La Zone d’intérêt

Mardi 7 mai 19h30

Jonathan Glazer, 2023, 105’

Le film suit la famille du commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss, qui mène une vie idyllique juste à côté du camp. Bien que le camp lui-même reste invisible, ses horreurs résonnent de façon continuelle à travers les bruits constants : des cris d’agonie, des ordres implacables et des exécutions brutales. Derrière les murs épais et les belles fleurs de leur maison familiale, le camp reste dissimulé. Nous observons cette famille sans aucune attache envers eux. Le commandant gère le camp comme une entreprise, obsédé par la rentabilité à fournir dans la mort tandis que sa femme aspire seulement à garder une belle maison. Le film, heureusement sans doute, ne cherche pas à mettre en scène une « complexité de l’histoire » avec une empathie pour les enjeux de vie familiale des nazis, le sujet est hors-champ.
Cette représentation de l’horreur soulève des questions importantes, qui ont déjà été discutés au sein de la bibliothèque : comment se constitue la mémoire de l’extermination des juifs lors de la seconde guerre mondiale, ou des autres génocides ? Faut-il montrer l’horreur ? Comment un film de fiction peut-il traiter d’une réalité aussi dure ? Peut-on même réussir à capturer à l’écran toute son atrocité ? Le rapport entre image et génocide a une longue histoire : l’image de propagande, l’image volée aux bourreaux comme résistance, l’image documentaire, l’image d’archive, l’image du témoignage, l’image cherchée, l’image qui ne suffit jamais, l’image oubliée. La discussion après le film permettra de nourrir ces discussions.