Snowpiercer

 

 

 

 

 

 

 

Bong Joon Ho – VOSTFR ( Corée du Sud, USA ) – 126′

 

Dimanche 28 juillet à 19h

Suite au réchauffement climatique, l’idée du siècle a été trouvée : refroidir l’atmosphère de la terre. Malheureusement pour les habitants de la planète, sa mise en place a causé l’engèlement du monde rendant la vie sur celui-ci encore plus impossible qu’avant. Néanmoins, un train capable de résister à ce froid arctique et ne pouvant jamais s’arrêter a permis à certaines personnes de réchapper à cette glaciation. Comme on pouvait le prévoir, dix-sept ans plus tard, le train-train quotidien du monde d’avant semble lui aussi avoir atteint le « Transperce-neige ». A l’arrière du train sont entassés les billets 3ème classe que les 2ème classe contrôlent, punissent et affament aux demandes des 1ere classe. On suit alors Curtis qui, avec d’autres 3ème classe, va entamer un long périple de remontée du train et ce malgré les avalanches d’ennemis qui leur barreront la route. Le caractère Hollywoodien du film jette un froid sur l’histoire originale et ensevelit une partie de son propos, néanmoins les pistes (noires et rouges) de réflexion proposées par ce film post-apocalyptique restent encore à déblayer hors des sentiers battus.

Okja

 

 

 

 

 

 

 

Bong Joon Ho – 2017 -VOSTFR ( Corée du Sud, USA ) – 118′

 

Dimanche 4 août à 19h

Dans une ferme perdue dans les hauteurs des montagnes en Corée du Sud, Mija et son oncle prennent soin d’Okja, un Super Cochon créé génétiquement par la société Mirando Corporation, envoyé comme 25 de ses semblables dans des petites fermes aux quatre coins du monde. Dix ans plus tard, Okja est arrachée à sa maison pour devenir la mascotte de l’entreprise à New-York. Mija va alors entreprendre une quête pour retrouver son amie, dans laquelle elle va se heurter à différents obstacles : les divers agents de l’entreprise, qui tiennent à leur produit, mais aussi à des militants de l’ALF, qui souhaite tout autant, bien que pour différentes raisons, se servir de Okja à leurs propres fins de communication. Okja montre la brutalité au visage éco-friendly du capitalisme vert et les travers idéologiques de ceux qui prétendent la combattre.

 

Soleil Vert

Richard Fleischer – 1973 – VOSTFR (USA) – 93 min

 

Dimanche 11 août à 19h

Dans le futur distopyque de Soleil vert, la canicule est permanente, la population s’entasse dans les métropoles qui n’en finissent plus, et la quasi-totalité des ressources naturelle a été épuisée. Un brouillard verdâtre plane en permanence sur les errants qui traversent New York pour obtenir un morceau de « Soleil », une nourriture produite industriellement pour fournir au gros de la population un minimum de nutriments depuis que la production agricole est devenue une industrie de luxe, les ressources naturelles ayant été exploitées jusqu’à leur quasi-disparition. Dans ce monde à l’avant-garde de l’organisation de la survie, se nourrir est devenu la question de toutes les existences, depuis les classes les plus riches, à la recherche d’un morceau de viande ou d’un pot de fraise, jusqu’aux plus pauvres, attendant des heures chaque jour pour recevoir une portion de « Soleil ». C’est, sans surprise, le capitalisme pur style et la magouille gouvernementale qui règnent en maître sur tout ce petit monde, et qui tentent de trouver un énième moyen de gérer les nuisances qu’ils produisent. Ainsi d’une certaine façon, Soleil vert est-il le miroir grossissant – peut-être déformant – de notre propre monde, avec son industrie, ses politiciens, sa logique gestionnaire, sa dégradation permanente de tout, jusqu’au sel de nos existences.

 

Le Cabinet du Docteur Caligari

Robert Wiene – 1922 – VOSTFR ( Allemagne ) – 77′

 

Dimanche 18 août à 19h

Dans une ville aux ruelles spectrales, à mi-chemin entre la bourgade bavaroise et les dédales fantastiques d’une Metropolis, l’étrange halo des rayons et des ombres du décor plane sur la très bienséante cour qu’adressent Alan et Francis à Jane, fille du riche Dr Olsen. Pourtant, il faudra encore un ou deux meurtres et l’arrivée de Cesare le Somnanbule, réveillé puis exhibé par un certain Caligari, pour que le monde fragile des conventions bascule dans la folie.

Dans ce palais des images, où la nuit ne rime plus avec la quiétude bourgeoise du sommeil honnête, mais avec l’enlèvement d’une jeune fille sous la pleine lune, ou l’assassinat dans les recoins sombres des chambres et des impasses, la folie hésite entre deux visages : est-ce celle du monstre mélancolique, Cesare, et de son spectre, le suspect Caligari ? Ou bien celle de Francis, l’honnête prétendant, improvisé enquêteur et ultime rempart de la sûreté morale ?

A tout prendre, peut-être pourrions-nous passer du côté des ombres et fredonner : dans cette foire aux âmes brisées, où le vieux drame humain se joue, la folie m’a toujours sauvé et m’a empêché d’être fou…

Rouge comme le ciel

Cristiano Bortone – 2010 – VOSTF (Italie) – 96’

dimanche 9 juin à 19h

L’histoire, inspirée d’un fait réel, se passe en Italie au début des années 70. Un enfant devient accidentellement aveugle. Il va devoir quitter l’enseignement classique pour intégrer une école spécialisée tenue par l’église catholique. Refusant de devenir l’handicapé qu’on veut qu’il devienne, et en l’occurrence d’apprendre le braille, il va découvrir, dans un élan libérateur et amoureux, un rapport au monde, aux sensations et à leur expression, singulier et subversif. Ce film magnifique dépasse la question du rapport au handicap pour parler de l’altérité inventive et révoltée de l’enfance, et au-delà, du fait que c’est dans le refus de ce à quoi on veut nous assigner et dans l’affirmation de la singularité de chaque rapport au monde que l’émancipation peut advenir, faisant toujours brèche dans cette normalité qui cherche à formater tout un chacun, y compris ceux qu’elle considère comme «anormaux».

Canine

Yórgos Lánthimos – VOSTF (Grèce) – 2009 – 1h36
Mardi 28 mai 19h

 

Quand la famille, relais par l’éducation des normes du monde extérieur, coupe les liens entre sa progéniture et ce même monde, toute possibilité de comparaison avec la norme et donc toute critique devient ardue. La normalité ne tient plus son rôle minimal (et en lui-même problématique) de garde-fou, et les parents se révèlent tyrans. Le contrôle devient permanent et les règles imposées, bien que paraissant absurdes, sont un miroir déformé de la gestion familiale dans ce monde, de la figure patriarcale, des valeurs transmises, comme la compétition et le mérite.

C’est grâce à la peur, celle du monde extérieur et de sa dangerosité supposée que les parents maintiennent le joug, et notamment par le père, monarque absolu de ce monde, qui s’arrête à la clôture entourant la maison, mais également par la prise de pouvoir sur le langage, sur la signification du temps et sur la provenance de toute chose utile.

Dans ce film dérangeant où tous les repères sont remis en cause, la violence et l’horreur sous-jacentes des rapports familiaux sont omniprésentes, dans un climat où le bizarre et l’angoissant règnent, le malsain et le glauque traversent l’histoire.

Que faire aujourd’hui de la question de l’organisation ?

Vendredi 31 mai 19h

Parcourir l’histoire des expériences confrontatives et révolutionnaires permet de constater une grande variété de positionnement sur la question de savoir comment s’organiser (ou refuser de le faire). Malgré les apparences, l’importance de cette question ne réside pas seulement dans des questions de contingences tactiques (rien de plus efficace qu’une armée… mais on a pu voir le type de révolution dont une armée est capable!), car la manière dont on s’organise donne forme aux rapports qui se construisent dans les luttes et les expériences révolutionnaires, et aussi parce que, qu’on le veuille ou non, c’est bien souvent cette manière de faire qui se transmet d’expérience en expérience.

La question est parfois ouvertement posée, parfois elle ne l’est pas, souvent ce qui en est dit formalise une réalité bien plus complexe, voire la contredit. Ne pas la poser en prétendant l’avoir déjà résolue dans un corpus doctrinal auquel il suffirait de se conformer revient en général à promouvoir des pratiques et fonctionnements autoritaires dont le vingtième siècle et son léninisme devrait avoir conduit à faire sérieusement table rase. Et pourtant, alors même que les années 70 ont initié une critique sans appel de ces fonctionnements partidaires et, au-delà, des travers produits par la volonté de construire des Organisations, on en retrouve aujourd’hui ici ou là des relents inattendus.

« Que faire ? » ou plutôt peut être « comment faire ? » en attendant la révolution et pour qu’elle advienne : la question reste ouverte et son déni n’apporte bien souvent pas de meilleures solutions que sa résolution forcée. Il est évident qu’elle se pose de manière d’autant plus intéressante que la situation qui l’impose l’est aussi. Dans le désert, la tentation des ratiocinations stériles est tenace. La réduction des enjeux en période de disette produit aussi des ravages : savoir comment faire tourner les tâches ménagères dans un squat n’est pas exactement du même ordre que se demander comment vivre et se battre pendant la Commune. Il reste qu’on touche aux mêmes types de questionnements et qu’on donne en général à ce qui est proposé une valeur universelle.

C’est effectivement en période de disette révolutionnaire que sort aux Etats-Unis un texte qui va être abondamment traduit et servir de bible à toute une aire alternativiste qu’on pourrait dire post-révolutionnaire. La tyrannie de l’absence de structure de Jo Freeman qui part du constat que le refus de se structurer n’empêche pas qu’une structure existe dès lors qu’on fait quelque chose à plusieurs, veut tout simplement, en prenant la question de manière complètement anhistorique, revenir au bon sens de la bonne gestion formalisée comme solution non seulement efficace mais plus anti-autoritaire que le laisser-aller du refus de l’organisation (qui produirait automatiquement la reproduction des travers autoritaires des rapports de ce monde). Sortant des milieux alternativistes, cette brochure devient aujourd’hui une référence en termes d’organisation subversive, comme un retour critique qui remettrait de l’ordre face à des expériences trop libertaires, trop « anarchiques », non sans conséquences sur les manières de faire anti-autoritaires. Et voilà balayées toutes les critiques du Parti, les subtilités autour de la question de savoir si on peut s’organiser en refusant l’Organisation, les réflexions autour de l’affinité comme point de départ de l’action, toutes ces élaborations théorico-pratiques qui nous intéressent justement par leurs contradictions et polémiques utiles. Encore une fois on nous propose une solution à une question qui n’a d’intérêt sans doute que si elle reste ouverte.

C’est ce que nous voudrions discuter sur la base critique du texte de Jo Freeman et en lien avec la traduction en cours à la bibliothèque du texte de Jason McQuinn qui y répond : « A Review of The “Tyranny of Structurelessness”: An organizationalist repudiation of anarchism »

On y parlera donc de ce que peut signifier « s’organiser dans des perspectives anti-autoritaires », de savoir si cette expression a un sens ou s’il faut refuser jusqu’au terme lui-même, et surtout des risques qu’il y aurait à refermer cette question sur des théories ou des pratiques qui prétendraient l’avoir résolue.

Cycle post-apocalyptique

Le ciné-club des Fleurs Arctiques, est un moment où l’on discute et réfléchit à partir de toutes sortes de films, choisis par nos soins pour ce qu’ils peuvent donner à penser. C’est aussi l’occasion de se rendre compte que certains genres et sujets traversent le ciné-club et font écho à une vision plus globale d’un certain cinéma ainsi qu’à une vision critique d’un certain rapport au monde. Dans la suite des cycles (éternellement en cours) sur la famille, sur l’école, sur les Kaiju et leurs ruines, nous commençons maintenant un nouveau cycle sur les films post-apocalyptiques. Nous avions déjà, dans les programmes précédent, projeté Mad Max : Fury Road et Nausicäa, deux films qui ont tous deux donné lieu à des moments collectifs de discussion féconds sur la critique de notre monde, et qui ont induit d’une certaine manière ce cycle autour du genre post-apocalyptique.

Le cinéma post-apocalyptique, enfant irradié de la science-fiction, connait son explosion à la fin des années 70 avec la revue psychédélique et psycho-active de bande dessinée Métal Hurlant à laquelle participèrent des figures transgressives comme Moebius, Jodorowsky ou encore Druillet, inspirant déjà le film Mad Max (1979). S’inspirant du Punk pour son style trash, jusqu’au-boutiste, bricolé, provocateur et son refus nihiliste des horizons, qu’il dépasse, littéralement (se situer après l’apocalypse, c’est aussi prendre au sérieux le no-future et repartir de la fin du monde, souvent même longtemps après et vivre encore malgré tout dans ses ruines…). Ce cinéma se pose directement dans une posture qui est pour nous d’un intérêt certain, qui porte en elle une dimension anti-politique et philosophique en se situant dans un existant dont la faillite est déjà actée. Comme une graine est un arbre en puissance, le genre du film post-apocalyptique nous met face à ce que notre monde pourrait porter après lui de sauvage, d’animal, de chaotique, d’affreux et de magnifique. Peut-être qu’imaginer un monde détruit et ravagé nous servirait à analyser et critiquer notre monde, qui n’est pas détruit du tout ou dont la destruction n’a jamais été actée. Quand l’on pense (et que l’on regarde) post-apocalyptique, ce qui fait écho en nous, c’est anormalité, bouleversement, folie et résidus de l’ancien monde, et l’humain qui louvoie entre tous ces états, portant comme toujours la révolution dans ses espoirs les plus fous. De fait notre point commun avec le film post-apocalyptique est qu’il critique toujours le monde d’avant. On peut choisir de voir le genre post-apocalyptique comme une invitation à l’action, à provoquer une étincelle qui nous sorte radicalement et définitivement de toute béatitude, et en continuant à rêver éveillé.

Apocalypse Now

Francis Ford Coppola – VOSTF (USA) – 1979 – 3h22

Mardi 26 mars à 19h

 

Pour le capitaine Willard, gueules de bois et insomnies rythment les allers-retours entre la jungle et les beaux quartiers de Saigon. Comme pour beaucoup au Vietnam en 69, les paradis artificiels achèvent d’effacer les frontières entre guerre et routine, entre enfer quotidien et quotidien vide de sens.

Le décor est posé. Les Chinook se glissent dans l’orage rouge et les bombes tapissent les cimes vertes. Ceux qui se trouvent entre les deux sont condamnés, d’une manière ou d’une autre. Un Colonel, Kurtz, a embrassé la folie et l’horreur de la guerre pour s’y construire un royaume perdu, au fin fond de la forêt, au bout de la Rivière Nung.

C’est précisément cette rivière que le Capitaine Willard va remonter afin de retrouver le Colonel dissident. Le Nung symbolise une quête de sens, et lie en son cours tous les protagonistes. Armé d’un rafiot, de quelques compagnons d’infortunes et de la toute puissance des Etats Unis d’Amérique, il s’embarque pour un voyage introspectif où chaque méandre qui l’éloigne de la civilisation le rapproche un petit peu de Kurtz et sa devise : L’Apocalypse, maintenant.