Programme de juin à juillet à la bibliothèque des Fleurs Arctiques

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Pendant ce programme à la bibliothèque des Fleurs Arctiques, nous discuterons de la question de l’euthanasie en rapport avec les prochaines législation autour de l’« aide active à mourir » et de la pratrique de l’établissement à partir du film L’Etabli de Mathis Gokalp.

Nous projetterons lors du ciné-club : Conann, Elephant, Festen et Les chiens ne portent pas de pantalons

Les permanences auront lieu le jeudi de 16h à 18h.

Les groupes de lecture auront lieu le dimanche à 16h30

Conann

Mardi 10 juin – 19h30

Bertrand Mandico
2023 – 105’

En novembre 2021 nous avions projeté au ciné-club de la bibliothèque le Conan le Barbare sous testostérone de Schwarzenegger de 1982 pour discuter de ce conte moderne d’un enfant sauvage face au monde, de nihilisme, d’émancipation, d’amour et de désir, de haine et de vengeance contre les destins et maitres.
Le Conann de Mandico, sorti en 2023, bien qu’en apparence loin de ces images bien viriles d’un héros seul à la mâchoire carrée avec sa grosse épée, ne renie rien de ce qui fait Conan, c’est-à-dire sa barbarie, son obsession pour la vengeance. Conann, elle, arrive après une vie d’errance aux portes de l’enfer. Elle est amenée à revivre son passé, racontée par le chien gardien des enfers, Rainer. Depuis son enfance, ayant vu sa mère tuée et jurant de ne vivre que pour se venger, elle revoit les différentes époques de sa vie, essayant de comprendre ce qu’elle a été, ce qu’elle a reniée ou dépassée.
Dans une esthétique radicalement queer et punk, rebelle à toute identité, explosive, on est plongé dans l’univers délirant et glauque, parfois décadent et gore du monde de Conann écœurée par son existence broyée. Le temps, le genre, les personnages, les relations, tout se mélange dans le fantastique sale et nébuleux de Mandico. Quelle liberté dans la sauvagerie ? Quelle révolte possible pour Conann et tous ceux que le monde broie ? Qu’est ce qui reste au bout d’une vie ? Venez plonger dans la vie de Conann pour essayer d’y voir plus clair aux milieux de tous les cauchemars d’une barbare possédée par la rage.

Aider à mourir peut il être un soin ?

Samedi 14 juin – 17h

En mai ont été examinés au parlement deux textes relatifs à la fin de vie, dont l’un à propos d’une légalisation du suicide assisté renommé dans ce cadre « aide active à mourir » (terminologie qui en elle-même invite déjà à être débattue !). D’après ce projet de loi, les patients atteints d’une « affection grave et incurable » pourront demander un suicide assisté, à condition d’être majeurs, français, en mesure « d’exprimer leur volonté de façon libre et éclairée », et d’éprouver des « souffrances physiques et psychologiques réfractaires et insupportables ». Comme dans d’autres pays, c’est principalement la gauche qui encourage un telle dynamique de légalisation de formes d’euthanasie, y défendant un droit et une liberté, y voyant un progrès, et parfois traçant un parallèle entre le « mon corps, mon choix » du droit à l’avortement et le désir de mettre fin à ses jours. La Colombie, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et depuis 2021 l’Espagne ont légalisé l’euthanasie, tandis que neuf états américains ont légalisé le suicide assisté (la différence avec l’euthanasie étant que la personne s’administre elle-même la substance létale). Des pays comme la Suisse et l’Italie tolèrent également le suicide assisté, bien qu’aucune loi ne vienne légiférer à son propos. Enfin, l’arrêt des traitements à la demande des patients est légalisé dans de nombreux pays. Nous proposons de nous pencher sur ces différents contextes sociaux et politiques afin de discuter à la bibliothèque des implications sociales de ces différentes législations, notamment sur les plus précaires, les « indésirables » du capitalisme et les moins productifs, mais pas seulement, et afin de prendre à bras le corps la question de savoir si aider quelqu’un à mourir peut-il être un soin. Cela soulève bien entendu des enjeux existentiels et éthiques irréductibles à la politique, mais les manières de traiter de cette question sans émettre aucun lien avec la politique, la critique du capitalisme, du travaillisme et plus largement des rapports sociaux sont déplorables (on peut ici penser au dernier film de Pedro Almodovar, La chambre d’à côté, qui met en scène une défense du suicide assisté en dépolitisant et décontextualisant complètement le sujet, comme s’il ne s’agissait que d’une pure décision de volonté individuelle). Nous chercherons donc à articuler avec la perspective révolutionnaire anti-autoritaire des réflexions autant politiques que plus largement existentielles sur ce sujet, afin de dégager, enfin, un espace possible à des positionnements qui ne se ramènent pas au schéma parlementaire actuel d’une opposition légaliste entre progressismes pro-euthanasie et réactions anti-euthanasie sous couvert de traditions, de religions et de main-mise sur l’individu. N’oublions jamais la saine méfiance à l’égard de tout ce qui cherche à légiférer sur la vie comme sur la mort, et tentons de débattre avec, on l’espère, plein de fertiles désaccords !

Elephant

Mardi 17 juin – 19h30

Gus Van Sant
2003 – 81’

A travers ce film qui retrace ce qui a précédé la fusillade de Columbine, schoolshooting resté dans les mémoires, qui a eu lieu en 1999 et au cours duquel deux adolescents sont entrés armés dans leur lycée et y ont tué douze élèves et un prof, Gus Van Sant prend le parti de montrer comment la banalité de la vie se retrouve complètement pulvérisée par le projet de deux élèves qui ont accumulé assez de ressentiment et de mal-être pour décider de se préparer à tirer sur l’ensemble de cette normalité. Montrer n’explique pas, ne réduit pas la radicalité terrible de cet acte auquel on entrevoit pourtant mille cause liées à un système éducatif étouffant, à des relations sociales profondément destructrices, à des blessures que le sérieux de l’adolescence peut rendre radicalement invivables,. La singularité de cet acte de destruction du plus de parcelles possibles d’un univers fermé et irrespirable, au prix de la vie de ses semblables, et en même temps sa relative banalité vu le nombre de schoolshooting qui ont eu lieu avant et depuis aux USA, c’est ce que ce film interroge en restituant plusieurs points de vue sur ce qui précède la fusillade, avec une caméra qui cherche les détails plus ou moins anodins dont la combinaison mènera au déferlement de violence qui vient clore le film. Ce sera pour nous l’occasion de poursuivre des fils déjà évoqués comme le rapport à l’école ou la vengeance.

Discussion sur l’établissement

à partir du film L’Etabli de Mathis Gokalp

Dimanche 22 juin – 16h30

Avant mai 68, le PC voit naitre de nombreux groupes formés en son sein devenir dissidents, voulant s’écarter de la ligne post-stalinienne en réaction à la politique de l’URSS, jugée alors « révisionniste ». Ces groupes s’enthousiasment alors pour la (sanglante) Révolution culturelle chinoise poussée par Mao, et voit dans la Chine la nouvelle patrie modèle du marxisme-léninisme. En mai 68, dans les grèves et les occupations traversées par un foisonnement de tendances très diverses (libertaires, trotskistes, marxiste-léninistes, mao-spontex,…), les maoïstes constituent une part importante du mouvement. Quand celui-ci touche à sa fin, enterré par les accords de Grenelle signés par la CGT, c’est l’occasion pour eux de prôner la prise de distance avec les syndicats et de recentrer l’activité sur la création de l’organisation « à la base » au sein même des usines, avec l’incorporation volontaire de militants de l’avant-garde maoïste dans les usines, censés procéder à l’accentuation des luttes internes aux fabriques contre les tendances réformistes et « révisionnistes » et pousser l’idéologie marxiste-léniniste. C’est le mouvement des établis.
De nombreux intellectuels maoïstes vont ainsi cacher leur statut initial et se faire embaucher dans les usines comme ouvriers spécialisés. Robert Linhart, normalien, élève de Louis Althusser, et militant mao à la Gauche Prolétarienne, est l’un deux. Il se fait embaucher à l’usine Citroën à Porte de Choisy en septembre 1968 et reste à travailler 1 an dans l’assemblage et le travail à la chaîne. Il en tirera le livre L’Etabli sorti en 1978, où il détaille premièrement son accommodement difficile à la vie d’ouvrier (la dureté du travail à la chaîne, les gestes répétitifs harassants, la fatigue physique, les brimades et les pressions exercées par les petits chefs) mais aussi l’organisation du travail à l’usine par les méthodes de surveillance, la répartition raciste des ouvriers, les rapports quotidiens avec les syndicats. Puis, le livre donne le récit de l’organisation de la lutte dans l’usine à travers le déclenchement d’une grève et les débats, les délibérations et les négociations qu’elle provoque. L’Etabli a été adapté en film en 2023 par Mathias Gokalp. On se propose de le visionner ensemble puis de discuter plus largement de la question de l’établissement, en profitant de quelques retours d’expérience.
Ce sera l’occasion ainsi d’interroger la pratique de l’établissement et ce qu’elle traduit dans le rapport idéologique et fétichiste à la « classe ouvrière » et à en « faire l’expérience de sa condition» dont ont pu faire preuve les maos mais aussi d’autres sous des formes différentes. On se rappelle que presque 40 ans auparavant, Simone Weil, jeune professeur de philosophie et révolutionnaire, décida également de devenir ouvrière sur presse chez Alsthom puis fraiseuse chez Renault, expérience dont elle contera la dureté dans son Journal d’usine. Comme Linhart d’ailleurs, elle abrégea son expérience en raison d’un épuisement physique et psychologique (de fait, peu d’établis iront jusqu’à dépasser quelques années d’établissement face à la dureté du quotidien mais aussi les changements dans le quotidien qu’il incombe face à la famille, les amis, les collègues à l’usine …), voyant de fait que l’écrasant quotidien ouvrier laisse plus difficilement la place à la lutte.
On pourra aussi réfléchir plus largement au rapport des révolutionnaires à l’ « enquête ouvrière » (c’est-à-dire l’idée qu’il faut enquêter sur les conditions de vie concrète des ouvriers pour parfaire la théorie et la pratique révolutionnaire) prôné régulièrement par des révolutionnaires depuis le XIXème siècle, de Karl Marx aux opéraïstes italiens dont certaines théories ont eu une influence dans l’Automne Chaud et le Mai Rampant italien en passant par les maos, qui ont poussé cette réflexion à son paroxysme.
Sur un autre plan, s’il y a fort à critiquer dans le rapport idéologique à l’usine et à « faire l’expérience de la vie de l’ouvrier », bercé des illusions autoritaires et ouvriéristes maoïstes, il reste de l’expérience de tous ces établis un engagement conséquent, un dévouement à la lutte, qui paraît en décalage avec notre époque, où la résignation et l’apathie semblent avoir pris le pas sur le désir de faire rupture et de consacrer une partie considérable de son existence à faire cette satanée Révolution !
Un engagement complexe faisant partie de l’histoire des luttes, qu’on se propose donc de discuter ensemble à la bibliothèque.

FINISSONS-EN AVEC LA NATION !

Tract distribué dans les rues samedi 22 mars à l’occasion de la manifestation contre le racisme et le fascisme.

La référence à l’État-nation et à sa promotion par le nationalisme disparaît étrangement des textes et analyses actuels émanant des milieux autonomes… Pourtant, cette référence connaît toujours son heure de gloire, et ce partout dans le monde. Cette disparition dans la critique radicale n’est donc malheureusement pas le corollaire d’un effacement de l’idée et du mythe nationaux. Au contraire, en plus du nationalisme français, se surajoute en ce moment un nationalisme européen qui voudrait concurrencer sur le plan militaire les nations russes et américaines. Dans un argumentaire qui réduit comme toujours les populations à de la chair démographique à canon, le commissaire à la défense européen disait hier « Les 450 millions de citoyens de l’Union européenne ne devraient pas dépendre de 340 millions d’Américains pour se défendre contre 140 millions de Russes qui n’arrivent pas à battre 38 millions d’Ukrainiens ». On sent venir toute la sale musique du patriotisme qui va diffuser l’injonction à aimer son pays, à le défendre, à s’y sacrifier en travaillant et en consommant pour lui, dans les écoles, les supermarchés, dans la rue et les médias, jusqu’à évidemment s’aveugler de ce qu’implique nécessairement n’importe quelle nation, et ce peu importe sa taille, son impérialisme, son histoire récente ou vieille, ses régionalismes, son folklore et sa puissance militaire : toutes les nations installent des frontières, les surveillent, les contrôlent, et les font appliquer sur les uns et les autres en triant ceux qui ont les bons papiers, et ceux qui ne les ont pas, en en enfermant et en en expulsant certains. Ces frontières servent à maintenir un ordre social prospère à cet État-nation qui quotidiennement nous réprime. Il n’existe aucune émancipation possible dans le répertoire nationaliste, car toujours la nation, la plus progressiste et révolutionnaire pourrait-elle se présenter, viendra avec son cortège de tri, de xénophobie, de maintien de l’ordre et d’appel au sacrifice patriote. Ça, la gauche parlementaire et extra-parlementaire l’a bien compris, et c’est pourquoi elle promeut des identités nationales et patriotes (voire même un « communisme patriote », beurk !) qu’elle voudrait bien distincts des références traditionnelles de la droite, mais c’est surtout pourquoi elle appelle à se mobiliser contre l’État « fasciste et raciste », contre le fascisme et le racisme dans le monde, mais jamais contre les nationalismes qui dès lors prospèrent démocratiquement avec des lois anti-immigration et des budgets d’armement que, demain, cette gauche au pouvoir saura très bien faire perdurer en changeant légèrement la rythmique du discours, mais jamais le fond. Le 18 mars, c’est bel et bien la nation française, avec ses actuels lois et fonctionnements que nous ne pensons pas « fascistes », mais banalement et tristement démocratiques, qui a rendu possible l’expulsion de la Gaîté Lyrique, le contrôle et l’arrestation de plusieurs mineurs (une soixantaine d’interpellés), la condamnation à des OQTF et le placement en CRA. C’est une mairie de Paris bien de gauche qui a fait son sale travail de gauche habituelle : s’afficher verbalement et à peu de frais comme soutien, voire comme allié pendant un temps, puis s’afficher verbalement comme soutien nécessaire de l’expulsion présentée comme inévitable. La gauche est experte en discours qui enchantent les oreilles tandis que l’ordre social se maintient, la gauche adore les mobilisations outrées et scandalisées dans le verbe qui en reste à une non-attaque des mécanismes concrets de tri et de domination. Lutter contre les tendances fascisantes du XXIème siècle, contre l’extrême-droite qui en effet se refait partout dans le monde en ce moment une nouvelle jeunesse, ne se fera pas sans considérer que toutes les tendances de gauche qui valorisent des formes de nationalismes et de patriotisme progressistes contribuent à la banalisation de cette mythologie mortifère. Nous n’en finirons jamais avec les insupportables expulsions et répressions qui visent tous ceux qui n’ont pas les bons papiers si nous ne nous attaquons pas à la machine nationaliste dans son entièreté. Ne nous laissons pas duper par les discours de mobilisation qui ciblent le racisme et le fascisme sans voir qu’ils ne peuvent perdurer au quotidien sans les rouages de base des États-nation. Une France anti-fasciste et anti- raciste, insoumise et progressiste serait toujours une France, c’est-à-dire un territoire où l’on se fait exploiter et contrôler. Si ce printemps devait nous ramener un peu de vivacité, de révolte et conflictualité, nous l’espérons et l’agiterons irrévérencieux, anti-national et anti-patriote ! Que la France crève, crève et re-crève.

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Programme de mars à mai à la bibliothèque des Fleurs Arctiques

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Pendant ce programme à la bibliothèque des Fleurs Arctiques, nous discuterons des relents du nationalisme, à droite comme à gauche, de notre rapport à l’illégalité et à la question du crime organisé, et enfin à la question de l’euthanasie en rapport avec les prochaines législation autour de l’« aide active à mourir ».

Nous projetterons lors du ciné-club : Claire Dolan, A Dark Song, Birth, The Wicker Man et Zélig

Le démontage judiciaire de ce programme se fera autour de l’Affaire des 17 suite au campement No Border de Strasbourg en 2002, et aura lieu samedi 29 mars.

Les permanences auront lieu le jeudi de 16h à 18h.

Les groupes de lecture auront lieu le dimanche à 16h30

Nous vous invitons également à une soirée de soutien/projection de nanar à la bibliothèque le samedi 31 mai !

Nique la France, discussion autour du nationalisme

Vendredi 21 mars – 19h30

Aujourd’hui, on assiste à une tendance qui monte dans le discours et les actions des politiques et des bourgeois des divers camps politiciens qui nous gouvernent. Partout, la petite musique du nationalisme se répand jusqu’à devenir symphonie, les conservateurs sont à la grosse caisse mais la gauche n’est pas dans l’orchestre que pour sonner le triangle !
Le capitalisme ne fait plus (et depuis bien longtemps!) rêver dans les chaumières. Se tuer au travail, s’entasser dans des métros ou des studios, subir le harcèlement de France Travail, il n’y a rien à en tirer et tout le monde le sait !
Alors, l’Etat et le Capital sortent d’autres cartes, vieilles comme le monde… C’est la dette française qu’il faudrait sauver, ou bien la souveraineté industrielle, pérenniser NOTRE modèle énergétique, NOTRE esprit d’entreprise, NOTRE démographie, NOTRE secteur industriel, enfin bref, la France a besoin de vous ! Demain, peut-être sur le champ de bataille comme hier, mais aujourd’hui déjà, à l’usine ou au bureau !
Hier, l’Etat a tenté de mettre au pas la jeunesse et de l’embrigader dans des services militaires 2.0, le SNU, et a dû abandonner face aux contestations. Aujourd’hui, face à Poutine ou Trump, il invoque l’effort patriote et nous invite à s’engager pour la nation d’une manière ou d’une autre, en créant des “épargnes patriotes” ou en investissant dans l’industrie militaire française. Ca produira des missiles, ça créera de l’emploi et de la richesse et tout ceci est FRANÇAIS : ça tombe mal, ça résume tout ce qu’on déteste !
Ce que le pouvoir cherche dans la nation, c’est une épaisseur morale qui maintienne l’ordre, une fiction qui garantisse la paix sociale dans la société et justifie la guerre contre d’autres nations, la colonisation du monde, l’imposition de ses normes, la mise au travail pour une cause.
Le nationalisme et son corollaire, le patriotisme, ont toujours été un moyen pour créer des catégories fictives, concurrentes entre elles que ce soit sur le champ de bataille, quand il est alors matérialisé par la plus dégoûtante et tragique de ses formes, mais aussi sur d’autres terrains : la concurrence économique, le sport, la culture…
Des catégories fictives, sur seule base d’un bout de papier, ou d’une “identité culturelle” uniforme fantasmée, qui ont toujours détourné l’attention des réelles oppositions qui traversent ce monde : celle des pauvres et des riches, celle des décideurs bourgeois et des administrés, celle des laquais et des révoltés.
Le nationalisme est bien sûr évoqué par les fafs ou les conservateurs mais la gauche n’est pas en reste dans toute cette entreprise. Elle invoque cette figure pour un autre argument que l’on entend de plus en plus ces temps-ci : la nation serait un affect qui parle aux masses, susceptible d’être le noyau d’un mouvement social fédérateur car les gens s’y retrouveraient, ça les rassurerait. Voilà même que des réacs de gauche qui tentent depuis longtemps de capitaliser sur l’identité comme Bouteldja, s’attaquent maintenant à ressusciter le patriotisme français, qui aurait été dissous par la mondialisation et qu’il s’agirait de ressusciter et faire de celui-ci la nouvelle voie vers la révolution (une révolution qui serait faite avec LFI donc…), par le concept fumeux de “communisme patriote” (quelqu’un lui a dit qu’on avait déjà le PRCF pour ça et que ça a toujours été de la merde stalinienne?) ou du Frexit décolonial.
Mais fédérateur de qui ? Des français… Argh ! Et pour quoi faire ? De la France… Beurk !
Est invoquée alors l’histoire des luttes, des gilets jaunes à la Commune en passant par la Révolution Française, pour expliquer combien la France, pourrait être, ou est déjà, ou a toujours été, le véritable outil qui nous émancipera du Capital, ou en tout cas, qu’elle est un passage (éternel?) obligé pour mener à un soulèvement.
Mais ces mouvements évoqués ne peuvent évidemment pas être résumés par leurs composantes patriotes ou nationalistes, en conflit avec d’autres composantes. C’est du rackett politique que de faire croire que ce qui a mis en mouvement ceux qui se sont révoltés est un affect patriote.
La nation peut-elle être révolutionnaire ? Certainement oui, si l’on comprend la révolution comme ce qu’elle a déjà été dans d’autres époques comme en URSS, mais une révolution nationale et nationaliste, nécessairement autoritaire par conséquent, ne nous émanciperait pas de l’État, de ses frontières, de sa police, de sa justice, de ses papiers et des exclus qu’elle crée tous les jours à la pelle.
Venez donc le 21 mars à 19h30 pour réfléchir à la montée contemporaine du nationalisme, discuter des impasses où elle conduit les mouvements sociaux, et surtout pour réfléchir à des façons actuelles et urgentes de s’opposer à ces discours et ces pratiques, pour cracher sur la France et toutes les nations !

Illégalisme & crime organisé

Samedi 5 avril – 17h

On voit poindre de temps en temps des réflexions qui voudraient que les révolutionnaires se fassent les pourfendeurs du « crime organisé ». C’est une vision très partagée et ancienne qu’on retrouve depuis les relents les plus nauséabonds du stalinisme jusqu’aux classiques soc-dems travaillistes, et qui voudrait que les pratiques illégales soient le fait d’un « lumpen » toujours prêt à trahir l’unité des travailleurs, cette sacro-sainte unité qui se forme autour du travaillisme, de la médiation syndicale et des marches en manif sans remous ni aucun effet sur l’existant. Se placer du côté de l’illégalisme est pourtant un minimum fondamental pour toute personne rêvant d’abattre ce monde qui ne fonctionne que parce que la loi existe, et qu’un Etat, avec sa police, ses prisons, et ses cours de justice sont là pour la faire respecter. Qui croirait ici que la destruction de l’existant pourrait un jour s’appuyer sur des pratiques qui ne sortiraient pas radicalement des clous de la légalité et de la pacification sociale ?
Nous savons aussi les liens que peuvent entretenir les organisations illégales et les entreprises qui exploitent à tour de bras quotidiennement, et il est intéressant que nous réfléchissions à ces différents liens. Il est certain que l’émancipation face au capitalisme, à l’exploitation, à l’argent n’est pas à chercher dans les pratiques des mafias comme dans aucune pratique autoritaire (notre problème étant bel et bien l’autorité, certainement pas l’illégalité…). Mais dans quel monde le chemin vers la révolution serait de servir d’auxiliaire aux forces de l’ordre et ainsi de faire la chasse au « crime organisé » ?
Si ce monde tourne rond, si le capitalisme suit sa marche quotidienne, si l’Etat conserve sa mainmise et organise sa répression de tout ce qui déroge à l’ordre social, est-ce en raison des pratiques illégales, ou plutôt de pratiques tout à fait légales et instituées, telles que le travail, le placement en prison, les procès des tribunaux, l’achat, la vente, l’expropriation, la surveillance, la guerre etc, etc … ? N’est-ce pas toujours plus pertinent d’axer notre critique sur ce qui reconduit et reproduit les logiques capitalistes et légalistes, et de réfléchir, partant de cette base minimale, au « crime organisé », à ses liens complexes avec la subversion et la conservation de l’existant ? Nous proposons d’en discuter le 30 mai à 19h30, dans un contexte où la répression en France tente de se doter au niveau législatif d’un nouvel outillage anticriminalité par le biais de la loi dite « narcotrafic » adoptée pour l’instant par le Sénat le 4 février 2025, et qui n’est pas sans concerner tous les ennemis de l’Etat dont font partie les révoltés. Un Parquet national anti criminalité organisée (PNACO) serait créé sur le modèle du Parquet national anti terroriste, accompagné de plusieurs mesures de surveillance et de répression qu’il sera important de comprendre et combattre. Comme toujours, en France comme ailleurs, les luttes policières et judiciaires qui ciblent telle frange de l’illégalisme (ici le narcotrafic par exemple) concernent en vérité toute la population. Le statut de « repentis », largement exploité en Italie de la mafia aux militants anarchistes et autonomes, serait justement repensé également en France sur le même modèle. Ne laissons pas se peaufiner les rouages étatiques anti-criminalité !