Lundi 10 janvier – 19h
Brian de Palma – 1981
VOSTF (USA) – 108’
Un ingénieur du son travaillant pour des films de « série Z » (John Travolta), remis en question par le réalisateur pour sa réutilisation d’une banque sonore répétitive et artificielle, se met en recherche de sons réalistes dont un cri de femme pour une scène de meurtre. Alors qu’il enregistre les bruits nocturnes dans un parc de la ville, une voiture tombe d’un pont à proximité, le son de cet accident se retrouve sur ses bandes, et, parce qu’il sauve la passagère de la noyade, le technicien devient protagoniste de l’intrigue sombre d’un thriller politique, non plus en train de se réaliser sur pellicule, mais en train d’avoir lieu. Ce serait en mixant le son de son film précédent que De Palma aurait conçu le projet de ce scénario qui, tout en jouant avec les stéréotypes du film de genre, traite à la fois de la question de l’assassinat politique qui le fascine depuis l’assassinat de Kennedy, mais aussi de la fabrication d’un film, de la part invisible mais primordiale du son dans la création des émotions chez le spectateur, et plus largement du rapport entre réalisme et réalité, entre ce qui se passe, et ce que la fiction en reconstruit. L’hommage à Blow Up d’Antonioni est rendu explicite par le titre, avec la reprise du principe de la plongée dans la matérialité d’un élément de représentation (l’image pour Blow up, le son pour Blow out) pour y trouver une trace donnant accès peut-être à une réalité autrement inatteignable. En déplaçant l’objet central de l’attention de l’image au son, ce film, saturé de références cinématographiques, ne serait-ce qu’au fameux « cri de Wilhelm » utilisé au premier ou au deuxième degré dans des centaines de films depuis sa fabrication par un ingénieur du son en 1951, dans une sorte d’hommage amoureux au cinéma qui le précède, évoque aussi Conversation Secrète de Coppola et la fascination pour le rapport entre les techniques d’espionnage, de manipulation et de surveillance développées dans l’Amérique de la guerre froide et la construction de la fiction par le cinéma. C’est donc avant tout de cinéma et d’émotion qu’il est question, dans cette quête désespérée et fatale d’une vérité fragile, entraperçue, mais finalement réinjectée dans le circuit de la fabrication de fiction qui la fait presque disparaître.