Vendredi 17 juin 19h30
On propose de visionner quelques passages du film-poème-documentaire Le Moindre Geste réalisé par le singulier Fernand Deligny en 1971 dans les Cévennes, région où, sur une proposition de Félix Guattari, il a mené avec plusieurs enfants autistes et mutiques une tentative de vie commune. Le parcours atypique de Deligny a débuté en tant qu‘instituteur au début de la seconde Guerre mondiale dans un de ces „centres d’observation et de triage“ d’enfants rejetés là par des institutions qui ne savaient plus quoi en faire, considérés qu’ils étaient comme coupables, arriérés, idiots, vicieux, inéducables ou inadaptés. Il s’inscrit dans l’histoire bouillonnante et pleine de tensions, de confrontations, d‘échappées, du mouvement large de réinterrogation durant et après la seconde Guerre mondiale. Ce questionnement portait sur les exclus, les fous, les inadaptés, les asociaux… qu’ils soient enfants ou adultes, administrés par des hôpitaux psychiatriques jadis asilaires, écoles spécialisées et formes de prisons judiciaires pour mineurs — autant d’institutions dont les acronymes et multiples variations de noms, mais aussi de lieux, ont quelque peu changé entre 1940 et aujourd’hui, sans qu’aucune question quant au rapport à l’altérité «radicale» et à sa gestion par la société n’aie pu être résolue ou soit devenue moins brûlante… En s’intéressant plus particulièrement à cet anti-éducateur, qui a consacré ses interrogations et ses tentatives à l’autisme chez les enfants avec une passion envers ce qui s’exprime, indépendamment du sujet d’élocution, du langage utilisé, de son comment et de son pourquoi, nous espérons ouvrir un moment de discussion où nous chercherons tout ce qui, dans l’enfance, pose question, et surtout au niveau de notre propre rapport, en tant qu’adultes, à eux… ces autres, ces étrangers absolus dont l’essentiel nous échappe et dont la singularité est irréductible à toute science établie et à toute gestion. Quand l’enfance se termine-t-elle, si tant est que nous puissions comprendre ce qu’est une telle fin ? S’il y a un enfant dans l’adulte, celui-ci est-il en définitive guérissable ? Qu’est-ce qui différencie de l’enfant, qu’est-ce qui fait sa différence ? Alors comment s’y rapporter, sans jamais nier cette forme d’altérité, sans la réduire à des stades de développement qui peut-être disent davantage des pédagogues que des enfants eux-mêmes ?
Une myriade de questions, qui, nous l’espérons, pourrons nous permettre d’aborder précisément la question de la pédagogie, de l’éducation, de l’enseignement, en nous demandant de quoi sont faits ces liens, depuis le XIXème siècle, entre les libertaires et l‘éducation ? Les révolutionnaires auraient-ils à se soucier de la question du devenir de l’enfant ? De quelle manière ? Si une perspective révolutionnaire quant à la question «pédagogique» peut exister, de quoi serait-elle faite ?
A la manière des successions de questions que posent les enfants, à l’occasion de cette discussion, nous espérons que les questions vont tellement mûrir qu’elles en donneront une infinité d’autres.
Voici quelques documents écrits et réunis pour l’occasion (cliquer sur l’image pour télécharger)