25th hour

La projection de 25th hour, initialement prévue lundi 16 décembre est  déplacée vendredi 13 à 19h

Spike Lee, 2002, vostfr (USA),134’

 

Dans ce film de Spike Lee sorti en 2002 et réalisé à partir du roman de David Benioff 24 heures avant la nuit (titre parfois repris pour le film lors de distributions francophones), on suit pas à pas l’errance festive d’un homme sous le coup d’une lourde condamnation pour trafic de stupéfiants dont la liberté sous caution prend fin 24 heures plus tard. Ce qu’il va faire de ce dernier jour de liberté avant son incarcération, le goût et le dégoût d’une vie dont il est contraint d’extraire une intensité sans durée, l’hypothèse de ne pas accepter d’y retourner et de partir en cavale, toutes ces émotions et sensations complexes vont être filmées par Spike Lee dans une urgence contemplative magnifique, renforcées par l’athmosphère principalement nocturne du film et le huis-clos temporel dans lesquel on se retrouve enfermé avec lui. Comme dans le poème L’Evadé de Boris Vian, la prison est l’horizon qui impose la question de l’urgence de vivre, et qui pose très fondamentalement la question du rapport à cette liberté que la société nous refuse, de son impossibilité réelle dans ce monde qui n’empêche pas que nous soyons aimantés dans nos choix, nos plaisirs, nos envies et nos refus par l’aspiration à la vivre malgré tout, quitte à constater la vanité des bribes qu’on parvient à en arracher. C’est aussi la question de ce qu’on vit avant cet autre rendez-vous véritablement inéluctable qu’est la mort qui est figuré ici par le retour en cellule, et ce qu’on choisit d’en faire. Si le livre est écrit en 2001, avant l’attentat du World Trade Center, Spike Lee va ajouter au film une dimension de méditation mélancolique en faisant de Ground Zero un décor omniprésent de son film et de l’errance de son personnage.

Ce qui travaille ce film, c’est finalement la question de savoir où trouver la force de combattre le nihilisme inhérent à la conscience de la finitude de la condition humaine, comme à l’expérience des formes sociales qui nous empêchent de vivre le temps qu’il nous reste, pour enfin cesser de survivre en attendant.