Lundi 20 juin 19h30
Mercredi 23 juin 19h30
Shin’ya Tsukamoto – 1995
VOST (Japon) – 87’
Destruction, jalousie, douleur, anxiété, violence, folie, hémoglobine, boxe, désir et nihilisme, tenez vous prêts. Après le grand Tetsuo, nous continuons d’explorer la filmographie de ce réalisateur japonais subversif et avant-gardiste, nous plongeant à nouveau, mais moins radicalement (il sera possible de respirer), dans une ambiance à la fois punk et industrielle (au sens de la musique industrielle, qui orne d’ailleurs parfaitement le film de façon martiale et percussive), survoltée, métallique et révoltée. Sans se vautrer dans le pseudo-nihilisme, oscar-compatible et racoleur d’un Fight Club, le film est toujours à la limite du Body Horror (vous n’avez jamais vu la boxe ainsi) et du grotesque spaghetti très sérieux ou pas (on n’est jamais certain), on assiste ici à la naissance d’un triangle amoureux dans lequel les deux hommes sont joués par le réalisateur et son frère, le premier, modèle de personnage récurrent chez Tsukamoto, est un salary-man tokyoïte tristement banal et soumis sur lequel tout le monde marche et qui cherche à se révolter, l’autre, un boxeur plus qu’inquiétant, est à la fois très attirant, et porteur d’une violence qu’il semble urgent de devoir castrer, tandis qu’en face il semble urgent de se libérer de toutes les castrations qui pèsent sur la violence enfouie et la révolte oubliée. La femme au centre de cette triangulation parfaitement ambiguë, fascinée, repoussée, est comme nous, semblant se demander, a propos du film comme du monde : « mais c’est quoi ce bordel ? »