Themroc

Mardi 12 décembre 19h 19h30

Claude Faraldo, 1973, 110’

Un ouvrier habitant dans une cité de banlieue s’évade de son travail mais aussi de la société en retournant à la sauvagerie, la radicalité de cette révolte contre toutes les dimensions aliénantes de l’existant fait tâche d’huile et ouvre une brèche de chaos dans la normalité du monde du travail, de la morale, et même du langage puisque le film fait déjà rupture par le choix de ne proposer aucun dialogue parlé, les personnages s’exprimant par borborygmes. Inscrit, comme L’an 01 de Doillon adaptant une bande dessinée de Gébé qui sort la même année, dans le sillage contestataire et libertaire post 68, ce film, expérimental et sans limites par bien des aspects, va très loin dans la transgression puisque inceste et anthropophagie feront partie de la rupture avec l’ordre du monde (mais peut-on encore parler d’anthropophagie puisqu’il s’agit de manger un flic et que ce film date d’une époque où on est visiblement pas obligé de rester poli avec la police ?). Le traitement globalement comique de cette farce acide montre un usage provocateur du cinéma dont on pourra discuter la portée. Reste-t-il subversif aujourd’hui ? La question se pose. Il est d’ailleurs à sa sortie interdit aux moins de 18 ans, et sera considéré comme « tous publics » à partir de 2018. Discuter de ce film nous permettra de poursuivre la réflexion, abordée à la bibliothèque à travers plusieurs discussions et projections, autour de la liquidation de mai 68, qui passe majoritairement par une forme de désactivation de fait des poussées subversives qui se sont exprimées dans les années 70 et dont ce film, apparemment irrécupérable, est un évident témoignage.