The Lobster

Yorgos Lanthimos, 2015, vostfr (Grèce),119′

Lundi 18 novembre 19h

L’amour peut être ce qui violemment nous donne envie de nous révolter, il peut être la goutte d’eau nous faisant prendre conscience que, décidément, ça n’est pas et ça ne sera pas dans ce monde que nous pourrons explorer librement des désirs, des singularités, des rapports à l’altérité. Des amants souffriront cruellement au matin de devoir aller travailler, et feront, peut-être, le choix de rester au lit, de lutter contre tous les ersatz de passion et contre tous les réveils impératifs.

Ou alors, cette tension de la révolte que nous pouvons partager dans l’amour comme dans l’amitié, ou comme dans toute forme de relation cherchant à rencontrer un autrui, et non pas une représentation (la femme, le marié, le père, la réussite sociale…), peut être étouffée, rendue inaudible par un carcan moral et un dispositif social validant les moeurs, en interdisant d’autres. C’est ce que filme jusque dans ses retranchements les plus sombrement absurdes le réalisateur Yorgos Lanthimos dans The Lobster : toute personne n’ayant pas « trouvé l’amour » (comme on trouve un métier, une maison, une chemise) est envoyé dans une véritable colonie maritale, harem dont le pacha est la société qui se satisfait de l’ordre en se faisant l’entremetteur des personnes. Si le célibat demeure au bout de 45 jours, l’échec aboutit à la transformation en animal. Ceux qui ne se conforment pas à la civilisation et à ses relations prescrites seront définitivement mis au ban. Nous suivons alors l’histoire de David dans le camp, qui sera changé en homard s’il ne trouve pas une concubine avant la date de péremption de la dite normalité.