A partir de Valence, discussions sur les mouvements sociaux post-catastrophes naturelles

Jeudi 12 décembre – 19h30

Le 29 octobre 2024, la région de Valence est touchée par des pluies diluviennes. La région, asséchée et bétonnée, n’absorbe pas l’eau qui continue de tomber et qui fait déborder de leurs lits les cours d’eau. Des ponts, des trains, des maisons, des voitures, tout est emporté par les torrents de boue. A la sortie de la catastrophe, on compte les morts, on cherche les disparus. Plus de 260 morts recensés pour l’instant, mais encore de nombreux disparus et des corps qui continuent régulièrement d’être trouvés sous les décombres ou dans les voitures emportées.
Face à une catastrophe comme celle-là, la réaction d’un état est souvent de déclencher un plan de catastrophe naturelle. Il y a quelques années, nous avions déjà organisé une discussion pour critiquer ce concept (voir le texte « Il n’y a pas de catastrophes naturelles »). En effet, pour chaque catastrophe dite « naturelle », incendie, inondations, canicules, tsunami, ouragan, pandémie, séisme, éruption, il y a des causes et des conséquences humaines et politiques. De façon caricaturale mais aussi très concrète, un même typhon ne touchera pas de la même façon une personne qui vit dans un bidonville construit en zone inondable et une personne qui vit dans une maison secondaire en hauteur de la ville, construite en dur et qui a les moyens de partir. Accoler la notion de « naturel » à la catastrophe sert juste à dépolitiser la question. L’État et le capitalisme n’auraient aucune responsabilité et ce serait seulement un hasard de la Nature. Qui aurait pu prédire la crise climatique ? C’est une fatalité qu’il faut accepter.
Cependant, suite à de nombreuses catastrophes, ceux qui sont les premiers touchés par les destructions font souvent face à la violence du pouvoir. L’armée est là pour s’assurer que les magasins ne soient pas pillés, que les institutions ne soient pas attaquées. Le quotidien est renversé et des solidarités naissent dans la panique et l’angoisse, et il faut s’assurer que ces liens ne se retournent pas contre le pouvoir qui ne traite ces catastrophes que d’un point de vue comptable et qui mesure combien il devra débourser pour éviter un mouvement de colère.
Dans la région de Valence, dès le lendemain des inondations, de nombreuses manifestations ont eu lieu, certaines comptant des centaines de milliers de personnes dans les rues, alors que beaucoup d’habitants pointaient du doigt le système d’alerte public défaillant, les gens ayant été prévenus beaucoup trop tard de la dangerosité de la situation. Le gouverneur de la région, le chef du gouvernement, le roi et la reine d’Espagne se sont fait accueillir avec des jets de boue. Des affrontements avec la police qui protège l’hôtel de ville ont éclatés. La lutte est sortie de l’apathie pacificatrice du deuil national et de l’unité nationale.
A partir de ce qu’il se passe à Valence, mais aussi en réfléchissant à d’autres exemples historiques, nous essaierons de réfléchir aux mouvements sociaux qui parfois explosent suite à une catastrophe dite « naturelle », et qui parfois n’émergent pas. Nous essaierons de réfléchir à ce qu’ils sont, ce qu’ils pourraient être, ce à quoi ils s’affrontent, et ce qui les freine et les éteint.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *