Bug

William Friedkin, 2007, vostfr, 100 mn

Lundi 20 janvier à 19h

Agnès, serveuse qui vit dans un motel sordide, craint le retour de son ex-mari violent et maltraitant, récemment libéré sur parole. Elle rencontre Peter, un ancien militaire, qui se montre au contraire protecteur, doux et compréhensif. Ces deux personnages abîmés par la vie vont se retrouver dans une réassurance réciproque peut-être enfin émancipatrice. Mais très vite vient une autre menace, apparemment extérieure, sous la forme d’insectes microscopiques dont Peter craint l’infestation. S’en protéger va signifier un enfermement progressif dans un délire à deux qui va les éloigner petit à petit de la réalité et les cloîtrer dans leurs propres angoisses rationalisées. Le réalisateur de L’Exorciste nous enferme, trente ans plus tard, avec ses personnages dans un huis clos terrible rythmé par les pales du ventilateur qui brasse l’air de plus en plus irrespirable de ce thriller désespéré pour nous faire sentir et vivre à quel point il n’y a pas pire ennemi que ceux que nous constituons nous-mêmes. Pas besoin de fantastique ici pour que le délire opère et se partage. Pas de possibilité de l’exorciser non plus. Ce film ouvre une réflexion profondément dérangeante sur la manière dont la rationalisation et la protection peuvent s’intégrer dans une construction psychique délirante et verrouiller toute porte de sortie dans une descente aux enfers autodestructrice imparable.