La colline a des yeux – Wes Craven – 1977 – 90 min – USA (Vost)
Lundi 20 novembre 2017 à 19h
Bricolé à partir d’un budget dérisoire, La colline a des yeux a tout à voir avec Massacre à la Tronçonneuse ou The Devil’s Reject que nous avions projeté il y a quelques mois dans une ambiance hilare, mais avec le cœur bien accroché. Ambitieux dans ses intentions et primitif dans sa concrétisation, ce film post-Vietnam dont le déroulement a été rendu archi-classique par trente années de redites et de remakes, propose un scenario original pour l’époque : Une famille pieuse avec un bébé sur la route en camping-car et dirigée par un flic raciste du meilleur des crus se retrouve accidentellement au beau milieu d’une zone d’essais nucléaires de l’armée américaine. Contraints de quitter la route par une série de bizarreries, ils se retrouvent pourchassés par une bande de locaux, bien évidement, complètement dégénérés, anthropophages et pervers, sortes de Flintstones cannibales avec des noms divins. La famille « moyenne » ici-présente se révèle bien familiale puisqu’elle en contient tous les tabous, les dominations et les rapports pathogènes qui caractérisent son mode d’organisation. Avec ce film, c’est presque comme toujours la même problématique qui transparaît dans ce ciné-club, celle d’une sauvagerie effrayante qui révélerait en retour celle refoulée des « honnêtes gens » et de la civilisation. Ici encore, la famille dégénérée versus la famille moyenne, toutes dysfonctionnelles à bien des égards, servent à montrer que même à son stade d’organisation sociale le plus dépouillé – la famille nucléaire – cette société est pourrie jusqu’à l’os et doit être détruite pour pouvoir redevenir sauvages en nos propres termes, et non ceux d’un monde radioactif de flics, de fric et de rapports de pouvoir à toutes les échelles.





Car s’il fait écho à la situation politique hongroise, le film s’en saisit pour nous parler plus largement d’exploitation et d’aliénation, qu’elles soient institutionnelles ou interindividuelles, légales et officielles ou illicites et « alternatives ». Ainsi Lili, une jeune fille, ne trouve sa place dans aucun des deux mondes qui lui sont proposés et Hagen, un chien, se voit autant exploité par l’Etat que par des voyous. On constate que tous les rapports interpersonnels au sein de ces sphères qui se voudraient opposées reproduisent les mêmes schémas utilitaristes. Musicalement baigné dans les notes de la deuxième rhapsodie hongroise de Liszt, le film fait évoluer la signification de celles-ci à mesure que l’on découvre la réalité du monde. Tout d’abord apaisantes, elles deviennent rapidement celles de la normalisation, de l’autorité et de la coercition avant de représenter dans une version cartoonesque, comme une mauvaise blague, l’horreur d’un système. À ce morbide tableau le film oppose la camaraderie entre chiens opprimés, la nécessité de la vengeance et son dépassement par la révolte joyeuse. De nombreuses questions propres au processus de révolte sont abordées au cours du film, et si la scène finale devait ne nous en poser qu’une ce serait celle-ci : La reconnaissance des revendications spécifiques par l’autorité doit-elle pour autant arrêter le mouvement de révolte qui en est né ?

Mercredi 27 septembre à 19h
La douleur psychologique inhérente à la vie humaine est ici remplacée par la douleur physique. La sexualité n’est plus plaisir mais douleur. Le golem de métal doit souffrir pour devenir une machine et se débarrasser de lui-même dans un japon surpeuplé et mécanisé ou rien d’autre ne l’attend qu’une vie de salary man tokyoïte. Tetsuo fait face à la décrépitude de la condition humaine de façon déconcertante sous un regard nihiliste, expérimental et enragé. Un film furieux, bruyant, beau, sur lequel nous pensons qu’il sera intéressant de bavarder après une respiration.