Le nouveau programme de la bibliothèque Les Fleurs Arctiques est désormais disponible. Vous pouvez le lire ici en ligne en cliquant sur l’image mais vous pouvez aussi le trouver imprimé au 45 rue du Pré Saint-Gervais dès la permanence de ce vendredi 11 septembre. Nous reprenons donc les groupes de lectures, les permanences, les ciné-clubs (dès lundi 14 avec Le vent se lève) et les discussions publiques (la première le 18 septembre sur la question de l’internationalisme).
Au plaisir de vous (re)voir à l’une ou l’autre de ces activités !
- Permanences : vendredi de 16h à 19h
- Ciné-club : lundi à 19h30
- Groupes de lecture : dimanche à 16h00
Edito :
Septembre 2020, une rentrée normale, puisqu’on vous le dit…
Il y a un temps pour prendre ses aises, et un temps pour prendre sur soi et « apprendre à vivre avec le virus », en participant, bien sûr, à l’effort de guerre pour la bonne remise en marche du Capital (qui se serait arrêté, donc…). La nouvelle normalité qui nous est proposé ressemble malgré tout beaucoup à l’ancienne, avec quelques améliorations dans les dispositifs répressifs et gestionnaires. Retour à l’école, élèves entassés dans les classes, avec ou sans masques selon l’âge, et sans distanciation, trop coûteuse à mettre en place. Ce retour à l’école des plus jeunes permet alors aussi celui des plus vieux, même si la plupart y sont retournés depuis un moment déjà, sans compter ceux et celles qui n’ont pas cessé de travailler, soignants, livreurs, et autres travailleurs dont le rôle est « indispensable » à la bonne marche de la vie économique et sociale, qui n’ont jamais été confinés. Métro-boulot-dodo avec le virus, donc. On a vu comment les vies ont été triées par l’économie du soin et on continue à voir comment la circulation renouvelée du virus suit les logiques intrinsèquement inégalitaires du capitalisme. Les pauvres et toutes les sortes d’indésirables et d’improductifs sont à la fois les plus fragiles et les plus touchés. L’enfermement avec le virus, donc. Mais il est clair que l’urgence sanitaire est toujours moins urgente que les impératifs économiques et répressifs et, une fois l’affolement de mars-avril passé, on s’inquiète davantage du fait que les jeunes s’éloignent de l’école et du travail au point de perdre l’habitude d’y être contraints, que de la hausse des contaminations. Pour le bien de l’économie, un nouveau confinement généralisé doit être évité à tout prix, et ce seront désormais des « confinements ciblés », d’autant plus carcéralisés sur des statuts d’enfermements administratifs, qui seront mis en place, associés à la très experte notion de « clusters ».
Mais l’instauration en catastrophe de cette nouvelle normalité, sous des formes diverses sur l’ensemble de la planète mais toujours sous l’égide de la peur et de l’urgence sanitaire, avec tout ce que ces notions ouvrent de potentialités répressives, ne se généralise pas sans réveiller partout des formes de refus, de révoltes et d’attaque qui s’engouffrent dans les brèches du monde qui se construit contre nous, avec une intensité à la hauteur des enjeux. Dans les prisons, les camps, les lieux de rétention, ont lieu mutineries et évasions collectives. Partout dans le monde (et plus encore sans doute ailleurs qu’en Europe), les grèves spontanées se multiplient, avec des formes d’action que les syndicats peinent à canaliser. Des livreurs et autres travailleurs précaires trouvent le moyen de briser l’atomisation inhérente à leur statut pour cesser le travail et manifester en nombre. Hors des lieux de travail ou d’enfermement, les Etats Unis connaissent une vague de manifestations émeutières dont l’intensité se renouvelle sans cesse depuis l’assassinat de Georges Floyd par la police au début de l’été.
Pour cette réouverture de la bibliothèque, nous proposons deux moments de réflexion en lien avec ce contexte de mobilisations intenses à un niveau mondial. Le samedi 3 octobre, on prendra le temps de discuter de la phase émeutière en cours aux Etats-Unis à partir de la projection d’un documentaire qui s’intéresse en profondeur aux émeutes de Ferguson en 2014 et à leurs complexités subversives, et le vendredi 18 septembre on discutera de la nécessité et de l’importance de l’internationalisme aujourd’hui, et des formes que pourraient prendre la solidarité internationale sans compter sur « l’efficacité » structurelle du Parti…
Nous reprenons les ciné-club qui auront lieu tous les lundis soirs à 19h30, avec des films que l’on propose surtout pour les discussions qu’ils nous semblent pouvoir susciter, ainsi que les groupes de lecture hebdomadaires le dimanche à 16h, au cours desquels, entre autres propositions plus ponctuelles, on s’attachera à confronter les points de vue et analyses à partir de la lecture du texte le moins orthodoxe de Marx, le « Fragment sur les machine ». Comme il ne s’agit pas d’approfondir une quelconque érudition de chapelle sur la question, mais plutôt de trouver dans ces lectures et les discussions qu’elles provoquent un peu de vitalité théorique et pratique pour combattre ce monde aujourd’hui, aucun prérequis n’est nécessaire, à part peut-être de ne pas y venir strictement « en touriste ». La diversité des approches, y compris très critiques, ne pourra qu’enrichir les discussions que nous espérons vivifiantes et acérées.
Les permanences sont ouvertes le vendredi pour permettre à tous ceux et celles qui le voudraient de rencontrer les participants de ce projet, de proposer des initiatives ou de discuter de choses et d’autres, de consulter ou d’emprunter livres et brochures…
Il est plus que jamais nécessaire de réfléchir et d’agir face à cette nouvelle normalité qui intensifie encore le contrôle et l’exploitation de tous, et de trouver les moyens de s’armer contre ces évidences toujours gestionnaires qu’on veut nous imposer !