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Deux décennies déjà du XXIème siècle passées ! Deux décennies et le capitalisme est toujours agrippé à nos vies, s’appuyant sur tous les mécanismes répressifs des États et des autorités de par le monde pour nous faire courber l’échine, pour nous laisser moisir dans la misère infinie ! La contre-révolution du Xxème siècle ne cesse de nous éloigner de la seule possibilité émancipatrice, une révolution mondiale qui ne s’arrêterait pas de grossir, détruisant toutes frontières et toutes cartographies carcérales. Mais à la bibliothèque des Fleurs Arctiques, des inadaptés de ce monde s’entêtent à penser que le lointain (la Révolution) gronde en même temps si proche dans une myriade d’actes de révolte porteurs d’autre chose, d’inconnu, qui nous sortirait enfin de l’atomisation et de la paralysie ambiantes.
Nous espérons que la bibliothèque et son nouveau programme de discussions, de projections et de groupes de lecture pour les trois mois à venir, ainsi que d’autres initiatives tout aussi différentes et singulières dans cette capitale étouffante comme ailleurs, permettront de se saisir de nouvelles conflictualités et perspectives pour chercher à saper la capitalisation permanente de nos quotidiens ratatinés à peau de chagrin.
Le covid, avec ses impacts sur le long terme que l’on ne connaît pas encore, continue de faire une centaine de morts par jour en France, mais la « crise » est passée : la gestion étatique et le capitalisme se sont restructurés pour se stabiliser face à cette nouvelle « donnée » bien que nous ne soyons pas à l’abri d’un nouveau variant… auquel la gestion mettra un temps à s’adapter, pour ensuite nous renvoyer à la normalité du travail + virus. La gestion lisse les morts : les catastrophes hospitalières et sanitaires, ça n’est plus à l’ordre du jour des ministères. Il faut passer à autre chose, aller travailler avec la possibilité nouvelle d’être atteint ou de transmettre une maladie peut-être parfois incurable (peut-être 10 % de covid longs, mais qui s’en soucie…), parce que dans l’immédiat, c’est le déni qui est rentable, c’est le maintien d’un taux dit « acceptable » d’hospitalisations et de décès. A la bibliothèque, nous continuerons d’offrir des moyens de prendre soin les uns des autres sans cesser d’aspirer à se retrouver, nombreux, pour discuter de cette gestion merdique comme de tout le reste.
Si nous débutons le programme sur un thème maintes fois critiqué par les révolutionnaires au cours des siècles derniers – le nationalisme – , c’est que nous nous soucions de la montée actuelle des références au Peuple et à la Nation jusque dans les mouvements sociaux. La conflictualité sociale ne saurait mener à de réelles formes de rupture si elle se couvre de drapeaux nationaux qui serviront aux prochains programmes gouvernementaux. Le 21 avril, retrouvons-nous pour repenser nos luttes contre les nationalismes, dans un contexte où la guerre en Ukraine, comme toute guerre, est une occasion propice au renouvellement armé des nations qui ne rêvent que de militariser leurs citoyens dès l’enfance. Pour continuer à agir et penser des perspectives résolument anti-militaristes, il est urgent de déjouer les mécanismes répressifs, dont ceux associés de la police et de la justice : nous proposons de poursuivre les démontages judiciaires, le 21 mai à propos des procès staliniens, et le 4 juin à propos des procès de sorcières, notamment parce qu’une forme de judiciarisation des rapports de tout un chacun semble être portée assez largement par la société aujourd’hui, au-delà même des tribunaux. Une discussion sur la notion et la pratique sociales du « cringe » permettra le 27 mai de se pencher sur cette exacerbation de la morale diffuse qui comporte avec elle son lot de châtiments modernes à l’heure où l’étrange, l’inconnu et le bizarre sont conjurés – comme la Révolution. Pourtant, le bizarre, le pas-dans-les-clous, l’incorrigible, ont quelque chose à nous dire de la critique essentielle de la norme, et c’est pourquoi nous aimerions commencer avec ce programme à réfléchir à la question des contre-cultures, à partir de projections de films et de lectures certains dimanches. C’est pour cette raison aussi que nous discuterons de l’enfance et de son altérité en nous attardant sur le parcours de Fernand Deligny, lié à l’histoire des critiques de la psychiatrie après la deuxième guerre mondiale, le 17 juin.
Et puis, parce que la répression ne nous lâche pas vraiment, nous comme d’autres, on proposera une discussion autour de la surveillance des lieux de discussion et de vie le 15 juin, et après le groupe de lecture du dimanche 19 juin, vers 19h, un apéro de solidarité où nous évoquerons les gestions préventives des manifestations à l’occasion du procès en appel de deux personnes arrêtées le matin du 1er mai 2019, procès qui aura lieu le 22 juin.
Enfin, nous serons heureux le 13 mai de permettre aux participants du journal d’agitation Mauvais Sang d’attirer l’attention et la discussion autour de leur projet, et, plus généralement, autour de la pratique des journaux d’agitation.
Comme dans le poème de Rimbaud du même nom bâtard, nous aspirons à hurler à la face du monde « Faim, soif, cris, danse, danse, danse, danse ! » dans un tourbillon révolutionnaire qui mettra à bas toutes les autorités et démultipliera le monde en féroces luttes protéiformes.