Mardi 11 juin 19h30
Martin Scorcese, 1999, 121′
48H de la vie d’un ambulancier halluciné parmi les néons, les marges, les bas-fonds, les sirènes et les urgences saturées de la gigantesque New York. Aux confins de la nuit, dans la cadence infernale d’une gestion des vulnérabilités humaines à flux tendu, des vies se débattent, s’entre-choquent, s’attaquent, s’aident, se détestent, s’aiment, se révoltent, et Franck Pierce, magistralement incarné par Nicolas Cage, traverse la ville en même temps que ses angoisses hantées par des morts qu’il n’a pu éviter. Jusqu’où dérive-t-il, tient-il, jusqu’où se perdent toutes ces singularités souffrantes, sans cesse brutalisées par la réalité de la misère et de la maltraitance institutionnelle, mais en même temps ô combien féroces de tenir, jusqu’où New York n’implosera-t-elle pas enfin ? Dans ce chef d’œuvre de Scorcese, un kaiju qu’on appellerait bien de nos vœux pour retourner enfin le rapport de force et détruire ce qui nous attache à ce monde de misère, de travail et d’urgence qui se répète, est à la fois jamais bien loin, et en même temps sans cesse absent… Rien ne se résout, tout bouillonne, pétrit de contradictions et de tensions… Les heures et les ambulances passent, entre pulsions de vie et pulsions de mort, entre réalité et délire, entre révolte et abnégation, et les lumières de la nuit électrique n’en finissent pas de nous ravir…