Claire Dolan

Mardi 25 mars – 19h30

Lodge Kerrigan
1998 – 95’

Nous poursuivons ici le cycle Lodge Kerrigan, cette fois ci avec le personnage Claire Dolan, aux prises avec un proxénète manipulateur et une ville de New York plus froide que jamais, pleine de miroirs et de reflets. Elle nourrit pourtant le souhait de se ranger pour passer de la putain à la maman, un peu comme dans une fable, mais triste. A travers la souffrance de Claire on explore la possibilité et le désir de la fuite, mais c’est la souffrance qui prime. La prostitution est dépeinte sans aucun fard, elle est froidement dénuée d’émotion, elle est cette réification des corps. Dans ce film, que nous considérons comme le meilleur de LK, on retrouve une mise en scène au plus près de son personnage, mais sans aucun racolage, comme dans Clean Shaven, on partage cette intimité mutilée par la vie, grâce à la performance extraordinaire de Katrin Cartlidge (qui nous a quitté depuis) qui forme ici un trio qui en dit long sur les relations humaines et leur déséquilibre avec Vincent D’Onofrio et Colm Meaney, le tout avec une cinématographie exceptionnelle à tous les niveaux, cependant plus classique et moins expérimentale que Clean Shaven.

A Dark Song

Mardi 8 avril – 19h30

Liam Gavin
2016 – 99’

C’est une histoire de gens paumés. Chacun pour ses raisons, un deuil, un délire, on ne sait pas bien. Mais la rencontre a lieu, elle n’est pas amoureuse mais intéressée. Elle a perdu son fils, ça ne passe pas, il est un spécialiste de la magie rituelle kabbalistique. A travers une approche réaliste de l’ésotérisme, ce premier film, qui n’est pas (vraiment) un film d’horreur, nous plonge dans les abimes métaphysiques de ses personnages ébranlés par la vie, qui viennent ici se frotter au grandiose sans quitter la trivialité d’un quotidien pourtant bouleversé par les exigences de la magie, qui ne rigole pas du tout.

Birth

Mardi 29 avril – 19h30

Jonathan Glazer
2004 – 100’

Anna, interprétée par Nicole Kidman, remise de la mort de son ancien mari, s’apprête à marier un autre homme. Mais un événement va venir perturber le quotidien de cette famille bourgeoise : un enfant de dix ans affirme être la réincarnation du mari décédé et semble se souvenir, de manière troublante, de leur vie passée, mettant ainsi sens dessus dessous les certitudes des uns et des autres. Ce film, co-écrit par Jean-Claude Carrière (collaborateur et scénariste de Buñel), montre, avec horreur, les illusions délirantes que nous sommes prêts à suivre pour échapper au deuil et au quotidien.

The Wicker Man

Mardi 13 mai – 19h30

Robin Hardy
1973 – 94’

De la folie, beaucoup de folie, du psychédélique et de l’immoral, des religions, des pratiques et des croyances absurdes, une île au fonctionnement et aux mœurs différentes, des corps qui dansent, Christopher Lee (Dracula) au sommet de sa forme et probablement beaucoup de drogues sur le tournage, font de ce film sulfureux et irrespectueux un des bijoux de l’ère post-hippie déglinguée. Parfait pour notre cinéclub !

Aider à mourir peut il être un soin ?

Samedi 14 juin – 17h

En mai ont été examinés au parlement deux textes relatifs à la fin de vie, dont l’un à propos d’une légalisation du suicide assisté renommé dans ce cadre « aide active à mourir » (terminologie qui en elle-même invite déjà à être débattue !). D’après ce projet de loi, les patients atteints d’une « affection grave et incurable » pourront demander un suicide assisté, à condition d’être majeurs, français, en mesure « d’exprimer leur volonté de façon libre et éclairée », et d’éprouver des « souffrances physiques et psychologiques réfractaires et insupportables ». Comme dans d’autres pays, c’est principalement la gauche qui encourage un telle dynamique de légalisation de formes d’euthanasie, y défendant un droit et une liberté, y voyant un progrès, et parfois traçant un parallèle entre le « mon corps, mon choix » du droit à l’avortement et le désir de mettre fin à ses jours. La Colombie, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et depuis 2021 l’Espagne ont légalisé l’euthanasie, tandis que neuf états américains ont légalisé le suicide assisté (la différence avec l’euthanasie étant que la personne s’administre elle-même la substance létale). Des pays comme la Suisse et l’Italie tolèrent également le suicide assisté, bien qu’aucune loi ne vienne légiférer à son propos. Enfin, l’arrêt des traitements à la demande des patients est légalisé dans de nombreux pays. Nous proposons de nous pencher sur ces différents contextes sociaux et politiques afin de discuter à la bibliothèque des implications sociales de ces différentes législations, notamment sur les plus précaires, les « indésirables » du capitalisme et les moins productifs, mais pas seulement, et afin de prendre à bras le corps la question de savoir si aider quelqu’un à mourir peut-il être un soin. Cela soulève bien entendu des enjeux existentiels et éthiques irréductibles à la politique, mais les manières de traiter de cette question sans émettre aucun lien avec la politique, la critique du capitalisme, du travaillisme et plus largement des rapports sociaux sont déplorables (on peut ici penser au dernier film de Pedro Almodovar, La chambre d’à côté, qui met en scène une défense du suicide assisté en dépolitisant et décontextualisant complètement le sujet, comme s’il ne s’agissait que d’une pure décision de volonté individuelle). Nous chercherons donc à articuler avec la perspective révolutionnaire anti-autoritaire des réflexions autant politiques que plus largement existentielles sur ce sujet, afin de dégager, enfin, un espace possible à des positionnements qui ne se ramènent pas au schéma parlementaire actuel d’une opposition légaliste entre progressismes pro-euthanasie et réactions anti-euthanasie sous couvert de traditions, de religions et de main-mise sur l’individu. N’oublions jamais la saine méfiance à l’égard de tout ce qui cherche à légiférer sur la vie comme sur la mort, et tentons de débattre avec, on l’espère, plein de fertiles désaccords !

Démontage judiciaire : affaire des 17 occupants du ministère de la Justice à Strasbourg

Samedi 29 mars – 17h

Cliquez sur l’image pour télécharger la liasse du démontage judiciaire

Saboter la machine judiciaire implique de comprendre comment fonctionnent ses rouages quand elle s’exerce, comment elle peaufine ses engrenages pour mieux nous broyer. Alors il nous a semblé pertinent de proposer des occasions de pratiquer ensemble des démontages, en se donnant le loisir d’accorder collectivement toute notre attention à des déconstructions aussi méticuleuses que possible d’affaires judiciaires précises, passées ou actuelles, pour mieux se préparer à affronter la justice et la répression quand nous nous retrouvons contraint de le faire. Chaque affaire est singulière, et toutes ou presque pourront nous intéresser, qu’elles aient défrayé la chronique, marqué l’Histoire ou qu’elles participent d’un fonctionnement quotidien d’une justice toujours trop près de la vie de tout un chacun, et on espère que comprendre ces affaires spécifiques nous permettra d’en savoir plus sur le fonctionnement de l’ensemble du dispositif, et de trouver comment s’y opposer. Concrètement, on propose un rendez- vous régulier et public (une fois par programme) pour plonger ensemble dans une affaire choisie préalablement selon les propositions ou occasions, et sur laquelle ceux et celles qui voudront le faire se seront penché en amont, à partir des documents et informations qu’on peut réunir selon les cas, pour restituer aux autres à la fois la construction de l’accusation et la stratégie de défense choisie ainsi que la manière dont elle s’est élaborée. On pourra ensuite tous discuter à partir de ces éléments, en s’inspirant des formes de prises en charge collective des défenses qui se sont développées dans les suites de mai 68, par exemple, mais sous une forme « désactualisée », hors des enjeux immédiats d’une défense réelle en cours. Pas besoin de connaissances spécifiques préalables, bien sûr, pour participer, d’autant plus que le point de vue que nous choisirons d’adopter c’est celui de tous ceux et touts celles qui peuvent se retrouver face aux tribunaux et qui ne sont pas prêts à laisser la machine judiciaire les broyer, et pas celui des spécialistes ou relais de la justice auquel trop souvent le champ libre est laissé, parce que tout est fait pour nous conduire à le leur abandonner. Il s’agirait donc au contraire de s’habituer à ne plus déserter le champ de l’élaboration collective, et de chercher à donner un sens concret à la notion de défense collective.

Ce démontage judiciaire portera sur le procès des 17 occupants de l’annexe du ministère de la Justice à Strasbourg.

Du 19 au 28 juillet 2002, plusieurs milliers de personnes venues de toute l’Europe se réunissent à Strasbourg à l’appel du réseau No Border pour un campement contre le contrôle social, prenant pour cible le Système d’Information Schengen (SIS) qui instaure le fichage des indésirables au niveau européen (sans papiers comme militants) et qui est situé à Strasbourg. Il s’agit aussi à l’époque où se multiplient les « contre sommets », de proposer de se réunir aussi nombreux mais sur nos propres échéances et enjeux au lieu de dépendre de ceux des États en acceptant des rendez-vous préparés à coup de dispositifs répressifs monstrueux (comme à Seattle, Prague ou Gênes). A partir de cette initiative auront lieu de nombreuses interventions, manifestations et attaques. Plusieurs arrestations donneront lieu à des procès mais un seul militant, Ahmed Meguini, passe en comparution immédiate et se retrouve incarcéré. Sur la base de l’équipe juridique constituée pour le campement (Il-legal team), la solidarité et la défense s’organisent pour perdurer au-delà de la durée du campement, et face à la situation particulière qui est faite au seul incarcéré (refus de parloir, isolement etc.), 17 personnes du collectif de solidarité local et de l’équipe juridique décident d’occuper l’annexe du ministère de la Justice à Strasbourg. Ils seront délogés par le GIPN et passeront en comparution immédiate pour violation de domicile et séquestration, après avoir passé 24h en prison. Libérés après la première audience sur une déclaration d’incompétence du tribunal (la séquestration dans ce cas est un crime qui se juge aux assises), le dossier volontairement gonflé par le Parquet en séquestration finira par se dégonfler en appel avec une condamnation pour chaque inculpé à 15 jours de prison avec sursis.

Au delà de reparcourir les méandres judiciaires des procès de cette affaire (dans lesquels les 17 inculpés ont réussi, malgré des divergences notables et le temps long de la justice, à rester unis face à la procédure et à empêcher ainsi de singulariser les peines), elle nous semble intéressante aussi parce qu’elle comporte l’intervention d’un collectif de défense construit sur des principes de défense collective et qu’elle s’inscrit dans une démarche globale de défense militante, dont on pourra rediscuter à cette occasion.

Zélig

Mardi 27 mai – 19h30

Woody Allen
1983 – 79’

Faux documentaire réalisé en 1983, Zélig nous raconte l’histoire de Léonard Zélig, homme caméléon qui, chaque fois qu’il se retrouve entouré de gens partageant un métier, une caractéristique physique ou une passion, se transforme en s’identifiant au groupe, croyant dur comme fer avoir toujours été médecin, pilote d’avion, trompettiste dans un groupe de Jazz selon les situations. Un groupe de médecin s’intéresse à lui dont le Dr Eurora Fletcher, qui tentera de le comprendre et de le soigner par l’hypnose.
Plein d’humour de de bizarrerie, Zélig nous invite à réfléchir à la conformité comme réponse à la peur du rejet.

Soirée de soutien à la bibliothèque

Samedi 31 mai – 17h

Cette soirée sera l’occasion de nous rencontrer, de discuter des luttes en cours, du projet de la bibliothèque, d’amener des tracts et brochures pour la distro de la bibliothèque, de parler de révolution, et de profiter d’une projection de nanar.
Une caisse sera disponible pour apporter un soutien aux divers charges de la bibliothèque (loyer, vitres cassées, impressions …).

Discussion à l’occasion de la sortie du numéro 10 du journal d’agitation Mauvais Sang

Vendredi 7 mars – 19h30

A l’occasion de la parution du 10ème numéro du journal d’agitation révolutionnaire Mauvais Sang, un moment de présentation et de discussion autour de ce dernier numéro aura lieu à la bibliothèque des Fleurs Arctiques.

Nous pourrons discuter du fond des articles de ce numéro (la révolte contre la police des moeurs en Iran, le joyeux chaos sans revendication du monde animal dont nous pourrions nous inspirer, l’insupportable chasse aux fraudeurs par la RATP et la nécessité de ne pas s’y plier, le besoin de maintenir l’espoir révolutionnaire et de désirer l’inconnu), mais aussi du projet plus large du journal d’agitation, et des numéros passés.

N’hésitez pas à venir, que ce soit pour entrer en conflit, pour poser des questions ou autres contributions et faire vivre l’agitation révolutionnaire !

A l’occasion de la sortie de ce numéro 10 et après les 3 ans d’existence du journal, une liasse des 10 premiers numéros sera disponible ce soir là et ensuite en distro à la bibliothèque des Fleurs Arctiques.rs Arctiques

Les flics veulent des sous pour leurs passages à tabac ? Soyons présents contre leur racket et la répression

Le 13/12, trois personnes passent en procès au tribunal de Bobigny en première instance (après de nombreux renvois) d’une affaire dont les interpellations remontent au 18 septembre 2021. Deux d’entre elles sont accusées d’avoir, suite à l’intervention de la police pour faire cesser une soirée de soutien au squat le marbré à Montreuil, jeté des projectiles sur les flics, s’être rebellés à l’interpellation et d’avoir refusé de se soumettre au prélèvement d’empreintes lors de la garde à vue qui à suivi. La troisième est plus lourdement accusée par la police, puisqu’en plus de ces accusations lui est également reproché d’avoir lors de l’interpellation causé une interruption de travail de plus de 8 jours à l’un des baceux, de lui avoir pété la main. Dans cette affaire, nous tenons à montrer toute notre solidarité au camarade qui s’est fait frapper, étouffer, violemment, dans la voiture de police qui à fait un détour spécial par Gagny avant d’arriver au commissariat de Montreuil, c’est à dire une demi-heure supplémentaire menotté entouré de 4 baceux de Montreuil qui le frappent. La police, comme ça arrive régulièrement, se sert de la justice pour faire son sale boulot et pire encore, pour faire incomber au gardé à vue la faute de s’être cassé la main en frappant l’inculpé. Le policier demande d’importants dommages et intérêts à l’inculpé, pour ses séances de kinésithérapie qui ont suivies l’arrestation. Ce flic essaye littéralement de se faire payer son kiné sur le dos de la personne qu’il a défoncé, ce n’est pas une pratique nouvelle, et elle est intolérable. Dans la séquence actuelle, où l’appareil étatique et sa branche judiciaire semble particulièrement à cran sur les violences contre les forces de l’ordre, et autres rebellions en tout genre, où l’ordre social est à la fois tendanciellement mis en crise par des événements dont nous saluons l’intensité comme les émeutes ayants suivis la mort du jeune Nahel Merzouk à Nanterre, abattu pour un refus d’obtempérer, il est essentiel de montrer notre opposition aux rouages répressifs de l’Etat. La force de la matraque et de la justice ne pourront arrêter ce qui s’oppose à ce monde.

Montrons notre solidarité aux trois prévenus en étant nombreux pour leur procès, la justice n’est pas une affaire individuelle !

Solidarité ! Rendez-vous le vendredi 13/12 à 13h30 au tribunal de Bobigny pour assister au procès !