Dans la période qui vient…
Après plus de deux mois de confinement, la lutte contre l’Etat et le virus se poursuit et partout dans le monde des révoltes éclosent, contre la gestion de la pandémie, qui exacerbent les conflits déjà présents sans le virus. Les prisons et les centres de rétention se mutinent, les travailleurs refusent le travail, les pauvres s’émeutent…
La bibliothèque des Fleurs Arctiques rouvre ses portes dans cette phase incertaine, où l’algorithme des experts, entre nécessités économiques et gestion sanitaire, impose à certains un déconfinement « ciblé » sur la remise au travail pendant que d’autres, dans les prisons et les Ehpad par exemple, continuent à vivre un enfermement redoublé.Cette réouverture se fait avec l’idée qui nous tient depuis trois ans, depuis le début de l’existence de ce projet, que c’est dans les moments les plus durs et bouleversants qu’il faut d’autant plus se donner les moyens d’échanger et de confronter les points de vue et analyses. Le monde se transforme à une vitesse impressionnante depuis ces derniers mois et nous, révolutionnaires, devons être à la hauteur de la situation que tout le monde affronte, partout sur la planète : la gestion d’Etat, avec ou sans confinement, et la contagion du coronavirus.
Ainsi, nous proposons d’ouvrir la bibliothèque sous la forme de permanences, deux fois par semaine à tous ceux et celles qui voudraient échanger idées et informations autour de la situation en cours. Le programme que nous avons dû interrompre avec le début des mesures de confinement et la propagation du virus ne reprendra pas tout de suite. Les discussions et projections prévues reprendront petit à petit, plus informellement d’abord au cours de ces permanences, car il nous semble que beaucoup est à rediscuter avant de reprendre le cours d’une normalité sans doute déjà très loin de nous. Nous souhaitons que ces permanences soient alors l’occasion de discuter et de réfléchir collectivement (mais à moins grande échelle que des discussions publiques) à la situation qui nous éprouve, dont sans doute nous ne comprenons pas encore les tenants et aboutissants, les implications et les conséquences, en tout cas pour le moment. Peut-être pourrions nous y reparcourir ensembles des époques comme celle de la lutte contre le sida, en perspective avec l’actuel Covid-19, pour en comprendre les spécificités mais aussi ce que nous pourrions en tirer pour la pandémie actuelle. Peut-être pourrions nous aussi y approfondir des sujets plus vastes, comme celui de l’internationalisme à propos duquel une discussion publique était programmée, sujet d’actualité s’il en est, à l’heure où un peu partout dans le monde nous vivons des situations communes et pourtant si singulières. Le SNU, lui aussi, pourrait occuper nos esprits, ainsi que la manière dont il s’adaptera à l’épidémie, alors que la gestion de la pandémie passe partout par des formes de contrôle militarisé et par un retour en force de l’appel au civisme national. Nous souhaiterions aussi faire de ces moments, en petit comité, l’esquisse de discussions à venir. Il est important de rappeler que nous aménagerons évidemment l’endroit pour que cela puisse se passer sans mettre en danger la santé des personnes qui voudraient réfléchir avec nous sur ce qui est en train de se passer. Bien sûr, si vous ne pouvez pas venir physiquement à la bibliothèque, que ce soit parce que vous habitez à l’étranger ou loin de Paris, ou parce que vous ne préférez pas être en contact physique avec d’autres personnes pour des raisons de santé, il est possible de trouver un autre moyen d’échanger. Cela peut se passer par courrier postal, par mail ou peut-être d’autres moyens si ceux-là ne vous conviennent pas. Il est aussi possible d’ouvrir la bibliothèque, que ce soit ponctuellement ou régulièrement, à un autre moment que les permanences prévues si ces dernières ne vous conviennent pas.
Par ailleurs, nous réfléchissons à un moyen de continuer à faire vivre et à diffuser les réflexions qui se tiennent à la bibliothèque. Cela prendra la forme d’un envoi par mail de textes de réflexions sur ce qu’il se passe, accompagnés de textes qui résonneraient avec l’actualité ou qui approfondiraient des questions qu’il serait dommage de mettre en suspens. Cela pourrait aussi, selon les semaines, s’accompagner de propositions de lectures qui auraient avant pris place sur nos tables, de nouvelles traductions de textes, d’anciennes présentations de discussions ou encore de films que nous avons projetés lors de précédents ciné-clubs. L’idée n’est bien sûr pas que cela devienne la nouvelle forme permanente des Fleurs Arctiques ou que notre seul lien avec vous soit l’envoi d’un mail une fois par semaine. C’est plutôt l’idée que nous avons un local à une époque où la rencontre à plusieurs personnes devient une question complexe, mais que nous avons aussi l’envie de réfléchir à ce qu’il se passe.
Ainsi, nous vous proposons une permanence les jeudi de 17h à 20h et les dimanche de 16h à 19h, toutes les semaines à partir du dimanche 17 mai, ainsi qu’un mail, qui rassemblera petit édito de réflexion et conseils de lectures, toutes les semaines le lundi et qui sera à télécharger en format pdf dans la rubrique Feuilles Antarctiques.
Les Fleurs Arctiques.