Ne laissons pas la justice faire son travail !

Dû à un micmac judiciaire, le procès est renvoyé le 22 juin à 9h.

Le 1er mai 2019, dans le contexte du mouvement des Gilets Jaunes, 15 300 personnes subissent un contrôle préventif à Paris, parfois même très à distance de la manif dans l’espace et dans le temps. Parmi ces 15 300 personnes, 330 se font arrêter, 210 sont placées en garde à vue, et parmi ces gardés à vue, des dizaines passent en comparution immédiate, beaucoup pour des délits d’intention, voire d’intention de se regrouper pour avoir l’intention de commettre des dégradations. Quatre personnes ont ainsi été jugées en comparution immédiate le 3 mai pour avoir été arrêtées plusieurs heures avant la manifestation à 5,4 km de celle-ci. Elles sont accusées de « groupement formé en vue de la préparation de violences contre des personnes ou de destructions ou dégradations de biens », sur la base de quelques outils et quelques éléments vestimentaires devenus pour l’occasion incriminants.
Deux d’entre les inculpés, parce qu’ils sont étrangers (de nationalité italienne), passeront dix jours à Fleury-Mérogis avant d’être libérés avec une interdiction de séjour. Les deux autres seront libérés avec un contrôle judiciaire en attendant le procès. Les peines, relativement inattendues au vu du peu d’éléments matériel présentés par les flics, sont représentatives de cette période d’excitation du maintien de l’ordre cherchant à éviter toute possibilité de manifestation émeutière : les deux compagnons italiens, préalablement libérés lors d’une DML, ont pris 6 mois avec sursis, et les deux autres 3 et 5 mois avec sursis et 1000 euros d’amende pour refus de donner leur signalétique.
Mercredi 6 avril à 13h30 aura lieu l’appel du procès de deux des quatre inculpés, chambre 2-9 de la cour d’appel, située dans l’ancien tribunal sur l’île de la cité (M° Cité).
Cette méthode de maintien de l’ordre et de gestion préventive des manifs s’est généralisée à l’occasion du mouvement des Gilets Jaunes et des centaines, voire des milliers de personnes, se retrouvent, à chaque manifestations, placées pour de longues heures en garde à vue, parfois passent en comparution immédiate, voire en prison, pour des présuppositions d’avoir l’intention d’on-ne-sait-pas-quoi. Nous devons nous donner les moyens de déjouer les pièges et les mécanismes de ce mode de répression pro-actif qui opère un filtrage semi-aveugle des manifestants, avec à la clé des procès pour presque rien qui ont tendance à passer inaperçus mais où les uns et les autres se prennent à tour du bras du sursis et parfois du ferme. Au-delà de la nécessité de se défendre face à ce mécanisme, c’est de nos possibilités offensives en manifestation qu’il s’agit aussi : ne pas réfléchir et s’organiser pour déjouer ces arrestations préventives, c’est sceller l’impuissance de la manifestation, l’objectif étant évidemment de décourager quiconque souhaiterait venir en manif avec un marteau et un pauvre tee-shirt de le faire.
Il faut enrayer le circuit contrôle, arrestation, interpellation, garde à vue, procès, incarcération, lui mettre des bâtons dans les roues où nous le pouvons, utiliser les leviers dont nous disposons contre ces logiques répressives. Sur ce sujet là, un rapport collectif à l’anti-répression reste encore à construire.

Ne laissons pas la justice faire son travail sans rien faire,
Ne laissons personne seul face à la machine judiciaire !

Retrouvons-nous
Mercredi 6 avril à 13h30,
à la cour d’appel, chambre 2-9,
dans l’ancien tribunal, M° Cité.

Des compagnons et camarades des inculpés

Encore un dispositif de surveillance dans une bibliothèque à Paris !

La bibliothèque Libertad (rue Burnouf, Paris XIXème) a fait savoir par un communiqué à lire ici  qu’un dispositif d’écoute installé par les flics venait d’être découvert dans leurs locaux, dissimulé à l’intérieur de leur dupli-copieur.

Nous leur exprimons toute notre solidarité à cette occasion, qui nous rappelle un épisode de l’histoire de notre lieu (pour en savoir plus, lire deux communiqués de la Discordia ici  et ainsi que dans la presse.)

Nous encourageons tous ceux qui pourraient se retrouver dans une situation semblable à rendre publiques ces formes de surveillances qui cherchent, en plus des renseignements ainsi minablement glanés, à faire pression sur celles et ceux qui se savent surveillés, et à les isoler.

Ne laissons personne seul aux prises avec la surveillance policière et/ou judiciaire, qu’elle soit légale ou illégale, qu’elle opère dans des bibliothèques, des squats ou autres lieux ouverts au publics, ou qu’elle s’immisce dans les appartements, les voitures et les promenades des camarades et compagnons. Leurs mouchardages, leurs micros, leurs caméras et leurs balances ne doivent pas nous empêcher de vivre, de discuter, d’élaborer comme bon nous semble comment détruire ce monde et ce qui le fait tenir debout.

Le 2 avril 2022,

Bibliothèque Les Fleurs Arctiques.

Groupe de lecture autour de la guerre en Ukraine

Le groupe de lecture sur la question de la guerre en Ukraine continue le dimanche 27 mars.

Dimanche 13 mars 16h30

La Russie a récemment lancé une offensive militaire pour l’annexion de l’Ukraine, offensive qui dure maintenant depuis quelques temps, qui menace de s’étendre et de s’intensifier et qui s’inscrit dans une guerre vieille de 2014 après la révolution de Maidan. Les positions et

réactions des différentes factions plus ou moins anti-autoritaires qui s’impliquent au combat sont évidemment rapidement pour ou contre un des deux camps en guerre, et la perspective concrète et immédiate de la destruction de l’État et du capitalisme peine à se frayer un chemin. Ce conflit, sur lequel plane activement la menace d’une évolution mondiale et nucléaire, présente certes des enjeux nouveaux mais nous replonge aussi dans certaines problématiques rencontrées par les révolutionnaires confrontés par le passé aux différentes guerres de l’histoire.

Quelle intervention révolutionnaire dans un tel contexte ? Sommes-nous en mesure de nous poser sérieusement cette question, au delà des postures et des morales, qui implique des degrés de dialogue et une faculté d’organisation internationale auxquels nous n’avons pour le moment pas accès ?

Afin de participer à ce débat que nous croyons crucial, autour de ces deux questions, nous proposons de nous retrouver dimanche au groupe de lecture des Fleurs Arctiques pour nous plonger sur les textes qui paraissent actuellement autour de la guerre en Ukraine, et sur ceux des guerres d’antan, comme le manifeste des 16 et ses réponses, écrits pendant la Première Guerre Mondiale, qui présentent des réflexions similaires à celles d’aujourd’hui, dans des contextes différents mais toujours sous le règne invaincu de l’État et du capitalisme.

Démontage judiciaire : Les procès staliniens

Vendredi 18 mars 19h

Vendredi 8 avril 19h

Saboter la machine judiciaire implique de comprendre comment fonctionnent ses rouages quand elle s’exerce, comment elle peaufine ses engrenages pour mieux nous broyer. Alors il nous a semblé pertinent de proposer des occasions de pratiquer ensemble des démontages, en se donnant le loisir d’accorder collectivement toute notre attention à des déconstructions aussi méticuleuses que possible d’affaires judiciaires précises, passées ou actuelles, pour mieux se préparer à affronter la justice et la répression quand nous nous retrouvons contraint de le faire.
Chaque affaire est singulière, et toutes ou presque pourront nous intéresser, qu’elles aient défrayé la chronique, marqué l’Histoire ou qu’elles participent d’un fonctionnement quotidien d’une justice toujours trop près de la vie de tout un chacun, et on espère que comprendre ces affaires spécifiques nous permettra d’en savoir plus sur le fonctionnement de l’ensemble du dispositif, et de trouver comment s’y opposer.

Concrètement, on propose un rendez-vous régulier et public (une fois par programme) pour plonger ensemble dans une affaire choisie préalablement selon les propositions ou occasions, et sur laquelle ceux et celles qui voudront le faire se seront penché en amont, à partir des documents et informations qu’on peut réunir selon les cas, pour restituer aux autres à la fois la construction de l’accusation et la stratégie de défense choisie ainsi que la manière dont elle s’est élaborée. On pourra ensuite tous discuter à partir de ces éléments, en s’inspirant des formes de prises en charge collective des défenses qui se sont développées dans les suites de mai 68, par exemple, mais sous une forme « désactualisée », hors des enjeux immédiats d’une défense réelle en cours. Pas besoin de connaissances spécifiques préalables, bien sûr, pour participer, d’autant plus que le point de vue que nous choisirons d’adopter c’est celui de tous ceux et touts celles qui peuvent se retrouver face aux tribunaux et qui ne sont pas prêts à laisser la machine judiciaire les broyer, et pas celui des spécialistes ou relais de la justice auquel trop souvent le champ libre est laissé, parce que tout est fait pour nous conduire à le leur abandonner. Il s’agirait donc au contraire de s’habituer à ne plus déserter le champ de l’élaboration collective, et de chercher à donner un sens concret à la notion de défense collective ».

Ce vendredi 18 mars, nous nous intéresserons aux procès staliniens, en nous attardant particulièrement sur les procès de Moscou entre 1936 et 1938 (où l’étonnante redondance et ressemblance entre tous les procès – à chaque fois fondés sur des accusations historiques aberrantes, sur des silences et des mystères complets quant à la procédure, et sur une étrange fusion entre l’accusé et l’accusateur – invite à réfléchir à la mise en scène d’une procédure judiciaire dans son ensemble, c’est-à-dire au rôle politique et historique de ces procès dans un Etat totalitaire basé sur le mensonge d’être la continuation de la révolution de 1917. Comment est-ce qu’un Etat avec des moyens répressifs gigantesques fabrique-t-il de bout en bout des « vérités judiciaires » retransmises internationalement à tous les Partis communistes à l’Est comme à l’Ouest qui anonnent à leurs tours les conclusions du tribunal devenant des « vérités historiques » – à la manière de l’éternel torchon L’Humanité qui, jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’en 1953 avec l’ultime procès stalinien, s’attache en première page à la redite des sentences les plus illogiques ? Nous nous intéresserons justement à la dernière affaire judiciaire stalinienne (abandonnée 2 mois après la mort du dirigeant) : celle du dit « complots des blouses blanches ». Neuf médecins soviétiques sont accusés d’avoir assassiné deux dirigeants soviétiques et de planifier d’en assassiner d’autres. Dans cette affaire, le complotisme occupe comme toujours en URSS une place de choix, lié en particulier au fait que la majorité de ces médecins étaient juifs et que l’antisémitisme était le principal moteur de cette théorie du complot.
On pourra voir dans cette affaire que la « vérité judiciaire » construite pour des besoins politiques se nourrit des pire haines et peurs de l’époque dans laquelle elle se construit.

Démontage Judiciaire : L’incendie du Reichstag et Marinus Van Der Lubbe

Vendredi 21 janvier 19h

Saboter la machine judiciaire implique de comprendre comment fonctionnent ses rouages quand elle s’exerce, comment elle peaufine ses engrenages pour mieux nous broyer. Alors il nous a semblé pertinent de proposer des occasions de pratiquer ensemble des démontages, en se donnant le loisir d’accorder collectivement toute notre attention à des déconstructions aussi méticuleuses que possible d’affaires judiciaires précises, passées ou actuelles, pour mieux se préparer à affronter la justice et la répression quand nous nous retrouvons contraint de le faire.
Chaque affaire est singulière, et toutes ou presque pourront nous intéresser, qu’elles aient défrayé la chronique, marqué l’Histoire ou qu’elles participent d’un fonctionnement quotidien d’une justice toujours trop près de la vie de tout un chacun, et on espère que comprendre ces affaires spécifiques nous permettra d’en savoir plus sur le fonctionnement de l’ensemble du dispositif, et de trouver comment s’y opposer.

Concrètement, on propose un rendez-vous régulier et public (une fois par programme) pour plonger ensemble dans une affaire choisie préalablement selon les propositions ou occasions, et sur laquelle ceux et celles qui voudront le faire se seront penché en amont, à partir des documents et informations qu’on peut réunir selon les cas, pour restituer aux autres à la fois la construction de l’accusation et la stratégie de défense choisie ainsi que la manière dont elle s’est élaborée. On pourra ensuite tous discuter à partir de ces éléments, en s’inspirant des formes de prises en charge collective des défenses qui se sont développées dans les suites de mai 68, par exemple, mais sous une forme « désactualisée », hors des enjeux immédiats d’une défense réelle en cours. Pas besoin de connaissances spécifiques préalables, bien sûr, pour participer, d’autant plus que le point de vue que nous choisirons d’adopter c’est celui de tous ceux et touts celles qui peuvent se retrouver face aux tribunaux et qui ne sont pas prêts à laisser la machine judiciaire les broyer, et pas celui des spécialistes ou relais de la justice auquel trop souvent le champ libre est laissé, parce que tout est fait pour nous conduire à le leur abandonner. Il s’agirait donc au contraire de s’habituer à ne plus déserter le champ de l’élaboration collective, et de chercher à donner un sens concret à la notion de défense collective ».

Pour la première de ces séances qui aura lieu le vendredi 14 janvier, on a choisi de se pencher sur un le procès de Marinus Van Der Lubbe, militant conseilliste condamné à mort pour « incendie criminel couplé à une tentative de renverser le gouvernement » pour avoir incendié le Reichstag à Berlin la nuit du 27 au 28 février 1933, juste après la nomination d’Hitler à la chancellerie. En plus d’une étude de l’affaire elle-même (dans laquelle ses 4 co-inculpés, tous militants du Parti communiste allemand, ont été relaxés), c’est la place historique qui a été donnée à ce procès au fil du temps et des enjeux politiques, et la manière dont il a été relu, parfois jusqu’à la manipulation, par l’Etat nazi d’abord mais aussi par les démocraties de l’après-guerre et par le Parti communiste, les uns cherchant à le réduire à un coup de folie ou à accréditer la thèse d’un complot des nazis eux-mêmes. Nous chercherons donc à comprendre comment la « vérité judiciaire » s’est construite et comment elle a été déformée et transformée au gré des besoins politiques et idéologiques des uns ou des autres, toujours dans la perspective de vider l’acte de son sens et de sa portée subversive.

Tetsuo aurait-il voté Akira ?

Vendredi 25 mars 19h

Le coup de communication récent porté par le groupe politique Akira (débutant sur une annonce volontairement douteuse – oscillant entre la possibilité sérieuse et la blague – de candidature masquée aux élections présidentielles de 2022 et créant une plateforme téléphonique et informatique pour «rejoindre la révolution» à coups de formulaires examinés par de probables managers qui peuvent par la suite inviter les recrues à être formées…et à récolter des jouets pour Noël) n’a évidemment rien à faire dans l’histoire révolutionnaire. Nous pensons cependant que les révolutionnaires ont à réfléchir aux propositions politiques qui n’empruntent à la révolution que le nom et le potentiel de séduction.

Alors, qu’à l’avenir Akira vote pour Akira ou non, que Akira soit au final un flop total concernant trente personnes, ou une structure qui pèse dans la tentative de recomposition de la gauche en brassant de plus en plus de recrues sélectionnées, cela nul ne peut le savoir pour l’instant, mais, par contre, ce à quoi nous pouvons réfléchir dès à présent afin de forger des outils de critique révolutionnaire aujourd’hui nécessaires, c’est que Akira, qui s’organise de manière relativement semblable aux militants écologistes de Extinction Rebellion, partage avec ces derniers quelque chose que la révolution abhorre mais ne doit pas cesser de comprendre pour mieux le combattre : le Parti, sous sa forme XXIème siècle renouvellée.

Le Parti politique, qu’il soit bourgeois et parlementaire ou qu’il ait voulu organiser la révolution sous sa forme bolchévique, tient sa structure de l’organisation militaire, sous une forme plus ou moins ouvertement paramilitaire selon les contextes et les objectifs qu’il se donne : une hiérarchie, avec tout en haut un chef entouré des membres aguerris de son Etat-major, se dotant des moyens et du pouvoir d’organiser une large brassée d’exécutants – les militants du Parti. Les critiques de l’autorité, de la hiérarchie et par conséquent de la forme Parti qui ont essaimé au cours du XXème siècle et qui ont été assez largement partagées et diffusées en mai 1968 et dans les années qui ont suivi, a forcé la plupart des Partis politiques toujours avides de se mettre au goût du jour à se réformer. Aucun Parti constitué autour d’un chef et d’un Etat-major ne saurait séduire grand monde de nos jours. L’Armée même, avec ses campagnes de publicité et son retour dans la vie quotidienne des lycéens avec le Service National Universel bientôt obligatoire, joue le jeu de la forme «individualisée» où chaque paire de bras est soit-disant choyée selon sa subjectivité et ses préférences, où la hiérarchie se présente plus sous sa forme démocratique et entrepreunariale (tout le monde a en théorie le droit de se fliquer et de se dénoncer, notamment) que sous sa forme traditionnelle militaire. Alors, dans l’Armée française, dans Akira, dans Extinction Rebellion comme dans En Marche, un petit air de start up rajeunit et veut séduire. Armé du pouvoir de la communication, par des standards téléphoniques, des plateformes internet, les appelistes et Extinction Rebellion se dotent des moyens d’entreprise, faisant du marketing de la lutte en invitant ceux qui se sont inscrits à des formations et des évènements adaptés à leur profil de militant. Nous souhaiterions en partie réfléchir à ces nouvelles formes d’organisations autoritaires, surtout quand elles se présentent comme radicales. C’est une façon de poursuivre notamment la réflexion ouverte sur le léninisme et sur ses survivances dans le précédent programme, cette fois-ci par-rapport au contexte des élections présidentielles propice au renouvellement de tous les Partis…
Mais aussi, les militants d’Akira citant le Comité Invisible comme principale source théorique (qui par ailleurs avait déjà tenté une «campagne-révolutionnaire» avec le fameux (?) : «2017 n’aura pas lieu»), nous pourrons poursuivre une critique de l’Appel, en cherchant à penser en quoi est-ce que cela n’est pas anodin que la théorie avant-gardiste de ce texte accouche aujourd’hui du marketing Akira qui joue, par ailleurs, sur une esthétisation de la révolte et un imaginaire «pop-culture». Des costumes singeant ceux de Matrix jusqu’au nom : Akira, tout est fait pour jouer sur une représentation de la révolte en proposant un léninisme mixé à des cours d’école de commerce. Retracer cette généalogie (de l’Appel à Akira), replacer Akira dans un contexte historique et militant, c’est justement refuser ce que la perspective appeliste produit : l’effacement de l’histoire révolutionnaire. A une heure où il est crucial de réaffirmer des positions révolutionnaires, de penser et repenser la révolution à partir d’hier et de maintenant, lui redonner du sens, combattre toute récupération léniniste et marketing surfant sur la perte de vitesse de celle-ci durant ces dernières années semble vital, de Monoprix à Akira. Cette discussion sera donc l’occasion de réinterroger encore une fois notre héritage révolutionnaire, intrinsèquement lié à l’histoire des révoltes contre le léninisme et l’avant-garde.

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The end of the fucking world

Lundi 21 mars 19h

Charlie Covell – 2017
VOSTF (Angleterre) – 168’

The end of the fucking world narre l’histoire de deux adolescents, emprisonné dans leur vie de famille pourrie. James a un père alcoolique, sa mère est morte. Il est socialement isolé, germe des délires de meurtres et exerce avec sadisme diverses tortures sur des animaux et des insectes. Alyssa vie dans une famille tout autant dénuée d’amour, sa mère et son beau père sont bien insérés dans le monde et n’ont que faire de leur fille un peu trop turbulente à leurs yeux. Ces deux adolescents vont se rencontrer et ensemble décider de fuguer en volant la voiture de leur parent, James projetant de tuer Alyssa durant cette escapade. Cette série courte est construite comme un road-movie. Nos deux personnages vont fuir leur quotidien maussade et le glauque de leurs familles avec comme objectif un «  chez le père d’Alyssa qu’ils fantasment comme un adulte bienveillant, qui sera protecteur, aimant et saura les comprendre. Comme une fable tragiques, des péripéties morbides comme réjouissantes vont alors s’enchaîner et les faire mûrir, confronter aux adultes et à un monde qui ne comprend pas et n’accepte pas cette fuite vers la liberté qui va profondément transformer Alyssa et James.

Discussion à propos du texte Another word for « White Ally » is coward

Vendredi 11 mars 19h

Nous vous proposons de discuter ensemble sur la base du texte Another word for « White Ally » is coward, texte qui a été écrit en 2015, peu de temps après le début des émeutes de Ferguson par « a few of the many anarchists in St. Louis », et qui a été traduit par nos soin en 2020 à l’origine pour le quatrième numéro des Feuilles Antarctiques constitué autour du thème de l’émeute, et que nous rééditons pour l’occasion sous forme de brochure.
Écrit depuis l’intérieur du contexte émeutier, ce texte virulent et salutaire revient sur les dynamiques de prise de pouvoir inhérentes aux mouvements sociaux, et à la séparation des rôles des uns et des autres dans la confrontation face à l’État, notamment au moment de l’émeute. Ces rôles peuvent être de diverses natures, ils peuvent être « techniques » (ceux qui tiennent la banderole, ceux qui cassent, ceux qui soignent…) mais aussi, et c’est surtout ce point là que le texte développe, ils peuvent être définis sur la base de l’identité des participants et d’une assignation à qui serait concerné et qui, ne l’étant pas, devrait s’en tenir à soutenir, s’allier, sans aucune autonomie d’analyse, d’action ou de réaction, aux premiers concernés, alors qu’il est déjà même illusoire de penser que ces mêmes premiers concernés parlent d’une seul voix et qu’il est même clairement paternaliste de croire qu’en tant que tels, il seraient forcément tous d’accords entre eux sur ce qu’il faut faire face au sort qu’ils ont en commun.
Si une impression de consensus entoure aujourd’hui les termes « d’alliés » et de « premiers concernés », ce texte, très concret et écrit par des personnes baignant au départ dans ces catégories, semble utile pour soulever certains aspects de ce que la représentation du monde et des luttes qu’ils charrient peuvent avoir de délétère, et de rappeler que d’autres manières de lutter avec d’autres existent, ont existé, sont imaginables, d’autres manières d’être solidaires, peut-être moins paternalistes, assignantes que ces dernières, qui sont finalement très propices à des formes d’autorité circulant entre les uns et les autres, et en contradiction avec toute perspective d’organisation. A partir de ce texte, mais aussi d’exemples de luttes présentes ou passées, on pourra se demander comment les différentes entités qui interviennent, de manière plus ou moins auto-organisées et autonomes, dans une lutte ou un moment de conflictualité peuvent se côtoyer, se rencontrer, éventuellement s’opposer dans des tensions salutaires et propices au dépassement des catégories préexistantes.
Nous espérons que la portée critique de ce texte saura inviter au moins au débat, y compris contradictoire, sur des questions qui ont tout intérêt à rester ouvertes et non pas à être refermées par des termes finalement très abstraits et idéologiques, qui prétendent clore ce qui ne peut se réfléchir utilement que dans les pratiques de luttes, et en tenant compte d’une complexité réelle indéniable.

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Sound of metal

Lundi 7 mars 19h

Darius Marder – 2019
VOSTF (USA) – 120’

Un couple de musiciens vit en itinérance à travers les États-Unis, allant de concert en concert avec leur groupe de métal. Le batteur, à la suite de violents acouphènes, perd brutalement l’ouïe. Le film nous invite alors à plonger complètement dans le monde sensoriel de Ruben, qui doit faire face à ce bouleversement perceptif et à la fin probable d’une partie de sa vie. Nous le suivons aussi dans sa quête, découvrant ce qui entoure la surdité, les médecins, les implants, les autres sourds, etc. A la suite d’un film documentaire projeté lors du programme précédent, Ces sourds qui ne veulent pas entendre, sur la question des implants cochléaires (qui cherchent à restituer l’ouïe pour les sourds), on projette cette fois une fiction sur le même thème autour de laquelle nous vous invitons discuter ensemble pour poursuivre les réflexions engagées. Mais, quand bien même l’intrigue du film se structure effectivement autour de la surdité inattendue du personnage principal et autour de la question des implants qui va occuper une place assez importante, on ne saurait le résumer à cet unique sujet, dans la mesure où ce film ne cherche pas à être représentatif d’une situation générale sur ces questions, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a rien à en dire. Rendez-vous donc à la bibliothèque des Fleurs Arctiques le lundi 7 mars à 19h.