d’intérêt

Mardi 7 mai 19h30

Jonathan Glazer, 2023, 105’

Le film suit la famille du commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss, qui mène une vie idyllique juste à côté du camp. Bien que le camp lui-même reste invisible, ses horreurs résonnent de façon continuelle à travers les bruits constants : des cris d’agonie, des ordres implacables et des exécutions brutales. Derrière les murs épais et les belles fleurs de leur maison familiale, le camp reste dissimulé. Nous observons cette famille sans aucune attache envers eux. Le commandant gère le camp comme une entreprise, obsédé par la rentabilité à fournir dans la mort tandis que sa femme aspire seulement à garder une belle maison. Le film, heureusement sans doute, ne cherche pas à mettre en scène une « complexité de l’histoire » avec une empathie pour les enjeux de vie familiale des nazis, le sujet est hors-champ.
Cette représentation de l’horreur soulève des questions importantes, qui ont déjà été discutés au sein de la bibliothèque : comment se constitue la mémoire de l’extermination des juifs lors de la seconde guerre mondiale, ou des autres génocides ? Faut-il montrer l’horreur ? Comment un film de fiction peut-il traiter d’une réalité aussi dure ? Peut-on même réussir à capturer à l’écran toute son atrocité ? Le rapport entre image et génocide a une longue histoire : l’image de propagande, l’image volée aux bourreaux comme résistance, l’image documentaire, l’image d’archive, l’image du témoignage, l’image cherchée, l’image qui ne suffit jamais, l’image oubliée. La discussion après le film permettra de nourrir ces discussions.

Discussion sur les radios militantes

Vendredi 10 mai 19h30

« La radio d’intervention n’est pas un but en soi, elle n’est qu’un moyen, un instrument parmi d’autres qui peut aider un processus à se développer, mais en aucun cas n’est capable à lui tout seul de le faire naître. La radio d’intervention est par principe éphémère, même si parfois le provisoire peut se prolonger, mais elle ne doit en aucun cas s’envisager comme permanente. La radio d’intervention se doit surtout d’intervenir… avant d’essayer d’être radiophonique. »
Extrait d’un texte de 1978, 1979 présenté dans la liasse 3 des Archives Getaway (Ecoutez la vraie différence, Radio Verte Fessenheim, Radio SOS Emploi Longwy et les autres…, Claude Collin, 1979, La pensée sauvage, pp. 113-118.)
L’outil de la prise de parole par la radio, sur les ondes, ou maintenant sur le web, fait partie des moyens d’intervention dans les luttes depuis le XXème siècle. On peut même dire que l’enjeu de l’utilisation de la radio a lui-même fait lutte à un moment de volonté de monopole étatique des ondes. Il a existé un mouvement de radios libres, en France, en Italie par exemple, et nombreuses sont les radios qui, dans les temps forts de l’autonomie, ont subi la répression du mouvement et ont surtout participé activement à certains débats, conflits de l’époque et aux luttes. Il nous semble intéressant de revenir dans une discussion publique sur cette histoire vivifiante et complexe. La multiplication des radios pirates, libres et alternatives a durant un temps permis d’intervenir en opposition aux discours révolutionnaires sclérosés autour de la figure de l’ouvrier qualifié du Parti Communiste, bien que cet outil fut aussi utilisé par le PC. A un certain point, les radios dans l’histoire militante et révolutionnaire sont indissociables des luttes partant des marges et minorités qui font exister jusqu’à présent un héritage de 68 et de l’autonomie. Mais aujourd’hui que le PC est dans son agonie (Dieu merci), contre quels mythes et discours majoritaires pouvons-nous intervenir par la radio ? Ne pourrait-on pas dire que la contestation de l’ouvrier traditionnel, travailleur et doté d’une bonne nationalité, par et depuis le point de vue de minorités dérangeant les normes ambiantes, est aujourd’hui récupérée par des porte-paroles de minorités qui sont tout autant écrasants que l’étaient les crocodiles du PC, par le prisme du « premier concerné » qui empêche le mélange protéiforme des existences en lutte ? L’intérêt premier des radios libres n’était-il pas de sortir enfin du champ de la représentation politique, et de pouvoir enfin donner la parole à des individus, à des marginaux, des inclassables, sans les associer à une ligne de sujet politique et de direction homogène ? Que peut-il y avoir de subversif dans un témoignage marginal, puisqu’il ne s’agit pas non plus de croire à une vertu absolue du témoignage en soi ? Que faire des récits de vie et des témoignages oraux ? Que peut recouvrir une parole libre dans une démocratie libérale où, au moins en théorie, les points de vue circulent ? Ça commence à faire déjà beaucoup de questions, il est temps de se les poser… Et de s’atteler à questionner notre rapport à l’information et à l’actuel. Quelles informations avons-nous intérêt à faire circuler par la radio, alors même que nous vivons dans une époque qui regorge de live, de podcasts, d’enregistrements et de captations journalistiques de médias dit « indépendants », la plupart du temps extérieurs à nos luttes, récupérateurs et souvent paralysants si ce n’est policiers ?
Nous pourrons lors de cette discussion revenir sur le passé des radios en s’appuyant sur la liasse 3 des archives getaway qui sera disponible (https://getaway.eu.org/IMG/pdf/liasse_3_radio_versionweb.pdf), et s’intéresser aux interventions radio présentes, notamment sur le web, à partir de la pertinence de l’utilisation de ce média par l’exemple de Radio Mad Max et de son émission « 35H de trop » (https://www.radiomadmax.xyz/). Cette dernière est née au sein d’un mouvement social (celui contre la réforme des retraites) en ayant tenté d’y intervenir par une critique élargie du travail, et a décidé de maintenir par la suite un live sur la plateforme Twitch un dimanche soir sur deux. On pourra questionner les enjeux et intérêts du live, les formats et projets liés à ce médium, et ses rapports aux luttes présentes et à venir, en présence du pirate de la radio, Max, et des maximonstres.

Marie Reilley

Mardi 21 mai 19h30

Stephen Frears, 1996, 108’

Le récit nous place du point de vue de la servante du très célèbre docteur Jekyll, Mary Reilly, qui vient d’être embauché au service du médecin dont la face sombre, Mr. Hyde commence à faire parler de lui dans les rues londoniennes. Ce film fantastique, dans le sens où le merveilleux fait irruption dans le réel sans que l’on sache vraiment s’il s’agit de merveilleux ou d’une vision hallucinée des personnages nous servira de support à diverses réflexions sur la figure du double, de la folie, du mensonge et de la perversion. Cette projection sera d’autant plus intéressante mise en perspective avec un autre film du programme, A dangerous method de Cronenberg. L’ambiance victorienne et le Londres embrumé accompagnant à merveille l’histoire délirante et revisitée de l’œuvre originelle de Robert L. Stevenson, le tout dans une bande originale des plus minimale et intrigante.

50 nuances de réaction : comment faire face aux offensives réactionnaires dans les aires subversives ?

Vendredi 24 mai 19h30

Les aires subversives semblent s’être dangereusement polarisées. Les défenseurs de la postmodernité et ceux qui la critiquent sans prendre garde aux risques, par inadvertance ou indifférence, aux soupes réactionnaires qu’ils servent, rendent compte de la même misère théorique et pratique qui assaillent les aires dites subversives et révolutionnaires. S’il nous semble primordial, afin de penser une perspective révolutionnaire conséquente, de lutter toujours contre ce que la post-modernité théorise et agite parfois (l’identitarisme, la morale, la culture du safe, le contrôle interpersonnel des comportements, le culte du ressenti individuel, les théories issues des milieux universitaires comme l’intersectionnalité, la défense d’une nouvelle normativité opposé à la précédente…), il nous faut bien faire le constat que certains en faisant cette critique sombrent dans la réaction qui charrie avec elle une autre forme de morale, une autre forme de norme, et qui ne subvertit rien du tout.
Il nous apparaît que le rôle des révolutionnaires est un rôle d’équilibriste qui ne doit pas perdre son fil, Nous pensons que c’est dans la critique, la nuance, l’intelligence collective et le maintien d’une perspective émancipatrice et d’exigences minimales, comme au moins ne jamais se retrouver aux côtés de la réaction et de l’extrême-droite, qu’il nous sera possible de sortir de cette confusion qui est bien le symptôme de notre époque.
Retrouvons-nous pour discuter de ce constat et de cette fausse aporie qui prend parfois les airs de chantages idéologiques et politiques, en nous demandant toujours comme apporter des perspectives et une critique révolutionnaire en ne cédant rien, ni à la gauche, ni à la droite, ni à toutes formes de réactions.

Sick of myself

Mardi 28 mai 19h30

Kristoffer Borgli, 2023, 97’

Signe, qui vit à l’ombre du succès de son petit copain, grand designer norvégien, prête à tout pour attirer l’attention sur elle et parvenir dans ce milieu artistique, décide de se rendre délibérément malade en mentant à tout son entourage. Cette maladie va la ronger, allant jusqu’à l’horrifique, et va la rendre désirable pour ce milieu. Ce film interroge sur le narcissisme des personnages, tous pris dans les rouages de la représentation permanente de soi, allant jusqu’à l’extrême perversité. Le film Sick of myself est le portrait du milieu de l’art contemporain, de la mode, une réflexion sur le mensonge, la mise en scène de soi sur les réseaux sociaux ici poussée à l’extrême.