La déconstruction du judiciarisme, ça commence quand ?

Vendredi 3 février 19h30

Vendredi 17 février 19h30

« Sans avoir connaissance des termes de l’accusation ni, à plus forte raison, des suites qui pourraient lui être données, il lui fallait se remémorer toute sa vie, jusque dans les actes et les événements les plus infimes, puis l’exposer et enfin l’examiner sous tous ses aspects. »
F. Kafka, Le Procès

S’opposer à la Justice, en tant qu’institution, ainsi qu’à tout ce qui permet à cette machine à broyer de fonctionner, ses tribunaux, ses prisons, ses « peines alternatives », sa PJJ, ses JAP, sa psychiatrie de boucher, mais aussi à tous ceux qui la font vivre et agir, ses juges, ses procureurs, ses experts psychiatres, et bien sûr aussi à la police sur laquelle elle s’appuie, c’est une évidence pour tous ceux qui veulent en finir avec l’Etat et le capitalisme. Parce qu’elle est le pilier central de la défense de la propriété privée et des prérogatives de l’Etat, parce qu’elle sert les intérêts du capital, parce qu’elle menace directement tous ceux et toutes celles qui luttent, ou même simplement qui dévient de la voie royale de misère et d’obéissance qui est toute tracée. Mais entre révolutionnaires commencent les débats pour savoir si ce faisant on s’oppose à toute justice, toute prison, toute police, ou si c’est à celle de l’Etat actuel, et si on doit bien se résoudre à imaginer une utopie révolutionnaire avec une justice révolutionnaire, des prisons révolutionnaires, des experts psychiatres révolutionnaires, etc. On peut tout aussi bien remplacer « révolutionnaire » par « populaire » ou « du peuple ». A ce niveau-là, on peut dire que le débat est vite tranché, entre des conceptions autoritaires, qui s’opposent à l’Etat mais imaginent , que ce soit par pauvreté d’esprit ou par passion pour le pouvoir d’ailleurs, que des formes de justice et de coercitions ne peuvent que perdurer, et des conceptions anti autoritaires qui voient dans ces réinstitutions le début de la fin de toute émancipation. Le débat est vite tranché, certes. Mais il n’est pas forcément inutile de le raviver alors que certains révolutionnaires d’aujourd’hui continuent à rêver ouvertement d’une vraie Justice populaire avec ses bonnes prisons du peuple. De manière moins brutale, on retrouve aussi dans les aspirations à des formes de « justice alternative » trouvant bien souvent leur modèle dans des fantasmes de formes judiciaires passées, éloignées, voir « primitives », une manière de critiquer la Justice instituée comme n’étant pas la bonne justice, celle qu’on pourrait construire avec un peu de bonne volonté, une Justice vertueuse, enfin au service du Juste.
Ce que nous voudrions mettre en discussion est à un autre endroit de la réflexion sur le rapport au judiciaire, et ce que nous cherchons à couper à la racine, c’est bien le Juste lui-même, au-delà de critiquer ou de valoriser les formes anecdotiques de justice d’ici ou d’ailleurs. Quand nous parlons de « judiciarisme », nous cherchons à nous attaquer à tout ce qui judiciarise, à tous les niveaux de la vie, celui des institutions d’Etat, mais aussi dans les rapports familiaux, politiques, interpersonnels… Tout ce qui a aussi bien été intériorisé par les individus et qui se manifeste par des attitudes innocentistes ou (auto-)accusatrices. En effet considérer qu’il y a « judiciarisme », c’est considérer que l’institution judiciaire trimballe avec elle, au-delà de ce qui lui permet de fonctionner, une idéologie, un rapport au monde, qui, comme toutes les facettes du pouvoir qu’elle cherche à maintenir, se donne pour évident, presque naturel, et sert de miroir aux alouettes, ou de piège dans lequel tombent les révolutionnaires judiciaristes cités plus haut, qu’ils soient autoritaires ou anti autoritaires. Le judiciarisme, c’est cette idéologie intégrée qui considère que, quoiqu’on en pense, il y a des coupables et des innocents, qu’il est impossible de faire son deuil ou de réparer les conséquences d’un acte sans que quelqu’un soit condamné pour l’avoir commis, faisant même du procès une sorte de moment nécessaire du soin, et qu’en somme le fait de juger, de condamner et de punir sont des processus nécessaires à toute vie sociale. Le judiciarisme est par exemple très présent dans le rapport à l’éducation des enfants, avec la prévalence des vertus éducatrices de la récompense et de la punition. Il s’instaure même informellement dès lors que la régulation des conflits passe par l’établissement d’une culpabilité et la mise en œuvre d’une peine. Il pointe son nez dès qu’on se met à considérer qu’une justice serait apte à déterminer la vérité, comme en témoignent les comités « Vérité et justice pour » qui se sont succédés ces dernières années. Le judiciarisme est aussi un dispositif central de tous les systèmes moraux ou religieux, et si la justice de Dieu s’oppose à celle des hommes, il s’agit toujours de faire en sorte qu’une instance détienne le pouvoir de juger, de condamner et de punir. Que cette instance soit déifiée ou collective et autogérée, il s’agit toujours de valider qu’il y a besoin de juger, de condamner et de punir.
Mettre en discussion la question du judiciarisme c’est se demander comment aller au-delà du fameux « ni coupable ni innocent » et cesser réellement de réfléchir en termes d’innocence et de culpabilité. C’est identifier la place et le rôle du jugement et de la punition dans les rapports y compris extra-judiciaires, c’est aussi mesurer à quel point cesser d’intégrer ces principes comme naturels ouvre des perspectives émancipatrices que toute volonté de juger, de condamner et de punir referme immédiatement.

La Planète interdite

Lundi 6 février 19h30

Fred M. Wilcox – 1956
VOST (USA) – 98’

Dans un cadre de science fiction de type soap opera particulièrement réjouissant, ce film culte est avant tout l’histoire d’une transgression. En 2257, John Adams, dirige son vaisseau vers la planète Altaïr IV pour porter secours aux membres d’une expédition précédente disparus dix-neuf ans plus tôt avec leur vaisseau d’exploration, le Bellérophon. Alors que le vaisseau est en approche, le professeur Edward Morbius, ancien membre de l’expédition perdue, tente de dissuader fermement John Adams de se poser sur Altaïr IV : il n’a pas besoin d’aide et il ne pourra garantir la sécurité de l’équipage. Porté par son courage indiscernablement mêlé à une curiosité qui confine à l’ubris antique, John Adams décidera pourtant d’attérir sur la planète interdite. Si nous nous intéressons à ce film culte dont le scénario parcourt un lieu commun (l’épuipe qui part porter secours à une précédent équipe d’exploration disparue), sorti en pleine guerre froide, qui marquera et initiera bien des stéréotypes du genre, ce n’est pas seulement parce que c’est le premier film de science fiction en couleur et en cinémascope, ni parce que c’est aussi le premier film de science fiction dont la bande son, grandiose, utilise exclusivement des instruments électroniques (theremine, ring modulators, etc.), ni même pour l’esthétique géniale de son robot devenu lui même culte. Si ce film nous intéresse c’est avant tout parce que, deux ans à peine après la sortie du premier Godzilla, et 20 ans après King Kong auquel son affiche fait un clin d’oeil appuyé, on peut le voir aussi comme une première exploration du kaïju allégorie de l’inconscient, auquel l’univers fantastique donne vie, puissance et capacité incontrôlable de destruction. On peut citer le film Colossal qui explore aussi cet aspect du film de Kaïju, présent de manière beaucoup moins centrale dans les autres films d’un genre auquel La Planète interdite n’est pas ouvertement rattaché, entre autres parce que c’est surtout la science fiction qu’il a marqué. Le film, qui foisonne de références hétéroclites, de King Kong pour l’affiche aux mythes antiques (Bellerophone, la Gorgone, etc.) en passant par la Tempête de Shakespeare pour le scénario ou Jules Verne pour le mystérieux et tout puissant créateur de monde Edward Morbius, sorte de Capitaine Nemo de l’espace, est surtout porté par la mise en histoire des théories de l’école psychanalytiques de Jung, ce qui le relie aussi à Crisis Jung projeté il y a quelques temps à la bibliothèque. On passera donc 1h30 à explorer les méandres inconscients de la transgression, en compagnie de « the monster from the It », « le monstre venu du ça », comme le film lui-même le nomme…

Les diables

Lundi 6 mars 19h30

Ken Russell – 1971
VOST (Royaume-Uni) – 117’

Victime dès sa sortie des foudres de la critique, du public et des censures de tous pays, Les diables de Russell nous met face à une Bible de subversion religieuse dont les pages semblent avoir été trempées dans du LSD ; il nous met face à des images à double, triple voire quadruple sens, dont le kitsch chargé d’érotisme n’aurait pas déplu à Jérôme Bosch, maître des tableaux à clefs ; il nous offre le spectacle hallucinant d’une cité de Dieu flamboyante d’hérésie frénétique et carnavalesque. Jusqu’alors, le goût du scandale qui aiguillonnait Ken Russell n’avait produit que des documentaires peu intéressants ou des films à demi bâclés faute de financements qui lui eussent permis de le satisfaire jusqu’au bout. Le bouillonnement de la fin des années 60 lui ouvrit la voie d’un premier succès (Love) et le financement de plusieurs autres films sortis durant la même année de grâce 1971, dont celui qui nous intéresse.
Les Diables (qui sera projeté dans sa version non-censurée) retrace un fait divers qui agita une France du XVIIème siècle déchirée par les guerres de religion. Urbain Grandier, l’abbé libertin de Loudun, prétend protéger ses ouailles des hérésies qui contaminent l’Europe chrétienne. L’inquisition envoyée par le cardinal Richelieu découvre rapidement ce qu’il en est en interrogeant Jeanne des Anges, mère supérieure du couvent des Ursulines, qui avoue être possédée par l’abbé. Mais là où les inquisiteurs s’attendent à ce qu’elle sombre dans les méandres de la pénitence auto-mortificatoire en acceptant leur sentence, c’est le contraire qui se produit, le désir que Jeanne éprouve pour l’abbé ayant été exacerbé sous la torture. La chape de plomb religieuse s’effondre alors chez les nonnes qui s’adonnent à des orgies spectaculaires ; bientôt, c’est toute la ville de Loudun qui est libérée des carcans religieux, ses habitants réalisant au grand jour dans la cité aux murailles blanches les désirs qu’ils laissaient inassouvis ou ne réalisaient honteusement qu’à la faveur de la nuit, à l’ombre des églises. Mais ce qui se présente pour Richelieu comme un cas de possession collective par le diable et son lieutenant Grandier ne saurait rester longtemps impuni…

Entre théorie et intervention, regard sur l’épisode révolutionnaire de la Makhnovtchina

En raison du mouvement social et des appels à manifestations qui tournent pour se rassembler ce soir sur Paris, pour ne pas laisser retomber l’élan de révolte qui a explosé hier, la discussion initialement prévue ce soir à 19h30 est reportée à une date encore inconnue

Vendredi 17 mars 19h30

Aux Fleurs Arctiques nous nous sommes intéressés à plusieurs reprises à la Révolution bolchevique de 1917, c’est à dire à la prise du pouvoir en Russie par Lénine et son parti, et bien plus encore aux insubordinations et révoltes nombreuses et violentes qui ont eu lieu à l’encontre du parti communiste, et à leur répression. Nous pensons qu’il est important et utile de réfléchir collectivement à ce moment complexe de l’histoire des luttes, afin de mieux le comprendre et d’être ainsi capable d’en tirer des leçons au présent, au sein des luttes actuelles. Entre insubordinations, mouvements massifs ou marginaux, récupération et répression léninistes, espoirs et déceptions, cette période revêt mille facettes et les manières de s’y intéresser sont multiples ; c’est aussi bien un épisode qui a fait couler beaucoup d’encre chez les anarchistes, les communistes, autoritaires ou antiautoritaires, et les socdems.
Nous nous sommes déjà intéressés à la question de la possibilité de mettre en œuvre une perspective anti-autoritaire en période révolutionnaire par le biais de l’expérience que Victor Serge a laissé à la postérité des mouvements révolutionnaires. Cette fois-ci, nous allons en discuter à partir de l’intervention de Nestor Makhno, un anarchiste bien connu qui a été le meneur d’une armée en Ukraine qui au départ soutenait les bolchéviques contre les Blancs, avant qu’ils n’aient pressentis en eux les ennemis de demain et se soient mis à combattre contre eux. Plutôt que de sa vie privée ou de son iconographie, de son allure de révolutionnaire ou de son regard perçants, c’est bien de son intervention et de celle de ses compagnons et soldats dont il s’agira de parler, intervention qui ne pourrait se résumer en une phrase ou un dogme puisqu’elle a été changeante, parfois contradictoire, mais toujours dans une perspective révolutionnaire interventionniste. Avec la fin de sa vie, en France, s’intéresser à Makhno sera aussi une manière d’aborder ensemble les débats de l’époque qui n’ont pas rien à voir avec ceux de la nôtre, entre plateformisme et synthèse, refus de la forme d’organisation « parti » ou non, anarcho-léninisme et anarchisme anti-autoritaire, et bien d’autres encore.
Et puisque nous ne sommes résolument pas des historiens, ce détour par le passé lors d’une discussion publique nous permettra aussi de travailler ces autres questionnements, plus larges, qui circulent à la bibliothèque et ailleurs : comment nous rapportons-nous, dans une perspective militante et non pas historienne, à l’Histoire, et donc à des révolutionnaires du siècle dernier comme Makhno ?

Perfect Blue

Lundi 3 avril 19h30

Satoshi Kon – 1997
VOST (Japon) – 81’

Mima, une chanteuse de pop et idole japonaise décide de quitter son groupe afin de se lancer dans le cinéma, un choix complexe puisque sa personnalité de pop-star est plus qu’appréciée et cette transformation de carrière va grandement décevoir une partie de sa fanbase. C’est donc pleine de doute qu’elle commence à jouer dans une série. Mais un inconnu se faisant passer pour elle alimente un mystérieux site internet qui décrit la moindre de ses angoisses, mais aussi ses faits et gestes, de plus un colis piégé lui est envoyé durant un tournage, une succession d’action malveillantes qui vont la pousser dans une paranoïa hallucinatoire.
Ce thriller de Satoshi Kon nous invite à une réflexion sur le rapport aux célébrités qui se trouve totalement transformé par internet et les réseaux sociaux, sur le harcèlement de cours de récré qui se poursuit mais dans l’anonymat et à une échelle industrielle, sur les gens qui vendent leur image jusqu’à en crever comme d’autres vendent leur force de travail. Un questionnement traversé par l’image et la projection que l’on se fait de ceux qui vendent leur image et qui se retrouvent projetés.

Une journée particulière

Lundi 17 avril 19h30

Ettore Scola – 1977
VOST (Italie) – 105’

Le 6 mai 1938, Hitler rencontre Mussolini pour la première fois. Cette journée particulière, Ettore Scola nous la raconte du point de vue de deux personnes qui se voient forcées de rester à la maison lors de cet événement : Antonietta, mère de famille soumise au devoir conjugal, et Gabriele, présentateur de la radio nationale viré pour son homosexualité et menacé à tout moment d’être déporté. Avec en fond sonore la retransmission radio de l’événement, on voit Antonietta et Gabriele se défier l’un de l’autre, se rapprocher, se comprendre — se rencontrer, enfin, avant que la fin de la journée ne les ramène à la dure réalité du fascisme galvanisé désormais par cette autre rencontre…
Si jusque-là, Scola nous avait plutôt habitués à des comédies satiriques à l’italienne où le fascisme était seulement effleuré (Nous nous sommes tant aimés, Affreux, sales et méchants), ce drame intimiste est l’occasion pour lui de revenir sur là-dessus en nous montrant subtilement ce qu’il fut vraiment pour de nombreux individus : non simplement un régime politique populiste et autoritariste, mais le règne souverain d’un conformisme basé sur la peur de la déviance et des personnalités atypiques. En cela, le film pose une question que même les fétichistes du concept qui aiment circonscrire le fascisme à une période et un régime politique pourront apprécier à travers ce film  : sommes-nous réellement revenus du fascisme ?

Présentation d’une brochure contre la recherche

Vendredi 21 avril 19h30

Les occupations d’université sont un « classique » des mouvements sociaux (de Mai 68 aux occupations de l’entre-deux-tours d’avril 2022) qui amènent nécessairement avec elles des conflits et questions plus ou moins intéressants autour de la recherche et de l’université.
Nous proposons ainsi une brochure contre la recherche afin de réaffirmer une critique féroce de l’université et des idéologies et pratiques qu’elles véhiculent, critique nécessaire à toute perspective révolutionnaire et émancipatrice.
La présentation de la brochure pourra être le point de départ d’une discussion sur les liens et sur les ruptures qu’il y a pu avoir dans le passé entre révolutionnaires, milieux subversifs et université, et sur ce qu’il en est aujourd’hui. Si nous aspirons à trouver une forme d’autonomie et à garder active la conflictualité vis à vis du savoir produit par l’université, force est de constater qu’aujourd’hui une porosité entre les revendications et mots d’ordre des mouvements sociaux et les thèses universitaires nous invite à réélaborer de toute urgence des pratiques et idées en rupture avec celle-ci.

Réouverture de la bibliothèque / Projection du film Big Boss lundi 9 janvier à 19h30

La bibliothèque des Fleurs Arctiques rouvre ses portes lundi 9 janvier à 19h30
avec la projection du film Big Boss de 1971 réalisé par Lo Wei :

Cheng Chao-an débarque de Chine en Thaïlande par bateau afin de bosser
dans une usine de glace où d’autres travailleurs chinois immigrés se
cassent le dos. Ce travail éreintant n’offre que peu de moments de vie à
nos protagonistes. Un ras-le-bol général des ouvriers attisé par les
magouilles du patron de l’usine provoque une grève. Cheng Chao-an se
fait alors acheter par le patron et les contre-maîtres et aide à
réprimer la grève à laquelle tous ses proches participent, mais
lorsqu’il réalise que ses chefs sont ses ennemis et que ses camarades
qu’il a réprimé dépérissent Cheng Chao-an se met à voire rouge et va
incarner la colère de ces ouvriers en lutte.
Bagarre, grève, bagarre et cassage de casseurs de grèves le tout teinté
de la poésie naïve de notre personnage principal que la dureté des
rapports de domination va par empathie et camaraderie élever contre les
patrons et les maîtres.

La suite du programme sera disponible sous peu, au plaisir de vous
retrouver nombreux !

Les Fleurs Arctiques

Fermeture hivernale

La bibliothèque est fermée durant la période des vacances de Noël.

Le prochain programme est en préparation et sera annoncé d’ici peu.

Si vous êtes de passage sur Paris exceptionnellement, vous pouvez toujours nous contacter par mail à lesfleursarctiques@riseup.net pour éventuellement récupérer ou déposer des brochures, des livres.

A très bientôt,

LES FLEURS ARCTIQUES

Démontage judiciaire – L’affaire Pierre Rivière

Samedi 10 décembre à 17 h

 

Le 3 juin 1835, Pierre Rivière, un paysan de 20 ans originaire du Calvados, tue à coups de serpe sa sœur, son frère et sa mère enceinte de 6 mois. Suite à une cavale de près d’un mois à pied entre les forêts et les villages voisins, il se fait arrêter et enfermer. Le procureur du roi suggère à Pierre Rivière de justifier son acte par écrit, ce qui le pousse à écrire un Mémoire qui sera une pièce maîtresse d’un procès qui suscitera toutes sortes d’attentions (judiciaires bien sûr, psychiatriques, mais aussi philosophiques avec les travaux d’Arlette Farge et de Michel Foucault entre autres). Durant l’instruction, de longs débats sur sa potentielle aliénation, au moment où il a commis l’acte, et de manière générale, ont lieu pour savoir s ‘il passera ou non en procès, si son état lui permet d’être jugé ou s’il doit être considéré comme irresponsable. Ces débats seront aussi déterminants durant le procès pour savoir s’il sera condamné ou non à mort, peine à laquelle il sera finalement condamné, à la fin d’un long procès, mais avec la possibilité d’un aménagement de peine, 6 des jurés étant finalement favorables à prendre en compte des circonstances atténuantes. Son pourvoi en cassation est rejeté mais Louis Philippe commue sa peine en prison à perpétuité. Pierre Rivière, qui se considérait comme déjà mort, se suicidera le 20 octobre 1840 dans une cellule de la prison de Beaulieu, à Caen.

Cette affaire de parricide, commise par celui qui fut considéré à l’époque comme un monstre, nous intéresse à plus d’un titre. Elle suscite en nous plusieurs interrogations. Quel est ce rejet viscéral mêlé à une fascination qu’il suscite dans la population ? Pourquoi la question de la personnalité du fou a-t-elle pris une telle importance pour l’appareil judiciaire ? Qu’est-ce que ces débats autour de l’irresponsabilité pénale ont d’actuel ? Qu’est-ce que cette affaire nous dit de la famille et de son enfermement pathogène ? De quoi se représentait-il que ce parricide et fratricide allait le délivrer ? Comment Pierre Rivière intègre-t-il le discours du droit (notamment celui de la propriété et de l’héritage) dans l’espèce d’autobiographie qu’il produit à cette occasion ? Ce faisant, le déborde-t-il ou reste-t-il dans ses acceptions ? Qu’est-ce que cela nous dit de la vision singulière que Pierre Rivière a de la société et du droit qui la régit ?

Consultez ou téléchargez les documents réunis à cette occasion ici