Mardi 10 avril à 19h
Depuis qu’elle existe en tant qu’institution, l’école est au service de la bonne gestion des besoins de l’État et du capital. Elle qualifie quand il y a besoin de qualification, déqualifie quand il faut baisser le coût du travail, et toujours apprend l’obéissance et domestique la sauvagerie de l’enfance en faisant intégrer, que ce soit à coups de trique ou de pédagogies alternatives, la nécessité d’accepter ce monde et d’aspirer à y réussir. Elle est aussi le lieu où se rejoue toujours la possibilité de la révolte et du refus, elle est toujours forcément en crise, traversée de tensions et de contradictions inhérente à cette entreprise de gestion de l’ingérable. De la maternelle à l’université, ce qui s’y passe, les rapports qui y circulent, la manière dont adultes, enfants, adolescents y interagissent reflète cette fonction fondamentale. Si l’école d’hier a pu faire l’objet de critiques variées qui ont eu leur pertinence et ont été partiellement intégrées (donc désactivées) dans l’école d’aujourd’hui, celle d’aujourd’hui justement semble laisser bien démunis et impuissants ceux qui se rendent pourtant compte du désastre. On s’offusque de divers détails sans trouver le moyen de remettre en question, ni même simplement de décrire la réalité de ce qui s’y joue. Nous proposons d’ouvrir ce vaste chantier, de comprendre ce qui se joue à l’école en s’aidant de l’expérience de chacun (on y est tous passé, certains n’en sont jamais sortis …), mais aussi en réfléchissant autour de divers extraits de documentaires ou de fictions, en particulier Entre les murs et La journée de la jupe, deux films qui, chacun à sa manière, donnent une certaine image de l’école, tout en proposant des points de vue critiquables sur ce qu’il s’y passe et ce qu’il faudrait en faire. Nous avons choisi ces films dans la perspective de critiquer leur démarche et d’ouvrir enfin un champ de réflexion pour une critique radicale de l’école, ce qu’il s’y passe, ce qu’elle produit et ce qui la produit.