Les Fleurs Arctiques ont viré un raciste.
C’est une drôle de soirée que l’on vient de passer à la bibliothèque, ce vendredi 17 décembre 2021, à l’occasion d’une discussion sur la question du Grand Soir et la critique du léninisme. Tout a commencé très normalement. Malgré le refus de publication de notre programme sur PLI sous prétextes de « coups de pressions » imaginaires, « contre des groupes » imaginaires aussi, plusieurs personnes se sont déplacées et la discussion a été intéressante. Mais une des personnes présentes a particulièrement marqué la soirée et, donnant enfin une raison d’être à la mauvaise réputation que certains cherchent à tout prix à nous coller… nous nous sommes retrouvés à devoir la dégager du lieu et à l’inciter fermement à ne plus jamais revenir. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous écrivons ces quelques lignes, ainsi que pour prévenir les camarades et compagnons qu’ils peuvent, comme nous, se retrouver face à un antisémite fier de l’être qui n’assume cette position qu’après des heures de discussion durant laquelle il se garde bien de faire part de ses obsessions, même si ce qu’il exprime n’est pas si anodin.
Avant que la discussion prévue ne débute, la dite personne commence à nous demander si on ne pense pas qu’on peut renverser l’État depuis l’intérieur des institutions. Face à son insistance sur ce sujet et à ses questions étrangement intrusives pour faire parler les personnes présentes, nous essayons d’en savoir un peu plus, au moins de quel genre de collectif il vient, ou s’il a participé à des luttes… Tout ça reste vain et il reste très évasif, oscillant entre celui qui ne connaît rien (« je débute », « Vous devez mieux savoir que moi »…) et celui qui est au courant de tout (« je sais bien ce qu’est ce lieu, il y a eu des embrouilles, que dis-je, des échauffourées »). A « échauffourées », notre détecteur à keuf se déclenche (si si, celui qu’on planque sous les canapés). A part ça, la discussion est vivante, il y a quelques désaccords, principalement entre lui et le reste de l’assemblée. Il passe par ailleurs le plus clair de la discussion à essayer de nous faire parler sans jamais trop se prononcer, le détecteur est donc tentée de rabattre son aiguille sur la partie journaflic-préparant-un-dossier-sur-l’ultra-gauche de son cadran. Et il commence à dire des choses de plus en plus fumeuses, de plus en plus déplaisantes, comme l’affirmation de l’existence d’un « ordre racial de la suprématie blanche chez Macron », qu’il faudrait combattre par la discrimination positive. Il est rapidement un peu piteux et à cours d’arguments.
Subitement, il se lève et se rapproche de la porte, en disant que, de toutes façons, on n’est pas d’accord. On continue à discuter, en essayant de creuser un peu pour comprendre ce qu’il pense, car tout ça ne nous semble pas bien clair. On sent aussi qu’il a quelque chose au bord des lèvres, et ça n’a pas l’air d’être « Ni dieu, ni maître ». Sur le pas de la porte, il craque, redevient fier pour nous dire qu’il est « bouteldjiste ». On lui fait alors remarquer qu’il aurait pu nous le dire avant, que ça ressemble drôlement à une espèce de piège. On lui demande s’il ne trouve pas que Les Blancs, les Juifs et nous est un livre un peu antisémite quand même… Il ne répond pas… Fait la moue… Et nous dit : « Je sais pas, en même temps, je me pose des questions… Par rapport à la judéophobie d’État… » puis il se reprend « Euh judéophilie d’État, tout ça ». Et c’est là qu’il prononcera avec un sourire triomphant insupportable cette phrase qui lui fera regagner une certaine confiance en lui en contraste avec son attitude pendant les 3 heures précédentes : « Ouais, je pense qu’il y a un problème avec les juifs ». Nous l’avons donc fait partir.
Voilà, la rumeur était donc vraie : nous, bibliothèque des Fleurs Arctiques, avons viré quelqu’un en lui disant de ne plus revenir parce qu’il n’était pas d’accord avec nous. En l’occurrence, il s’agissait d’un antisémite.
Nique les racistes.