Terry Gilliam – 1985 – Royaume- Uni – VOST – 2h
Mercredi 12 septembre à 19h
Dans un monde où l’erreur n’est tout simplement pas possible, où même une bombe dans un magasin ou un restaurant ne saurait ouvrir de brèche dans la vie parfaitement maîtrisée par le pouvoir, où le temps de vie est optimisé pour le travail, où il ne semble pas y avoir d’issue envisageable, dans ce monde entièrement bureaucratisé, la seule chose qui soit permise à Sam Lowry, un fonctionnaire lambda, c’est de rêver. Permise jusqu’à ce qu’il veuille enfin se donner les moyens de réaliser son rêve. Celui d’être avec la personne qu’il aime à travers ses rêves, quitte à se mettre à dos sa mère, son patron, ses collègues, la Justice. Mais, de toute évidence, Sam ne les a jamais vraiment supportés. Il est l’éternel inadapté de ce monde qui semble si bien s’accepter. Ici, seules les ambitions de promotions sont autorisées et doivent pousser à vivre, certainement pas les rêves. A côté du monde bourgeois dans lequel a vécu Sam Lowry, existe aussi un monde de misère dans lequel les enfants s’amusent à jouer aux interrogatoires et à brûler des voitures de fonctionnaires alors que des rebelles pratiquent la réparation subversive de tuyaux.
Le réalisateur Terry Gilliam apporte à cette dystopie une esthétique plastique cauchemardesque à base de tuyaux emmêlés, de murs vides, de bâtiments sans vie, de halls d’entrées déserts. Au fur et à mesure que Sam s’approche de la possibilité de réaliser son rêve, le décor se trouve dégradé et même son onirique idylle se transforme en cauchemar. L’esthétique se décompose progressivement, devenant de plus en plus improbable, jusqu’à l’absurde le plus drôle et tragique.Toutefois, si le monde qui nous est décrit est horrible et totaltaire en tous points, il est, tout comme le film, et c’est notable, dépourvu de tout cynisme. N’est-ce pas rafraîchissant ?