La question de l’auto-organisation dans le mouvement des sans papiers de 1996

Samedi 14 décembre 19h

La discussion sur les frontières initialement prévue le 14 décembre est reportée au prochain programme. Elle est remplacée par une séance de travail préparatoire à ce vaste sujet. Nous allons réfléchir aux formes qu’ont pu prendre les luttes de migrants et en particulier à la question de l’auto-organisation des acteurs de ces luttes, avec ou sans papiers, en discutant à partir d’un film intitulé La Ballade des sans-papiers (1996, Samir Abdallah et Raffaele Ventura, 90 mn).

Ce film, tourné sur le moment, retrace le début de cette phase de lutte, de l’occupation de l’église Saint Ambroise par le collectif qui s’appellera ensuite « de Saint Bernard » jusqu’à leur expulsion de l’église Saint Bernard. Il reste focalisé sur ce collectif qui est à la fois le premier et le plus médiatisé, ce qui est déjà en soi discutable, dans la mesure où il passe sous silence beaucoup des problématiques et conflits internes de ce mouvement dans lequel beaucoup d’autres collectifs se sont créés sur cette lancée, avec des perspectives et des enjeux différents (collectifs fermés ou ouverts par exemple, cherchant à obtenir des papiers pour leurs membres ou « pour tous », revendiquant éventuellement des critères de régularisation qui seront ensuite repris dans les lois Chevènement par la gauche plurielle et sont toujours en place aujourd’hui). Le film laisse aussi de côté tous les acteurs « avec papiers » de cette lutte qui ont cherché leurs propres formes d’auto-organisation dans une lutte contre les frontières qui concerne tout un chacun, et sont intervenus en critiquant la position de soutien. Son visionnage sera donc un point de départ intéressant à la fois pour se faire une idée de cette période relativement lointaine vu d’aujourd’hui, et pour poser un regard critique sur les diverses positions qui ont pu s’y exprimer et dont ce film choisit ou pas de rendre compte.