Parasite

 Bong Joon-ho – 2019 – VOSTF – 132’

Lundi 12 octobre 19h30

Après avoir déjà projeté lors de ciné-clubs passés Okja, Snowpiercer et The Host, nous vous proposons de voir le dernier film en date du réalisateur sud-coréen, Bong Joon-ho, sorti en 2019 : Parasite. C’est l’histoire de deux familles, l’une miséreuse et l’autre bourgeoise, de deux mondes complètement opposés qui rentrent subitement en collision, et de cette confrontation ressort violemment l’horreur des rapports de pouvoir et de subordination. Une famille pauvre donc, qui vit dans une grande précarité dans la banlieue de Séoul, la famille Kim, joue de son ingéniosité pour se faire embaucher dans une famille bourgeoise, la famille Park. Pour cela, ils se font passer pour des intendants, des cuisiniers et des chauffeurs de luxe, mais est-ce vraiment l’apparence de richesse qui fait la classe, qui donne le pouvoir ? Ce film interroge sur ce qu’est profondément la bourgeoisie, sur ce qui constitue la classe, au-delà de la propriété et des richesses, dans le rapport aux autres, à soi-même et à l’imprévu, sur ce qui dans notre monde est empêché ou permis par elle et ce que cela a de révoltant.

Le vent se lève

Ken Loach – 2006 – VOSTF – 124’

Lundi 14 septembre 19h30

Le vent se lève, sorti en 2006, est un film de Ken Loach qui inscrit son récit dans les guerres irlandaises de 1919 à 1923. Guerre contre l’occupant britannique de 1919 à 1921. Guerre civile de 1921 à 1923. Le film retrace le parcours de deux frères, Damien et Teddy, tout deux membres de l’IRA et confrontés aux
différentes phases du conflit. De l’unité d’abord, face à l’empire britannique. Aux divisions ensuite, entre partisans du compromis par la partition du territoire irlandais, et volonté de poursuivre la guerre jusqu’à la victoire totale.
Le réalisateur livre ici une splendide fresque poétique, entre courage, renoncements et trahisons, sur fond de paysages irlandais diablement bien filmés. Une fresque politique également, à la subjectivité assumée. Le réalisateur, qui réclama en 2013 la privatisation des obsèques de Margaret Thatcher, est sans équivoque dans le portrait qu’il dresse de l’occupant et des « Black & Tans » (unité auxiliaire composée d’anciens combattants de la première guerre mondiale). Sans équivoque aussi dans son positionnement en faveur de la poursuite du conflit, contre les partisans du compromis. Malgré son côté poignant et l’attachement que l’on porte aux protagonistes (notamment grâce à un Cillian Murphy en pleine forme à tout pile trente ans), le style documentaire de Ken Loach reste et émeut. Ainsi le film offre suffisamment de recul pour se questionner, y compris au-delà de ce qu’il montre des prises de position du réalisateur, sur l’ambivalence de la guérilla vis à vis des populations qui l’hébergent, la soutiennent ou en font partie. Il s’agira donc aussi de
questionner ce qu’il y a de problématique dans ce passage de la
lutte révolutionnaire à la guerre d’indépendance anti-impérialiste et nationaliste.

Quel internationalisme révolutionnaire aujourd’hui ?

Contre le chacun chez soi, pour les révoltés de partout et d’ailleurs

Vendredi 18 septembre à 19h

 

Faire exister des rapports avec les révoltes d’ailleurs, qui ont lieu dans d’autres endroits que ceux ou chacun se situe précisément, est d’une importance capitale d’abord. Déjà, c’est la porte qui permet de sortir des raisonnements étriqués, coincés à des échelles absurdes et bien souvent autant institutionnelles que mythologisées comme la ville, le quartier, ou encore le pays, le peuple ou la nation. Ce faisant, le discours s’affine en trouvant le chemin d’uneuniversalisation  concrète, du côté des luttes et des révoltes, ce qui permet alors une attaque et une critique de l’État, à titre d’exemple, mais l’État en tant que système, et pas simplement de l’État français, américain ou chilien. Un des questionnements, que l’on pourrait voir comme un des enjeux de l’internationalisme, devient alors de garder la complexité de chaque situation singulière tout en pensant, critiquant et attaquant l’ensemble. C’est un questionnement nécessaire, car il découle de la pensée qui aborde l’État comme une structure de pouvoir allant à l’encontre de la liberté de chacun comme de tous, et que ce « chacun » et ce « tous », pour recouvrer cette liberté, doivent l’attaquer et la critiquer dans ses fondements, et ce quels que soit leurs histoires ou l’endroit où ils y sont confrontés. Ces raisons viennent évidemment conforter une empathie immédiate avec les révoltes d’ailleurs, qui peine parfois à trouver de quoi se réaliser dans la pratique.Des brigades internationales pendant la guerre d’Espagne à l’attaque des intérêts d’un État contre lequel d’autres se révoltent, en passant par les luttes contre les guerres coloniales,l’élan internationaliste a d’ailleurs une histoire, et toujours les révolutionnaires de toutes sortes ont cherché à dépasser l’enfermement de « leurs » frontières pour se solidariser en parole et/ou en actes avec d’autres révoltés ou révolutionnaires et ne pas se satisfaire de considérer que la révolution se fera parce que chacun lutte là où il est. Néanmoins, cette histoire a aussi montré certaines limites. Limites de l’anti-impérialisme, avec ses écueils « orientalistes » (vive la violence et les armes quand ça se passe loin et que c’est « exotique », mais vive les élections et les pétitions gauchistes ici…), ou sa tendance à prendre les dirigeants issus de la décolonisation, et parfois même des tyrans sanguinaires comme Ho-Chi-Minh, Mao, Pol-Pot ou Khadafi,pour des figures révolutionnaires, confondant ainsi les révoltés avec leurs nouveaux dirigeants. Limites, certes beaucoup moins graves, mais à réfléchir quand même, du « tourisme militant »qui peuvent conduire à se déplacer de révolte en révolte ici ou là pour n’y chercher finalement rien d’autre qu’un maximum d’adrénaline. La solution serait-elle alors de se replier sur des enjeux strictement locaux et immédiats, de ces enjeux dont nous serions sûrs d’être pleinement les premiers concernés ?D’autant plus dans une époque où se développe une pensée et des pratiques particularistes dans le sens où l’objectif n’est plus l’analyse et l’attaque globales, mais devient la particularisation de chacun dans sa petite situation, sa petite identité toujours plus restreinte et étriquée, définie par mille mots et définitions, milles cases toujours plus petites. On se focalise sur une portion de lutte, un quartier par exemple, en ne cherchant jamais à mettre en exergue les aspects communs que peuvent avoir des situations singulières, mais en cherchant à montrer au contraire à quel point les conditions de chacun sont différentes et séparées. C’est bien parce que nous ne le pensons pas que nous proposons cette discussion.Alors ce sera l’occasion à la fois de reparcourir différents moments de cette histoire, mais aussi de se demander que l’internationalisme peut être mis en pratique aujourd’hui, un« aujourd’hui » qui s’embrase de mouvements émeutiers et d’actes de révoltes qui mettent à mal la tranquille existence de la domination et de l’exploitation. Face à Portland, dont la normalité ne trouve que peu de repos depuis quelques mois de révoltes continues, face aux émeutes de Beyrouth qui explosent de colères sur les ruines causées par l’horrible explosion d’un nitrate « oublié » par l’Etat, et face entre autres à tous ceux qui se mutinent et s’évadent des prisons du monde entier pour fuir la double-peine de l’enfermement avec le coronavirus, nous ne pouvons nous contenter de regarder.Cette discussion sera donc l’occasion de se demander comment trouver le moyen d’avoir une prise et un impact sur ces événements qui nous sont si distants par bien des aspects mais dont il nous faut bien pourtant trouver des manières de nous rapprocher.

 

Agenda Septembre-Octobre 2020 (début)

 

La suite du programme se remplira bientôt ici et est déjà trouvable sur le programme actuel ici.

 

Programme de Septembre-Octobre 2020

Le nouveau programme de la bibliothèque Les Fleurs Arctiques est désormais disponible. Vous pouvez le lire ici en ligne en cliquant sur l’image mais vous pouvez aussi le trouver imprimé au 45 rue du Pré Saint-Gervais dès la permanence de ce vendredi 11 septembre. Nous reprenons donc les groupes de lectures, les permanences, les ciné-clubs (dès lundi 14 avec Le vent se lève) et les discussions publiques (la première le 18 septembre sur la question de l’internationalisme).

Au plaisir de vous (re)voir à l’une ou l’autre de ces activités !  

  • Permanences : vendredi de 16h à 19h
  • Ciné-club :  lundi à 19h30
  • Groupes de lecture : dimanche à 16h00

Edito :

Septembre 2020, une rentrée normale, puisqu’on vous le dit…

 

Il y a un temps pour prendre ses aises, et un temps pour prendre sur soi et « apprendre à vivre avec le virus », en participant, bien sûr, à l’effort de guerre pour la bonne remise en marche du Capital (qui se serait arrêté, donc…). La nouvelle normalité qui nous est proposé ressemble malgré tout beaucoup à l’ancienne, avec quelques améliorations dans les dispositifs répressifs et gestionnaires. Retour à l’école, élèves entassés dans les classes, avec ou sans masques selon l’âge, et sans distanciation, trop coûteuse à mettre en place. Ce retour à l’école des plus jeunes permet alors aussi celui des plus vieux, même si la plupart y sont retournés depuis un moment déjà, sans compter ceux et celles qui n’ont pas cessé de travailler, soignants, livreurs, et autres travailleurs dont le rôle est « indispensable » à la bonne marche de la vie économique et sociale, qui n’ont jamais été confinés. Métro-boulot-dodo avec le virus, donc. On a vu comment les vies ont été triées par l’économie du soin et on continue à voir comment la circulation renouvelée du virus suit les logiques intrinsèquement inégalitaires du capitalisme. Les pauvres et toutes les sortes d’indésirables et d’improductifs sont à la fois les plus fragiles et les plus touchés. L’enfermement avec le virus, donc. Mais il est clair que l’urgence sanitaire est toujours moins urgente que les impératifs économiques et répressifs et, une fois l’affolement de mars-avril passé, on s’inquiète davantage du fait que les jeunes s’éloignent de l’école et du travail au point de perdre l’habitude d’y être contraints, que de la hausse des contaminations. Pour le bien de l’économie, un nouveau confinement généralisé doit être évité à tout prix, et ce seront désormais des « confinements ciblés », d’autant plus carcéralisés sur des statuts d’enfermements administratifs, qui seront mis en place, associés à la très experte notion de « clusters ».

Mais l’instauration en catastrophe de cette nouvelle normalité, sous des formes diverses sur l’ensemble de la planète mais toujours sous l’égide de la peur et de l’urgence sanitaire, avec tout ce que ces notions ouvrent de potentialités répressives, ne se généralise pas sans réveiller partout des formes de refus, de révoltes et d’attaque qui s’engouffrent dans les brèches du monde qui se construit contre nous, avec une intensité à la hauteur des enjeux. Dans les prisons, les camps, les lieux de rétention, ont lieu mutineries et évasions collectives. Partout dans le monde (et plus encore sans doute ailleurs qu’en Europe), les grèves spontanées se multiplient, avec des formes d’action que les syndicats peinent à canaliser. Des livreurs et autres travailleurs précaires trouvent le moyen de briser l’atomisation inhérente à leur statut pour cesser le travail et manifester en nombre. Hors des lieux de travail ou d’enfermement, les Etats Unis connaissent une vague de manifestations émeutières dont l’intensité se renouvelle sans cesse depuis l’assassinat de Georges Floyd par la police au début de l’été.

Pour cette réouverture de la bibliothèque, nous proposons deux moments de réflexion en lien avec ce contexte de mobilisations intenses à un niveau mondial. Le samedi 3 octobre, on prendra le temps de discuter de la phase émeutière en cours aux Etats-Unis à partir de la projection d’un documentaire qui s’intéresse en profondeur aux émeutes de Ferguson en 2014 et à leurs complexités subversives, et le vendredi 18 septembre on discutera de la nécessité et de l’importance de l’internationalisme aujourd’hui, et des formes que pourraient prendre la solidarité internationale sans compter sur « l’efficacité » structurelle du Parti…

Nous reprenons les ciné-club qui auront lieu tous les lundis soirs à 19h30, avec des films que l’on propose surtout pour les discussions qu’ils nous semblent pouvoir susciter, ainsi que les groupes de lecture hebdomadaires le dimanche à 16h, au cours desquels, entre autres propositions plus ponctuelles, on s’attachera à confronter les points de vue et analyses à partir de la lecture du texte le moins orthodoxe de Marx, le « Fragment sur les machine ». Comme il ne s’agit pas d’approfondir une quelconque érudition de chapelle sur la question, mais plutôt de trouver dans ces lectures et les discussions qu’elles provoquent un peu de vitalité théorique et pratique pour combattre ce monde aujourd’hui, aucun prérequis n’est nécessaire, à part peut-être de ne pas y venir strictement « en touriste ». La diversité des approches, y compris très critiques, ne pourra qu’enrichir les discussions que nous espérons vivifiantes et acérées.

Les permanences sont ouvertes le vendredi pour permettre à tous ceux et celles qui le voudraient de rencontrer les participants de ce projet, de proposer des initiatives ou de discuter de choses et d’autres, de consulter ou d’emprunter livres et brochures…

Il est plus que jamais nécessaire de réfléchir et d’agir face à cette nouvelle normalité qui intensifie encore le contrôle et l’exploitation de tous, et de trouver les moyens de s’armer contre ces évidences toujours gestionnaires qu’on veut nous imposer !

 

 

Feuilles Antarctiques numéro 6 : SPÉCIAL SOCIETE ASSURANCIELLE

Cette semaine, pour la dernière des Feuilles de cette série, il s’agit de creuser la question du paradigme assuranciel qui s’installe comme modalité de gestion la plus efficace, et devient la boussole des dispositifs de contrôle et de répression, mais aussi du système de « l’assurance chômage » (qui assure l’Etat et plus du tout les travailleurs risquant de perdre leur salaire), et qu’on a vu à l’œuvre de manière évidente dans la gestion du soin pendant la crise sanitaire. Pour retrouver le pdf qui rassemble tous les textes que l’on propose à la lecture ainsi qu’une introduction, écrite spécialement pour expliquer dans quel perspective nous souhaitons aborder cette question, cliquez sur l’image suivante :

Feuilles Antarctiques numéro 5 : SPÉCIAL ENCAMPEMENT

Cette semaine, nous avons choisi de parler de la question des camps, de l’encampement, de la mise en camp et des luttes contre ces formes d’enfermement. Pour retrouver le pdf qui rassemble tous les textes que l’on propose à la lecture ainsi qu’une introduction, écrite spécialement pour expliquer dans quel perspective nous souhaitons aborder cette question, cliquez sur l’image suivante :

Feuilles Antarctiques numéro 4 : SPÉCIAL ÉMEUTE

Pour ce nouveau numéro des Feuilles Antarctique, particulièrement fourni puisqu’elle rassemble une vingtaine de texte pour presque 80 pages, nous proposons de s’intéresser à l’émeute et son lien avec la question révolutionnaire. Pour lire l’introduction de cette Feuille Antarctique, le récapitulatif des propositions de textes à lire, regardez votre mail. Si vous êtes inscrits à notre liste de diffusion, vous devriez avoir reçu ces textes ainsi que le lien vers le pdf, qui rassemble tous les textes que nous proposons à la lecture. Après lecture, n’hésitez pas à nous faire part de vos retours, critiques et textes complémentaires sur le sujet. 

Pour lire le dernier numéro des Feuilles Antarctiques, cliquez sur l’image :

(Ou cliquez ici : https://lesfleursarctiques.noblogs.org/files/2020/06/LFA-FA04-1.pdf)

 

Numéro 3 des Feuilles Antarctiques : Survivre

Cette semaine, nous vous proposons de réfléchir à la question de la survie, dans ce monde ou dans un autre, et de son lien avec la question révolutionnaire. Pour lire ce numéro 3 des Feuilles Antarctiques spécial Survivre, cliquez ici, ou suivez ce lien : https://lesfleursarctiques.noblogs.org/files/2020/06/LFA-FA03-1.pdf