Cecil B. Demented

John Waters – 2000 VOSTF (USA) – 87’

Lundi 31 mai à 19h

Un cinéaste underground à la tête d’un groupe armé de tournage fanatisé pousse la radicalité au-delà des limites de la fiction en enlevant une star hollywoodienne en vogue dans le cinéma mainstream pour lui faire tourner sous la contrainte un film fait de scènes d’attaques de tournages de blockbusters. Sur le modèle de Patty Hearst qui finira par rejoindre ses ravisseurs, la star se prendra au jeu et deviendra la vedette de ces interventions cinématographiques armées.

John Waters retrouve au début des années 2000, quelque chose d’une subversion très punk pour nous faire assister au tournage rocambolesque et burlesque de ce film expérimental ultime qui représenterait l’absolue radicalité d’un cinéma intervenant contre lui-même sous la houlette d’un auteur déjanté et chef absolu de sa révolution cinématographique totale. Alors que le jeu spéculaire de cette mise en abîme pourrait aboutir sur un cynisme tournant en dérision à la fois la révolution et le cinéma, le traitement grotesque de cette praxis révolutionnaire fanatique qui fait du cinéma son champ de bataille prend une tournure singulièrement subversive et assurément drôle et jouissive. Les oppositions très intellectualisantes entre cinéma d’auteur et blockbuster, ou entre artifice et réalité se retrouvent dynamitées, toutes les prétentions autoritaires à s’instituer en chef suprême de la subversion se retrouvent ridiculisées, et dans un retournement absurde, c’est finalement le genre et la déviance qui triomphent de l’auteur et de toutes les normalités.

En plus du plaisir de voir ce film ensemble, on voudrait commencer à évoquer, à travers ce ciné-club burlesque, la très sérieuse question des rapports entre art et révolution, histoire d’essayer d’éviter qu’elle se noie comme c’est si souvent le cas dans des faux-semblants théoriques qui finissent par ne plus rien avoir à voir ni avec l’une ni avec l’autre.

 » Et le reste du film s’appellera cinéma-vérité

et sera tourné avec de la vraie terreur ! «