Présentation d’une brochure contre la recherche

Vendredi 21 avril 19h30

Les occupations d’université sont un « classique » des mouvements sociaux (de Mai 68 aux occupations de l’entre-deux-tours d’avril 2022) qui amènent nécessairement avec elles des conflits et questions plus ou moins intéressants autour de la recherche et de l’université.
Nous proposons ainsi une brochure contre la recherche afin de réaffirmer une critique féroce de l’université et des idéologies et pratiques qu’elles véhiculent, critique nécessaire à toute perspective révolutionnaire et émancipatrice.
La présentation de la brochure pourra être le point de départ d’une discussion sur les liens et sur les ruptures qu’il y a pu avoir dans le passé entre révolutionnaires, milieux subversifs et université, et sur ce qu’il en est aujourd’hui. Si nous aspirons à trouver une forme d’autonomie et à garder active la conflictualité vis à vis du savoir produit par l’université, force est de constater qu’aujourd’hui une porosité entre les revendications et mots d’ordre des mouvements sociaux et les thèses universitaires nous invite à réélaborer de toute urgence des pratiques et idées en rupture avec celle-ci.

Réouverture de la bibliothèque / Projection du film Big Boss lundi 9 janvier à 19h30

La bibliothèque des Fleurs Arctiques rouvre ses portes lundi 9 janvier à 19h30
avec la projection du film Big Boss de 1971 réalisé par Lo Wei :

Cheng Chao-an débarque de Chine en Thaïlande par bateau afin de bosser
dans une usine de glace où d’autres travailleurs chinois immigrés se
cassent le dos. Ce travail éreintant n’offre que peu de moments de vie à
nos protagonistes. Un ras-le-bol général des ouvriers attisé par les
magouilles du patron de l’usine provoque une grève. Cheng Chao-an se
fait alors acheter par le patron et les contre-maîtres et aide à
réprimer la grève à laquelle tous ses proches participent, mais
lorsqu’il réalise que ses chefs sont ses ennemis et que ses camarades
qu’il a réprimé dépérissent Cheng Chao-an se met à voire rouge et va
incarner la colère de ces ouvriers en lutte.
Bagarre, grève, bagarre et cassage de casseurs de grèves le tout teinté
de la poésie naïve de notre personnage principal que la dureté des
rapports de domination va par empathie et camaraderie élever contre les
patrons et les maîtres.

La suite du programme sera disponible sous peu, au plaisir de vous
retrouver nombreux !

Les Fleurs Arctiques

Fermeture hivernale

La bibliothèque est fermée durant la période des vacances de Noël.

Le prochain programme est en préparation et sera annoncé d’ici peu.

Si vous êtes de passage sur Paris exceptionnellement, vous pouvez toujours nous contacter par mail à lesfleursarctiques@riseup.net pour éventuellement récupérer ou déposer des brochures, des livres.

A très bientôt,

LES FLEURS ARCTIQUES

Démontage judiciaire – L’affaire Pierre Rivière

Samedi 10 décembre à 17 h

 

Le 3 juin 1835, Pierre Rivière, un paysan de 20 ans originaire du Calvados, tue à coups de serpe sa sœur, son frère et sa mère enceinte de 6 mois. Suite à une cavale de près d’un mois à pied entre les forêts et les villages voisins, il se fait arrêter et enfermer. Le procureur du roi suggère à Pierre Rivière de justifier son acte par écrit, ce qui le pousse à écrire un Mémoire qui sera une pièce maîtresse d’un procès qui suscitera toutes sortes d’attentions (judiciaires bien sûr, psychiatriques, mais aussi philosophiques avec les travaux d’Arlette Farge et de Michel Foucault entre autres). Durant l’instruction, de longs débats sur sa potentielle aliénation, au moment où il a commis l’acte, et de manière générale, ont lieu pour savoir s ‘il passera ou non en procès, si son état lui permet d’être jugé ou s’il doit être considéré comme irresponsable. Ces débats seront aussi déterminants durant le procès pour savoir s’il sera condamné ou non à mort, peine à laquelle il sera finalement condamné, à la fin d’un long procès, mais avec la possibilité d’un aménagement de peine, 6 des jurés étant finalement favorables à prendre en compte des circonstances atténuantes. Son pourvoi en cassation est rejeté mais Louis Philippe commue sa peine en prison à perpétuité. Pierre Rivière, qui se considérait comme déjà mort, se suicidera le 20 octobre 1840 dans une cellule de la prison de Beaulieu, à Caen.

Cette affaire de parricide, commise par celui qui fut considéré à l’époque comme un monstre, nous intéresse à plus d’un titre. Elle suscite en nous plusieurs interrogations. Quel est ce rejet viscéral mêlé à une fascination qu’il suscite dans la population ? Pourquoi la question de la personnalité du fou a-t-elle pris une telle importance pour l’appareil judiciaire ? Qu’est-ce que ces débats autour de l’irresponsabilité pénale ont d’actuel ? Qu’est-ce que cette affaire nous dit de la famille et de son enfermement pathogène ? De quoi se représentait-il que ce parricide et fratricide allait le délivrer ? Comment Pierre Rivière intègre-t-il le discours du droit (notamment celui de la propriété et de l’héritage) dans l’espèce d’autobiographie qu’il produit à cette occasion ? Ce faisant, le déborde-t-il ou reste-t-il dans ses acceptions ? Qu’est-ce que cela nous dit de la vision singulière que Pierre Rivière a de la société et du droit qui la régit ?

Consultez ou téléchargez les documents réunis à cette occasion ici

Internationalisme et Intervention

Jeudi 1er décembre 2022 à 19h

Discussion autour du soulèvement en cours en Iran organisée par le journal d’agitation Mauvais Sang

Depuis la mort de Mahsa Amini le 16 septembre dernier, des insurrections éclatent un peu partout en Iran. Ces soulèvements, par leur intensité, ont ouvert une brèche de possibilités dans le quotidien de milliers de personnes qui subissent le poids d’un régime théocratique.
Pourtant, en France, rares et timides ont été les manifestations et actions en solidarité avec ces révoltes porteuses d’espoir. Le manque de lien et de solidarités internationalistes nous pèse tous plus que jamais.
Suite à ce constat, le journal d’agitation révolutionnaire Mauvais Sang invite à une discussion publique autour des soulèvements en Iran. Le but serait non seulement de partager des informations, des idées, des analyses de la situation actuelle qui ouvrent beaucoup de questions, mais aussi de réfléchir concrètement et activement à comment intervenir, comment lutter avec des révoltés et des révolutionnaires qui sont loins géographiquement, mais avec qui nous partageons pourtant des aspirations communes.
Un texte est dédié à ce sujet dans le numéro 04 de Mauvais Sang, qui peut servir d’outil d’amorce à la réflexion en amont de la discussion.
Soyons à la hauteur de ce qu’ont ouvert comme possibilités ces femmes qui ont osé affronter l’autorité de la police des moeurs au prix de leur liberté et parfois de leur vie – à la hauteur de ces prisons qui brûlent, de cette rage que l’on voit partout depuis septembre !
Vive la révolution internationale, sans
dictateur ni président !

Mauvais Sang

Bullet Ballet

Lundi 28 novembre 19h30

Shin’ya Tsukamoto – 1998
VOST (Japon) – 87’

Dans la filmographie de Tsukamoto, Bullet Ballet arrive juste après Tokyo Fist qui clôt sa trilogie de Tokyo. On retrouve un noir et blanc que le réalisateur n’avait pas utilisé depuis Tetsuo, ici plus contrasté et artistique, mais le film parait aussi plus calme que les deux précédents, moins violent, plus mélancolique, plus proche du film noir et sans éléments fantastiques. Encore incarné par le réalisateur, le personnage principal est ici aussi un salary man à la personnalité peu affirmée, qui se fait écraser, tromper, agresser, et qui dérive peu à peu dans l’autodestruction. Suite à une tragédie il va goûter à la destruction elle-même et par là-même retrouver une pulsion de vie. Dans cette guerre qui se transforme vite en lutte pour la survie, il va retrouver goût à l’existence sans s’éviter de regarder en face le nihilisme. Le film n’a pas pas peur non plus d’être parfois remarquablement beau, et pas seulement d’un point de vue esthétique. Ici c’est toujours le métal qui fascine, en l’occurrence, les armes à feu.

Contre culture

Vendredi 16 décembre 19h30

Ce qui compose la culture aura tôt fait de nous intéresser. Ce qui ressort culturellement d’une époque, d’une période historique, ce qui la compose artistiquement et intellectuellement, donne à penser puisque cette culture est aussi l’une des choses contre laquelle immanquablement un épisode révolutionnaire se heurte, de milles manières. Depuis les années 50, et plus particulièrement autour des années 70, on ne compte pas le nombre de mouvements contestataires allant des hippies aux punks en passant par les blousons noirs qui ont contribué à ce que l’époque post Mai 68 charriait de remise en question et de subversion de l’ordre bourgeois et de la domination culturelle établie. Ces mouvements culturels accompagnant les épisodes subversifs (parfois y survivant) ont formé ce qu’on appelle des contre-cultures. Des codes, des normes, des musiques, des styles, faits pour faire des doigts d’honneur plus pour moins prononcés selon les cas au rigorisme et au puritanisme ambiant, à la bienséance et aux codes moraux de la bourgeoisie. Devant ce fait sortent les habituelles mille et une questions impliquées par la perspective révolutionnaire, qui pourraient peut-être avoir comme fondement la suivante, pour la faire simple : le terrain culturel et contre-culturel est-il un terrain sur lequel l’intervention est judicieuse, dans la perspective de contribuer à l’existence et à l’épanouissement émancipateur de la révolution ? Les problématiques culturelles sont elles les nôtres, à une échelle plus grande que celle de nos goûts musicaux respectifs ?
La question de ce qui fait consensus et de ce qui ne le fait pas, de ce qui est majoritaire et de ce qui est marginal, attire à elle comme un aimant toutes les tendances politiques qui s’en emparent chacune avec leur angle d’attaque. On voudra chez certains intégrer la culture à la lutte, pour la remplacer et faire de la Révolution la nouvelle culture de l’époque. Ailleurs, on se penchera plutôt vers une optique contestataire, relevant un par un des défauts de la culture, afin de réussir à la réformer et la faire correspondre à telle ou telle chapelle idéologique. Ailleurs encore, on refusera le sujet en bloc, décrétant que musique et autres arts sont dissociés du terrain de la politique, vains et bourgeois, jusqu’à peut-être chercher à exterminer les intellectuels comme durant les Khmers rouges. Ces différents angles et leurs oppositions sont importants à traiter, puisqu’ils impliquent des lectures historiques des épisodes de luttes parfois contradictoires, et des manières d’intervenir potentiellement en conflit les unes avec les autres. De la manière de comprendre l’influence du mouvement punk ou des radios pirates sur les années 70, découlera aussi (avec un brin de conséquence), les questionnements actuels, les analyses politiques et les axes d’attaque contre ce monde. En effet, il est possible de voir ces mouvements contre culturels comme partie prenante d’une subversion diffuse, comme il est aussi possible de les envisager comme les germes de la culture dominante future, ce qui change beaucoup de choses dans la lecture des forces de subversion actuelles et de leur importance.
La contre-culture marginale participe-t-elle à l’intégration de la subversion ? Que penser alors de son caractère subversif ? Qu’est-ce qu’implique la volonté de gagner le terrain culturel, ou de chercher à le détruire, et d’en empêcher les expressions parfois sauvages ? C’est pour mettre en débat toutes ces questions, dont les réponses ne pourront que se trouver à la lumière des mouvements révolutionnaires passés, présents et futurs, que nous organisons cette discussion aux Fleurs Arctiques.

The Art of self-defense

Lundi 12 décembre 19h30

Riley Stearns – 2019
VOST (USA) – 104’

Dans la continuité de notre interrogation autour du lien entre violence et masculinité, nous proposons un film au ton plus noir, mais tout aussi comique : The Art of Self-defense de Riley Stearns. Une nuit, Casey, jeune comptable introverti est passé à tabac par un groupe de motards. Pour surmonter le traumatisme – et, plus fondamentalement, la peur des autres –, il décide de devenir la personne qu’il redouterait le plus et s’inscrit dans un dojo dont le sensei, très charismatique, l’initie à l’art de l’ « auto-défense ». Il découvre bien vite à ses dépens que l’art martial est moins défensif qu’il le croyait…

Kaiju

Vendredi 2 décembre 19h30

Qu’est-ce que des kaijus, ces gros monstres apocalyptiques tirés de films japonais post attaques nucléaires, ont à nous dire ce de monde et des possibilités révolutionnaires ? Nous pourrons nous poser la question avec des participants à la revue apériodique anarchiste Des Ruines, à l’occasion de cette présentation du dossier portant sur ces créatures extradordinaires présent dans le numéro 3-4 que nous diffusons par ailleurs à la bibliothèque. Quand s’emparer du sujet du nucléaire du point de vue de l’intervention révolutionnaire semble complexe et hors de notre portée immédiate (ce qui se discute régulièrement à la bibliothèque), restent encore et heureusement les projections imaginaires, évocatrices, à portée mythique, qui peuvent parfois permettre de voir de la subversion là où la raison n’y parvient pas. Profitons de cette présentation pour poursuivre les réflexions sur le rapport au foisonnement de l’imagination qu’ont condamné dans l’histoire tant de stals et de maîtres à penser de la révolution autoritaire, ce qui pourra peut-être amener de nouvelles réflexions quant au pourquoi du cinéma dans une perspective révolutionnaire, puisque les ciné-clubs et leurs cycles se poursuivent à la bibliothèque, et qu’ils nourrissent indéniablement nos soifs de révolte et nos critiques de ce monde.

Subversion

Vendredi 25 novembre 19h30

La subversion semble une notion complexe à définir aujourd’hui, puisque cette dernière est sans cesse utilisée que ce soit par les fafs, la droite, l’État, la gauche, les gauchistes et les révolutionnaires et son sens se disperse galvaudé de part et d’autre. L’État désigne comme subversif tout ce qui peut lui nuire allant des illuminés de Daesh aux vieux croulants putchistes. Les fascistes et l’extrême-droite se pensent subversifs par transgression de la morale, qui ne rompt en aucun cas avec ce monde mais cherchant à rendre majoritaire les conceptions les plus réactionnaires et autoritaires possible. Cette transgression à contrario de ce que l’on désignerait comme subversion passe souvent par le symbolique, la surface de ce que la subversion attaque à la racine. Il y a donc bien deux notions à séparer, celle de la transgression, dont le rapport à l’existence ne consiste peut-être qu’en le contourner, le détourner là où la subversion serait ce qui (semble) faire rupture ou même parfois seulement s’énonce comme tel.
Alors que faire ? Abandonner la subversion à ces aléas ? Comment alors laisser place à ce qui met des bâtons dans les roues de l’ordre du monde, l’ordre actuel, mais aussi tout ordre futur, quelque utopique qu’il puisse être ? Comment cesser d’être attentifs à ce qui met des grains de sables dans une machine qu’on cherche à détruire, comment ne pas voir que ces grains de sables inattendus peuvent y parvenir bien mieux qu’un arsenal théorique même 100% révolutionnaire, comment nommer ces pratiques diffuses radicalement contre l’Etat et le capitalisme dont la permanence montre à quel point tant qu’il y aura de la contrainte et de l’exploitation, l’aspiration à les subvertir ne cessera de s’exprimer ?
La subversion dont il sera donc question ici est bien la subversion par rapport à l’ordre établi, par rapport au monde. Il est clair qu’au cours de l’histoire les révolutionnaires se sont souvent appuyées sur cette dernière soit comme un horizon, une énigme ou une quête qu’il faudrait résoudre (comment subvertir ? Comment être subversif ? Qu’y-a-t-il de subversif à cette époque) ou alors à la traîne de celle-ci essayant sans cesse de la rattraper, de l’intégrer ou de la capter. Par ailleurs, si la subversion se trouve être un sujet de discussion sérieux entre une partie des révolutionnaires, sur son importance ou sa primauté, d’autres en revanche ne la considèrent pas qu’elle mérite d’être prise en considération ni dans l’analyse du capitalisme et de l’État ni comme plaies éventuelles de ceux-ci qu’il faudrait élargir. De nombreuses tendances marxistes, notamment léninistes passent à la trappe la question de la subversion ou de la marge par soucis d’efficacité ou d’unité du Prolétariat, ou pour préserver la possibilité d’une stabilité post révolutionnaire de type étatique, qui n’aurait plus à être subvertie. Glaçant. La question est également de savoir si la subversion fait lutte en soi, car maints actes sont subversifs mais peuvent rester limités à l’institution ou au cadre qu’ils subvertissent.
Le retour du religieux à la fois sur le devant de la scène politique mais aussi sa diffusion s’étendant ces dernières années semble reposer plus que jamais cette question de la subversion dont on peut dire qu’un des avatars les plus simples (de part la clarté de l’acte ou du propos) à comprendre est le blasphème. La subversion pose également la question de l’art, où le problème est bien plus complexe à comprendre puisqu’il prend racine dans une institution qui aura tôt fait de récupérer ce sens de subversion (ou tout ce qui est subversif qu’il soit art ou non) pour en faire un mantra et un objectif des artistes jusqu’à trouver l’absence même d’art subversif.
La subversion ne se limite pourtant pas à ces deux exemples, et elle peut être ce vers quoi nous tendons dans un moment de lutte qui commence à se scléroser dans ses propres habitudes.
La subversion est-elle être centrale dans la production de nos analyses et perspectives d’intervention au sein des luttes ? La subversion est-elle vaine en dehors d’un mouvement ? La subversion en toute occasion est-elle une attaque à ce monde ?