Tim Burton – 1991 – VOSTF (USA) – 105’
Dimanche 14 juillet à 19h
Lui serrer la « main » couterait un bras, l’enlacer la vie, lacéré. Le rapport entre lui et le reste du monde ne peux passer que par le coupant, le froid, l’acéré, le sang, la blessure, la maladresse, la peur, puisqu’il a pour seules mains une machinerie tranchante. Reclus, dans son manoir, aussi terrifiant que l’imaginaire de Tim Burton peut l’être. Imaginez un peu ce monstre, puisque s’en est un, curieux. Imaginez-le autiste, imaginez-le timide, imaginez-le désirant et tragiquement impuissant. Et surtout, imaginez-le aux griffes du terrifiant monsieur tout-le-monde, le réel danger de ce film. Aux griffes du vivre-ensemble, de la convivialité, du propre-sur-soi, du commérage, des bonnes gens, avec leurs bonnes fourches et leurs bons petits travails, leurs bonnes petites prisons. Un enfant mal bricolé par son père, un Pinocchio sombre et torturé, un Kaspar Hauser avec des lames pour seul rapport au monde, un qui aurait besoin, dans notre monde, d’un soin que peutêtre l’on n’imagine même pas, un soin que ce monde ne serait certainement pas prêt à lui prodiguer. Dans cette réécriture du mythe de Frankenstein, c’est toujours notre monde qui y est critiqué. « Edward aux mains d’argent », qui ne sait faire autrement qu’être différent et qui, malgré ses quasi-épées, se retrouve désarmé et démuni, vulnérable à la moquerie et à l’humiliation que tout-un chacun est bien évidemment prêt à lui faire subir, norme à l’appui. Et, bien évidemment, quelque part dans ce sinistre tableau, une relation qui transcende différence et normalité, une pas-si-normale-que-ça qui s’intéresse au curieux.