Les flics veulent des sous pour leurs passages à tabac ? Soyons présents contre leur racket et la répression

Le 13/12, trois personnes passent en procès au tribunal de Bobigny en première instance (après de nombreux renvois) d’une affaire dont les interpellations remontent au 18 septembre 2021. Deux d’entre elles sont accusées d’avoir, suite à l’intervention de la police pour faire cesser une soirée de soutien au squat le marbré à Montreuil, jeté des projectiles sur les flics, s’être rebellés à l’interpellation et d’avoir refusé de se soumettre au prélèvement d’empreintes lors de la garde à vue qui à suivi. La troisième est plus lourdement accusée par la police, puisqu’en plus de ces accusations lui est également reproché d’avoir lors de l’interpellation causé une interruption de travail de plus de 8 jours à l’un des baceux, de lui avoir pété la main. Dans cette affaire, nous tenons à montrer toute notre solidarité au camarade qui s’est fait frapper, étouffer, violemment, dans la voiture de police qui à fait un détour spécial par Gagny avant d’arriver au commissariat de Montreuil, c’est à dire une demi-heure supplémentaire menotté entouré de 4 baceux de Montreuil qui le frappent. La police, comme ça arrive régulièrement, se sert de la justice pour faire son sale boulot et pire encore, pour faire incomber au gardé à vue la faute de s’être cassé la main en frappant l’inculpé. Le policier demande d’importants dommages et intérêts à l’inculpé, pour ses séances de kinésithérapie qui ont suivies l’arrestation. Ce flic essaye littéralement de se faire payer son kiné sur le dos de la personne qu’il a défoncé, ce n’est pas une pratique nouvelle, et elle est intolérable. Dans la séquence actuelle, où l’appareil étatique et sa branche judiciaire semble particulièrement à cran sur les violences contre les forces de l’ordre, et autres rebellions en tout genre, où l’ordre social est à la fois tendanciellement mis en crise par des événements dont nous saluons l’intensité comme les émeutes ayants suivis la mort du jeune Nahel Merzouk à Nanterre, abattu pour un refus d’obtempérer, il est essentiel de montrer notre opposition aux rouages répressifs de l’Etat. La force de la matraque et de la justice ne pourront arrêter ce qui s’oppose à ce monde.

Montrons notre solidarité aux trois prévenus en étant nombreux pour leur procès, la justice n’est pas une affaire individuelle !

Solidarité ! Rendez-vous le vendredi 13/12 à 13h30 au tribunal de Bobigny pour assister au procès !

 

Programme de décembre à février à la bibliothèque des Fleurs Arctiques

Cliquez sur l’image pour télécharger le pdf du programme

Pendant ce programme à la bibliothèque des Fleurs Arctiques, nous discuterons des contestations suite aux inondations de Valence et plus généralement des mouvements sociaux post catastrophes naturelles, nous poursuivrons la réflexion contre la réaction en discutant de postmodernité et de révolution, et enfin, la dernière discussion portera sur la privatisation de la sécurité.

Nous projetterons lors du ciné-club : La piel que habito, Gangs of New-York, Le diable n’existe pas, Désordres et Le dernier duel.

Le démontage judiciaire de ce programme se fera autour de l’Affaire des 17 suite au campement No Border de Strasbourg en 2002, et aura lieu jeudi 19 décembre.

Les permanences auront lieu le jeudi de 16h à 18h.

Les groupes de lecture auront lieu le dimanche à 16h30, les deux premiers (le 1er et le 8 décembre) seront consacrés à la projection/ discussion autour du Sous-bois des insensés des entretiens avec le psychiatre Jean Oury. Le groupe de lecture du 9 février sera remplacé par une discussion sur l’actualité.

Nous vous invitons également à une soirée de soutien/projection de nanar à la bibliothèque le samedi 1er février !

Discussion sur la conjoncture politique actuelle

Dimanche 9 février – 16h30

Pour clôturer le programme actuel et anticiper le prochain, nous proposons de nous réunir à la place du groupe de lecture pour discuter ensemble de la conjoncture politique actuelle. Que pensons-nous et dégageons-nous de l’actualité en vue de discussions, de nécessités d’interventions, de débats, d’analyses ? Qu’est-ce qu’une bibliothèque révolutionnaire peut proposer afin de contribuer à l’agitation et la vivacité des perspectives de lutte ? Soyons nombreux pour prendre un peu de recul sur les temps et évènements qui passent.

Le dernier duel

Lundi 3 février – 19h30

Ridley Scott
2021 – 152’

Le Dernier duel nous plonge dans un Moyen-Âge sombre, en 1386 en pleine guerre de cent ans. Jean de Carrouges, chevalier bourru, pachydermique et très à cheval sur la législation accuse Jacques Le Gris, un jeune écuyer lettré, parvenu favoris du conte d’Alençon (un personnage très influent à la Cour), d’avoir violé sa femme Marguerite de Thibouville. Cette situation débouche sur un duel judiciaire, à mort, dont la victoire à elle seule prouve la vérité de l’accusation ou l’innocence de l’accusé. De plus si Jean perd, Marguerite sera brûlée vive pour avoir sali la réputation de Jacques Le Gris. Le film s’intéresse à la place de la femme et des rapports de genre au Moyen-Âge mais également à la fonction qu’occupe la vérité dans le cadre judiciaire. On trouvera aussi toutes sortes de mécanismes sur la manière dont la justice médiévale fonctionne qui seront décrits dans le film.
Le Dernier duel est composé en trois parties, à la manière d’un procès où nous aurons alors accès à trois points de vues, celui de Jean (l’accusation), celui de Jacques (la défense) et celui de Marguerite (la vérité).
Ce film poursuit notre cycle sur la vengeance, commencé avec Les duellistes (également de Ridley Scott) et l’Homme des hautes plaines avec comme angle ici la manière dont cette dernière a pu être dans l’histoire intégrée à des formes judiciaires.

Soirée de soutien à la bibliothèque

Samedi 1er février – 19h30

Cette soirée sera l’occasion de nous rencontrer, de discuter des luttes en cours, du projet de la bibliothèque, d’amener des tracts et brochures pour la distro de la bibliothèque, de parler de révolution, et de profiter d’une projection de nanar.
Une caisse sera disponible pour apporter un soutien aux divers charges de la bibliothèque (loyer, vitres cassées, impressions …).

Discussion sur la privatisation de la sécurité

Vendredi 24 janvier – 19h30

Le monopole de la violence et de la sécurité est théoriquement détenu par l’État ; il le fixe par ses lois, ses flics. Cette question semble toutefois évoluer ces dernières années, notamment depuis la guerre en Irak où des sociétés de sécurité privée sont employées lors de ce conflit par les États-Unis dans une forme de sous-traitance militaire. Depuis, ces sociétés de sécurité privée apparaissent progressivement partout dans le monde, bien que surtout en Russie et aux États-Unis et voient se renouveler ainsi une forme nouvelle de mercenariat. Ces sociétés privées, qu’elles soient russes comme le bataillon Wagner ou américaines comme Academi se développent et changent à la fois la manière dont les guerres d’aujourd’hui se déroulent mais également la manière dont la sécurité interne des États est pensée. En effet, les récents Jeux Olympiques en sont un exemple récent : le business de la sécurité est en plein boom depuis les années 90 et le développement des techniques de surveillance comme les caméras, les algorythmes utilisés pour traiter les données, y participe grandement. Ainsi, durant ces jeux et les mois qui l’ont précédé, France Travail a activement cherché à recruter dans ce secteur en finançant uniquement des formations liées à la sécurité, afin de garnir la ville de vigiles.
Du côté de la sécurisation des villes, on a vu aussi certaines mairies, comme celles de Nice, Montpellier ou Toulouse par exemple, faire appel à des sociétés privées ou semi-privés, et assermenter des agents pour lutter dans certains quartiers contre « l’insécurité ». On peut également noter l’apparition des GIPS (groupe d’intervention prévention protection), une société privée financée par la mairie de Paris chargée d’effectuer des rondes autour des principaux bailleurs parisiens. Ceci est à mettre en lien avec la récente loi Kasbarian dites « anti-squat », largement en faveur des propriétaires et qui facilite les expulsions locatives et les squats. . Ce sont donc en partie des entreprises privées qui se chargent de faire appliquer des mesures et lois gouvernementales.
Tous ces changements récents dans la manière dont la sécurité se pense et se développe peuvent s’analyser comme la poursuite d’une politique libérale qui depuis les années 80 réduit le rôle de l’État dans l’économie pour favoriser le développement de la propriété privée, cette dernière étant un socle plus que fondamental du capitalisme. La privatisation de la sécurité est donc un moyen pour l’État et le Capital de s’accorder face aux transformations de l’économie qui s’est opérée ces quarante dernières années. C’est pour cela que l’on retrouve cette privatisation de la sécurité dans des aspects multiples qu’ils soient militaires ou civils (dans les commerces, les entreprises, les bâtiments et logements).
On peut mentionner également que cette privatisation de la sécurité va parfois avec l’encouragement dans le discours politique de formes de sécurités citoyennes. On pense par exemple à l’apologie des milices qui se constituent en défense de la propriété privée et de l’ordre existant comme en Nouvelle-Calédonie il y a quelques mois ou lors de délogements de squats comme à Toulouse il y a quelques années.
Bien entendu la perspective n’est pas ici la défense d’une sécurité publique, il s’agira durant cette discussion de réfléchir à ce qu’impliquent concrètement ces changements dans nos perspectives, à savoir la lutte contre le Capital et l’État.

Désordres

Lundi 20 janvier
19h30

Cyril Schäublin
2022 – 93’

Nous sommes dans la deuxième moitié du XIXème siècle, précisément dans les années 1870, et Pierre Kropotkine part en voyage en Europe de l’Ouest. En 1877, il atterrira à Saint-Imier, un village du Jura suisse réputé pour son usine à montre, mais aussi alors berceau de l’anarchisme. C’est dans cette ville où le temps compte et est compté que se joue l’intrigue, mettant en scène les prémices du capitalisme et notamment de son rapport au temps. Les ouvrières sont mises sous pression, on mesure chacun de leur geste pour en améliorer l’efficacité. Face à ça, les salariés de l’usine chercheront à se débattre et à s’organiser. Joséphine est l’une d’entre elles, et elle emmènera avec elle notre cher Pierre dans ce mouvement. Ce film, encensé par la critique, permet ainsi à la fois d’observer le rapport particulier du capitalisme au temps, qui plus est dans un moment où il est le moins sophistiqué, et d’interroger les représentations actuelles de l’anarchisme, dans le monde bien sage de la culture.

Postmodernité et révolution, pour poursuivre la réflexion contre les mille nuances de réaction

Vendredi 17 janvier – 19h30

Critiquer la postmodernité dans une perspective révolutionnaire reste pour nous une priorité dans cette époque où cette critique se laisse souvent glisser dans les méandres de la Réaction, laissant prospérer toutes formes de rejet de l’altérité. Nous refusons de régler cette question par des déclarations d’intention idéologiques ou du nominalisme vain, c’est donc un travail en cours, que nous trouvons important de poursuivre sous des formes diverses.
Cette discussion s’inscrit donc à la suite de celle du 24 mai dernier où était présentée la dernière brochure publiée par Les Fleurs Arctiques et Ravages Édition : « Contre la réaction, mille nuances de réacs » (on trouvera sur le site de la bibliothèque l’appel à cette précédente discussion et le pdf téléchargeable de cette brochure). Avec cette brochure, il s’agissait de partager une réflexion s’attaquant aux différentes nuances réactionnaires qui essaiment dans les milieux subversifs au sein des critiques de la postmodernité, mais ce depuis une rupture que l’on souhaite révolutionnaire et sans composition avec tout ce que la postmodernité nous semble charrier d’anti-émancipateur et d’anti-révolutionnaire (qui découle du rejet postmoderne de toute idée de transformation collective radicale possible et le centrement sur l’espace de la subjectivité comme l’alpha et l’oméga de la liberté). Cependant, on peut entendre ici ou là que la critique même de la postmodernité serait trop voire forcément sujette aux accointances réactionnaires et qu’il serait dès lors plus simple de s’en passer pour se préserver de ce risque. On peut aussi, dans la polarisation entre Réaction et postmodernité, être immédiatement catalogué «réactionnaire» indépendamment du contenu de notre critique, par une binarité qui nous semble délétère mais malheureusement souvent agissante.
Et si, avant même la polarisation et la recherche d’une rupture révolutionnaire nette et intransigeante, nous prenions le temps de penser ce qu’est la postmodernité, ce que recouvrent les termes «postmoderne», «postmodernisme», ce que la postmodernité poursuit et rejette de la modernité ? Ce serait l’occasion de revenir sur l’émergence de ce terme qui, au départ, prend sa source dans la critique littéraire et l’architecture avant d’être employée plus largement au sein des sciences humaines. Qualifiant d’abord un style dépassant la modernité dans ce qu’elle implique de tension vers le progrès, le récit linéaire et la recherche unilatérale de vérité et de finalité, ce qui est appelé postmoderne a ensuite été étendu par des penseurs postmarxistes (J-F Lyotard, Fredric Jameson notamment pour les premiers, dans les années 1970) à une dynamique historique impliquant non seulement des courants artistiques, philosophiques et scientifiques, mais des changements dans les rapports sociaux suite à l’effondrement des idéaux présents au cours de la modernité depuis les Lumières, et notamment suite à l’effondrement des grandes hypothèses telles que celle d’une révolution sociale et d’une destruction du capitalisme. La postmodernité aurait progressivement émergé au cours de la seconde moitié du XXème siècle. Ce n’est que plus récemment, depuis les années 2000, que la Réaction s’est emparée du terme pour tenter de renouveler ses contenus rances. A contrario de toute critique réactionnaire et morale de la postmodernité, nous partons davantage de l’idée que nous vivons dans la postmodernité, dans des sociétés post grandes hypothèses révolutionnaires, et qu’il s’agit dès lors d’analyser les rouages répressifs de cette dynamique sociale du capitalisme qui nous entoure aujourd’hui, plutôt que de l’idée que la postmodernité serait une théorie politique progressiste. On pourra ainsi peut-être commencer à mesurer ce que la postmodernité fait à la révolution, ce qui est au fond la seule chose qui nous intéresse vraiment et qui pourrait constituer une boussole efficace contre les errements réactionnaires. Par exemple, quand la critique de la postmodernité se focalise sur le fantasme d’une diffusion de la transidentité et du risque (?) que cette diffusion pourrait faire courir à… la famille, la binarité de genre à laquelle on est habitués et qui comme on le sait est super émancipatrice, on peut-très vite, si on reste aimanté par une telle boussole, remarquer que pointer ce type de «problèmes» c’est en fait valider et défendre ce qu’il y a de plus réac et anti émancipateur dans le monde tel qu’il est.
La postmodernité comme situation historique, donc, puisque, tout comme les camarades du passé avaient à penser leurs critiques et leurs positions révolutionnaires dans la modernité, nous avons à penser les nôtres aujourd’hui. Mais alors que la modernité canalisait, encadrait et tantôt franchement réprimait la tension révolutionnaire à travers les mythes de «grand soir» et de «progrès civilisationnel», la postmodernité tente en revanche de reléguer complètement la révolution aux oubliettes et vieilleries du passé. Nous proposons d’y réfléchir à partir d’une liasse de différents textes qui sera composée à l’occasion de la discussion.

Le diable n’existe pas

Lundi 6 janvier
19h30

Mohammad Rasoulof
2020 – 150’

Le diable n’existe pas est un film à propos de l’application de la peine de mort en Iran, parfois effectuée par les conscrits du service militaire obligatoire. Il se construit en quatre volets, qui sont autant d’histoires indépendantes les unes des autres qui présentent toutes les implications de la peine de mort dans des vies singulières. Ces quatre histoires montrent avec finesse comment naissent des révoltes et des refus d’obéir, mais aussi comment meurent toute désobéissance et comment l’accomodation avec la mise à mort punitive peut s’installer dans la vie et la conscience. La focale est mise sur la révolte ou la résignation individuelles, dans l’intimité même de personnes qui se retrouvent à un moment donné, par le travail, par le service militaire, par les relations, en contact avec l’application de la peine de mort. Il s’agit du précédent film du réalisateur qui a dernièrement présenté le superbe film Les graines du figuier sauvage qui revient sur les soulèvements en Iran après la mort de Mahsa Amini. La plupart des films de Mohammad Rasoulof n’ont pas pu sortir en Iran et lui ont valu des peines de prison, accusé d’activités contre la sécurité nationale et de propagande contre le régime.

Démontage judiciaire, Affaire des 17

Jeudi 19 décembre – 19h30

Cliquez sur l’image pour télécharger la liasse du démontage judiciaire

Saboter la machine judiciaire implique de comprendre comment fonctionnent ses rouages quand elle s’exerce, comment elle peaufine ses engrenages pour mieux nous broyer. Alors il nous a semblé pertinent de proposer des occasions de pratiquer ensemble des démontages, en se donnant le loisir d’accorder collectivement toute notre attention à des déconstructions aussi méticuleuses que possible d’affaires judiciaires précises, passées ou actuelles, pour mieux se préparer à affronter la justice et la répression quand nous nous retrouvons contraint de le faire. Chaque affaire est singulière, et toutes ou presque pourront nous intéresser, qu’elles aient défrayé la chronique, marqué l’Histoire ou qu’elles participent d’un fonctionnement quotidien d’une justice toujours trop près de la vie de tout un chacun, et on espère que comprendre ces affaires spécifiques nous permettra d’en savoir plus sur le fonctionnement de l’ensemble du dispositif, et de trouver comment s’y opposer. Concrètement, on propose un rendez- vous régulier et public (une fois par programme) pour plonger ensemble dans une affaire choisie préalablement selon les propositions ou occasions, et sur laquelle ceux et celles qui voudront le faire se seront penché en amont, à partir des documents et informations qu’on peut réunir selon les cas, pour restituer aux autres à la fois la construction de l’accusation et la stratégie de défense choisie ainsi que la manière dont elle s’est élaborée. On pourra ensuite tous discuter à partir de ces éléments, en s’inspirant des formes de prises en charge collective des défenses qui se sont développées dans les suites de mai 68, par exemple, mais sous une forme « désactualisée », hors des enjeux immédiats d’une défense réelle en cours. Pas besoin de connaissances spécifiques préalables, bien sûr, pour participer, d’autant plus que le point de vue que nous choisirons d’adopter c’est celui de tous ceux et touts celles qui peuvent se retrouver face aux tribunaux et qui ne sont pas prêts à laisser la machine judiciaire les broyer, et pas celui des spécialistes ou relais de la justice auquel trop souvent le champ libre est laissé, parce que tout est fait pour nous conduire à le leur abandonner. Il s’agirait donc au contraire de s’habituer à ne plus déserter le champ de l’élaboration collective, et de chercher à donner un sens concret à la notion de défense collective.

Ce démontage judiciaire portera sur le procès des 17 occupants de l’annexe du ministère de la Justice à Strasbourg.

Du 19 au 28 juillet 2002, plusieurs milliers de personnes venues de toute l’Europe se réunissent à Strasbourg à l’appel du réseau No Border pour un campement contre le contrôle social, prenant pour cible le Système d’Information Schengen (SIS) qui instaure le fichage des indésirables au niveau européen (sans papiers comme militants) et qui est situé à Strasbourg. Il s’agit aussi à l’époque où se multiplient les « contre sommets », de proposer de se réunir aussi nombreux mais sur nos propres échéances et enjeux au lieu de dépendre de ceux des États en acceptant des rendez-vous préparés à coup de dispositifs répressifs monstrueux (comme à Seattle, Prague ou Gênes). A partir de cette initiative auront lieu de nombreuses interventions, manifestations et attaques. Plusieurs arrestations donneront lieu à des procès mais un seul militant, Ahmed Meguini, passe en comparution immédiate et se retrouve incarcéré. Sur la base de l’équipe juridique constituée pour le campement (Il-legal team), la solidarité et la défense s’organisent pour perdurer au-delà de la durée du campement, et face à la situation particulière qui est faite au seul incarcéré (refus de parloir, isolement etc.), 17 personnes du collectif de solidarité local et de l’équipe juridique décident d’occuper l’annexe du ministère de la Justice à Strasbourg. Ils seront délogés par le GIPN et passeront en comparution immédiate pour violation de domicile et séquestration, après avoir passé 24h en prison. Libérés après la première audience sur une déclaration d’incompétence du tribunal (la séquestration dans ce cas est un crime qui se juge aux assises), le dossier volontairement gonflé par le Parquet en séquestration finira par se dégonfler en appel avec une condamnation pour chaque inculpé à 15 jours de prison avec sursis.

Au delà de reparcourir les méandres judiciaires des procès de cette affaire (dans lesquels les 17 inculpés ont réussi, malgré des divergences notables et le temps long de la justice, à rester unis face à la procédure et à empêcher ainsi de singulariser les peines), elle nous semble intéressante aussi parce qu’elle comporte l’intervention d’un collectif de défense construit sur des principes de défense collective et qu’elle s’inscrit dans une démarche globale de défense militante, dont on pourra rediscuter à cette occasion.