Hayao Miyazaki, 1984, vostfr, 1h56
lundi 25 juin à 19h
« Je ne peux pas croire qu’il s’agisse de la même personne… sous le coup de la colère, elle n’est plus elle-même. On dirait un ômu brûlant d’une rage destructrice…»
Mille ans auparavant, les dieux guerriers ont détruit la terre en sept jours de feu (à voir dans Giant God Warrior Appears in Tokyo, produit par les studios Ghibli en 2012, et projeté au début de chaque ciné-club du présent cycle sur les Kaijus). Le vivant et ses insectes ont repris le dessus, et la fukai, cette gigantesque forêt qui ne cesse de gagner du terrain, envahit tout, rase les villages avec ses spores toxiques. La forêt pourrit l’air, rendu donc irrespirable sans masques à gaz. C’est dans ce monde post-apocalyptique remplis de Kaijus que Nausicaä vit et respire dans une vallée balayée par des vents salvateurs. Tout cela apparemment sans heurts… Si ce n’est l’avancée de la fukai mystérieuse d’un côté et celle de la malveillance dominatrice humaine de l’autre.
Un monde ravagé, ou subsiste un éclat d’espoir, un monde qui tue l’humanité, des animaux géants qui laissent parler leur rage incompréhensible, des champignons toxiques d’une beauté propre à l’imagination de Hayao Miyazaki, c’est ce que propose cette dystopie de 1h50. S’y joue la cruauté humaine qui fait loi dans ce monde, une réflexion sur la nature d’un monstre, d’un Kaiju.
L’innocence bienveillante fait face à la peur, à la répulsion, et la domination, au pouvoir. Nausicaä, à la manière d’un renard-écureuil ou d’un Omu, fait face à ce monde en montrant les griffes et des yeux rouges, ou calmement et le regard paisible. C’est dans ce film l’affrontement entre l’humanité et le sauvage qui se joue, avec tous leurs liens complexes, et Nausicaä en étrange équilibre entre les deux.