Le 24 janvier 2024 s’est tenu le procès de G., inculpé de tentative de port d’arme blanche dans la sombre affaire du limonadier (sur l’affaire en détail voir le texte «Et maintenant il faut des limonadiers …» ) qui a tenu en haleine la France depuis le 24 avril 2022, jour où est arrêté G. à Châtelet par la BRAV-M alors que les gens s’y rassemblent à l’occasion des résultats du second tour des présidentielles et que la police contrôle à tour de bras pour empêcher quiconque de troubler l’ordre démocratique.
G. fit 48 heures de GAV et alla jusqu’au dépôt, où il refusa une composition pénale avec reconnaissance de culpabilité (qui prévoyait 300 euros d’amende et 6 mois d’interdiction de paraître à Paris). Ce refus lui valu d’être poursuivi au final en correctionnelle pour “port d’arme blanche de catégorie D” lors d’une première audience, qui fut finalement reportée au 24 janvier 2024. Un feuilleton judiciaire à rebondissement pour un affaire hautement sensible commencée au moment où un flic particulièrement averti pensa écarter le danger qui pesait sur la République en trouvant au fin fond du sac de G. un outil pour ouvrir des bouteilles de vin…
Malgré la tentative assez désespérée de la proc’ de montrer que le port d’un ustensile de serveur doté d’une lame de 1,5 cm était une grave infraction au regard de la loi sacrée de notre République, G. a été relaxé et le tribunal a également condamné l’état à hauteur de 2 000 euros. Le juge a motivé sa décision sur le fait que la proc’ n’avait pas pu produire la pièce qui justifierait à l’époque le contrôle et la fouille du sac de G., en l’espèce l’arrêté préfectoral du 24 avril 2022. qui devait détailler ce que les flics avaient le droit de faire et jusqu’où allaient leurs prérogatives ce soir là.
Une affaire judiciaire bien risible de close, qui montre que ce genre d’arrestations et de poursuites ont principalement pour but que de décourager tout un chacun dans des moments précis où la contestation gronde et pourrait s’intensifier. Bien souvent, ce genre d’affaires se dégonfle après devant le tribunal, car les dossiers sont vides et les poursuites ridicules. Ce procès nous donne aussi l’occasion de voir que le refus des compositions pénales avec reconnaissance de culpabilité, vendue au chantage par les procs à la fin de la GAV contre l’abandon des poursuites, est toujours utile et efficace. De même que le refus de signalétique, qui était initialement un des chefs d’inculpation dans la procédure et qui fut retiré au final.
Ne reconnaissons jamais rien ! Ne nous laissons pas avoir par les chantages policiers et judiciaires !
Liberté pour tous et pour toutes ! Décapsulons le monde !
Le 23 janvier 2024, au TGI de Paris se déroulaient 2 procès relatifs à la vague d’arrestations le soir du 1er mai 2023, en plein mouvement social contre la réforme des retraites.
Ce soir-là, la police avait effectué des arrestations massives, craignant des manifestations sauvages comme c’était le cas dans la capitale et dans d’autres villes de France régulièrement depuis le soir de l’annonce du 49.3.
Dans un de ces procès, inculpée était accusée de “participation à un groupement” et “refus de signalétique”. Constatant pendant ses réquisitions un dossier presque vide et sans doute consciente du nombre d’affaires de ce soir-là qui s’étaient soldées par un abandon, des relaxes ou des peines mineures lors du passage devant les tribunaux, la procureure a requis elle-même la relaxe. L’avocat de la défense a pour sa part demandé une condamnation de l’État a remboursé les frais de justice en cas de relaxe.
Il était alors probable que le tribunal, constatant l’absence de réquisitions, suive l’avis du parquet. C’était sans compter sur la juge, qui pensa quant à elle que l’infraction de “participation à un groupement en vue de” était tout à fait caractérisée, sur la base de la fiche d’interpellation uniquement, mais probablement surtout pour ne pas avoir à remboursé l’accusé des frais de justice, et condamna L à 60 jours amende de 10 euros, ce qui fait donc un total de 600 balles d’amende.
Un appel a été demandé par L, dont l’affaire sera donc rejugée.
Nous appelons d’or et déjà à être présent en solidarité lors de l’audience en appel pour ne laisser personne seuls face à la justice et ses sales juges !
Ce film retrace l’un des cas les plus connus d’ «enfant sauvage », Victor de l’Aveyron, capturé en 1800, qui grandit sans contact avec les hommes et la société. Il est d’abord présenté comme une curiosité, une bête de foire, et, alors que tous les médecins s’accordent pour dire de lui qu’il est une « cause perdue », il est recueilli et éduqué par le docteur Itard qui lui apprendra le langage et les manières civilisées de la société. Avec ce film, qui met en image la nombreuse documentation héritée d’une époque particulièrement bureaucratique, puis les notes du bon docteur qui respecte son humanité tout en cherchant à la normaliser, nous pourrons parler d’éducation, de transmission, du mythe du bon sauvage, de la médecine et du lien entre civilisation et langage, humanité et animalité.
Certains diront, par une opposition franche et nette entre réalité et fiction, que cette dernière n’a pas d’intérêt dans une telle perspective. Après tout, il est vrai que la tenue, par exemple, d’un atelier d’écriture ou d’un ciné-club ne sont pas des activités qui amènent rarement directement à brûler des prisons, des commissariats, ou encore à comprendre idéologiquement et théoriquement les piliers fondamentaux du capitalisme et de la démocratie – ce qui aurait au moins le mérite de clarifier ce qu’il faudrait attaquer en priorité ou non. Une telle posture postule donc l’existence d’une Réalité, laquelle est alors synonyme d’action, d’efficacité, d’augmentation significative de notre pouvoir à maîtriser ce qui se passe dans le monde (cette puissance pouvant être augmenté tant par des actions effectives que par des discussions visant à comprendre comment agir théoriquement pour améliorer l’action – tant que la parole est vassale de cet impératif prégnant d’agir, elle est elle-même considérée comme quelque chose de bien réel et non pas une invention dérisoire de l’imaginaire). Cette même posture idéaliste suppose à l’inverse que la fiction est toujours étrangère à cette réalité politique impérieuse. Alors s’en suivent deux acceptions possibles de la fiction : la première, qui à certains égards rejoint celle du situationnisme, verrait la fiction comme un spectacle, comme un « divertissement », au sens péjoratif du terme, réplique-écran asservie à la réalité et qui ainsi asservit tous ceux qui en profitent, les détournant avec volupté des vraies prégnances politiques actuelles ; la seconde acception rejoint la conception de « l’art pour l’art » de Théophile Gautier : « il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien… ». En d’autres termes, les espaces imaginaires qui se créent dans la fiction ne sont pas contradictoires avec l’impétuosité du réel, mais ils sont trop fragiles, trop dépendants et vulnérables face à sa gravité pour pouvoir prétendre y peser quoi que ce soit ; au contraire même, s’ils venaient à s’y corrompre, ils se feraient emporter, écraser, tordre, instrumentaliser par la réalité, et il est alors tout à leur intérêt de rester bien à leur place, dans la sphère de la fiction, où ils peuvent nous offrir ce qu’ils ont de plus beau.
Pourtant, s’il peut être tenu pour vrai qu’une fiction paraît fragile, devant une armée par exemple, ne peut-on pas reconnaître également que l’imagination comme capacité d’envisager des nouveaux possibles doit être considérée comme élément nécessaire à la subversion de l’existant ? Si l’on considère que la sensibilité est un des éléments qui, en politique, servent d’aiguillon à la révolte, au refus, et à la solidarité, alors pourquoi une fiction ne pourrait-elle pas transmettre des horizons nouveaux qui résonnent avec la pratique politique ? Nous pourrions même aller plus loin et interroger la pertinence d’un rapport à la politique conçu comme épreuve nécessairement crue et même cruelle de ce que la réalité peut avoir d’horrifiant et de traumatisant. Y a-t-il besoin, pour prendre conscience de l’impératif de la lutte, de vivre dans sa chair fragile d’être humain les pires atrocités que le monde ait porté ? Y a-t-il besoin d’être le premier concerné par l’horreur pour lutter contre ? Ou bien pouvons-nous supposer qu’il y a, à travers la capacité d’imagination et la fiction comprise comme sa concrétion collectivement transmissible, la possibilité d’ouvrir à autrui des espaces de déplacement dans lesquels il n’aurait pas besoin de s’abîmer directement pour comprendre l’importance de la lutte ? Lui épargnant ainsi des blessures profondes qui parfois peuvent se révéler faire bien plus obstacle à une pratique révolutionnaire qu’être son moteur. Enfin, si l’on accepte de postuler que la fiction n’est pas tout à fait étrangère à la pratique politique, peut-on simplifier plus encore le propos et affirmer inconditionnellement que l’imagination possède en elle-même un pouvoir subversif ? En effet, dans un contexte de régime totalitaire, une telle affirmation pourrait trouver un sens au vu des normes répressives appliquées par la censure sur l’art, la littérature et toute forme de concrétisation de l’imagination. Dans une démocratie en revanche, c’est une autre paire de manches. Il y a des normes sociales qui influencent l’imaginaire et la fiction certes, mais de là à dire que l’imagination possède, par sa simple fécondité, un pouvoir subversif contre des mécanismes politiques répressifs, voilà qui pourrait sonner aussi creux qu’un argument de petite intelligentsia appeliste en manque de frisson. Alors, par-delà les postures affirmant d’un côté que la fiction n’a rien à voir avec la réalité d’une émancipation politique, et de l’autre qu’elle est émancipatrice intrinsèquement, comment pouvons-nous penser le rapport entre révolution et fiction ?
Pôle Emploi est devenu France Travail ! Beau cadeau de nouvelle année de la part de l’État, le service qui vise à instaurer le « plein emploi » dans ce pays change de nom mais pas d’esprit : il va surtout aller encore plus loin dans le contrôle permanent des chômeurs, des RSAstes et des précaires pour instaurer un dilemme clair et limpide à tout ce petit monde : le travail ou la radiation ! Mais vu que le plein emploi n’existe plus depuis longtemps (Dieu merci !) – bien que tous les travaillistes, du gouvernement à la CGT, fassent semblant de ne pas le savoir – on a plutôt affaire ici avec la forme du travail, avec le temps qu’il prend à nos vies qu’il s’agit de ne pas laisser à « s’éloigner de l’emploi », sous des formes dont l’absurdité ne fait que s’accroître : travailler à sa propre insertion pour en faire travailler d’autres à nous insérer.
France Travail, Pôle Emploi en pire
Avec la création du « Réseau pour l’Emploi » dont France Travail est maintenant la seule porte d’entrée (tous les sans-emploi auront l’obligation de s’y inscrire), l’État rassemble tous les organismes, publics et privés, chargés de l’emploi et de l’insertion, dont les agences d’intérims par exemple, dans un seul et même réseau, pour optimiser leur mainmise sur les allocataires.
Les chômeurs, les RSAstes (et leur ménage éventuel), les personnes accompagnées par les missions locales et les personnes handicapées en insertion auront toutes et tous l’obligation de s’inscrire sur les listes de demandeurs d’emplois, et seront liés à France Travail par le Contrat d’Engagement. Ce Contrat d’Engagement oblige “tous les inscrits en tant que demandeurs d’emplois à France Travail” (donc RSAstes, chômeurs, Contrat Engagement Jeune mais aussi bénéficiaires de l’allocation adulte handicapée) à 15 à 20h d’activité hebdomadaire en contrepartie de leurs allocations : ateliers, formations, « mises en situation professionnelle » (est-ce jouer à mimer le travail ? pour rester habitué ?), et ce, sans maximum d’horaires. Pour les employeurs, c’est bien pratique : aucun salaire ni cotisation à verser et une main d’œuvre en plus pour faire les sales besognes, à flux tendu, 3 jours ici, 2 jours-là, sans aucune garantie de poste dans le contrat.
Si le Contrat d’Engagement n’est pas respecté, France Travail pourra mobiliser une nouvelle mesure : la « suspension-remobilisation » : les allocations seront suspendues et versées rétroactivement si l’allocataire suspendu se remet à respecter le Contrat (avec peut-être la mise en place d’un maigre reste à vivre, ce qui n’a pas encore été décidé) : travail ou suspension ! Mais une fois suspendu, remobilisation, donc retravail mais en plus martial ! Une sorte de rééducation au travail par le chantage au revenu, en somme.
Outre ces mesures, depuis un certain moment, l’État durcit l’accès à l’assurance chômage en incitant les entreprises à signaler les travailleurs refusant des CDI, en mettant en place une présomption de démission en cas d’abandon de poste, en prévoyant des mesures pour limiter le nombre de ruptures conventionnelles ou en annonçant la suppression de l’ASS, dans le but de réduire drastiquement le nombre d’allocataires de l’assurance chômage. Le changement de l’âge plancher et l’allongement des années de cotisations pour l’accès à la pension-retraite relève de la même logique.
Le Réseau pour l’Emploi est aussi le moyen pour l’État d’avoir à disposition des données importantes sur tous ceux et celles qui zigzaguent entre chômage, RSA, un peu d’emploi puis re-chômage, afin d’adapter sa manière de les remettre au boulot : les données dont disposait Pole Emploi, les données sociales (situation familiale, hébergement) et les données médicales notamment pour les gens en situation de handicap, seront normalement disponibles pour les acteurs, privés et publics, du Réseau pour l’Emploi. En termes de santé par exemple, on se retrouve avec des Parcours Emploi Santé, composés d’entretiens réguliers avec des psys et des professionnels du monde de la santé, dont l’exercice du métier est maintenant uniquement orienté vers la reprise du travail du patient-allocataire. Ces professionnels sont employés afin par exemple de vous aider à identifier quels sont les gestes que vous ne pouvez pas faire pour raisons de santé et, par voie de conséquence, ceux que vous pouvez faire sans être gêné, histoire de bien établir quels emplois il serait possible de vous proposer afin de vous remettre au travail. D’ailleurs, les professionnels qui vous accompagnent sont tenus à un respect de la confidentialité, SAUF envers votre conseiller Pole Emploi/France Travail, celui-là même qui veut vous envoyer au turbin !
Finie la santé au travail, concept qui était déjà bien douteux tant le travail participe à l’esquinter, maintenant c’est la santé POUR le Travail !
Ne vous insérez jamais !
Face au refus des tire-aux-flancs qui ne veulent pas aller au charbon, France Travail va bien évidemment continuer la fameuse « mission d’insertion professionnelle » qu’avait Pole Emploi. Et cette insertion, qui est un business à part entière avec ses acteurs, son marché, son économie, passe de manière assez centrale par l’acquisition progressive d’une multitude de compétences, qui n’en sont d’ailleurs pas vraiment, et qui peuvent être résumées par le réflexe pavlovien de tout bon conseiller en réinsertion : le savoir-être professionnel. Tout un arsenal de concepts évanescents établis par des chercheurs en sciences de l’éducation (qui trouvent là un débouché formidable pour leurs recherches) est mis en œuvre pour rendre soi-disant transparent le cadre dans lequel se retrouve pris l’allocataire en insertion. Des cohortes d’agents d’insertions travaillent à expliquer à des petits groupes de futurs insérés, à coups de stabilo sur des tableaux veleda, la différence fondamentale entre savoir, savoir-être et savoir-faire, savoir transversal et savoir relationnel, catégories nébuleuses qui ne servent qu’à faire croire que tout ça est pour le mieux dans le meilleur des mondes bien pensé et bien rangé… et faire avaler la couleuvre qui est : aucune qualification n’est nécessaire ni prise en compte pour travailler, la seule vertu, le seul apprentissage, la seule formation, c’est l’obéissance.
Dans les chantiers d’insertion par exemple, sorte de contrat précaire de 4 mois renouvelables 5 fois, on vous fait signer un contrat de « salarié polyvalent » à disposition de votre employeur (bien souvent la communauté de communes ou une autre entité administrative, qui peut vous envoyer faire ce qu’il veut). En quelques mois, il est possible d’enchaîner un bon nombre de tâches différentes, surtout dans les secteurs les plus difficiles (BTP, aide à la personne, secteur du nettoyage industriel, manutention…) où vous êtes la plupart du temps en aucun cas qualifié et dans des conditions de travail difficiles ou dangereuses. Peu importe, on apprend en faisant pour Pôle Emploi, et vous ressortez de ces quelques mois ou années avec un CV bien rempli, bardé de plein de nouveaux « savoir-être » et perclu de nouveaux « savoir-faire » transversaux et relationnels que vous, et surtout votre conseiller, pourrez mobiliser pour vous trouver un emploi ! Et vous voilà chair à canon de la remobilisation, nouvel Ouvrier Spécialisé de la restructuration actuelle du capital, la chaîne se diversifie, vous êtes prêt à tout accepter, votre contrat le stipule : vous êtes POLYVALENT.
Cette obsession pour les compétences et les savoirs-êtres est un leitmotiv pour les patrons et l’État, qui se voit de manière criarde dans le système scolaire. Dès le plus jeune âge, les élèves sont jugés en fonction de compétences qu’ils ont acquises ou pas, et qui peuvent dépasser les disciplines strictement scolaires pour déborder sur les fameuses « compétences psycho-sociales ».
Plus de mauvais élèves : tout le monde acquiert les compétences en question puisqu’elles sont pour l’État la clé de votre employabilité polyvalente : le système se veut formidablement inclusif et intégrateur. Couronnement du parcours d’acquisition de compétences « de la maternelle au marché de l’emploi » que se veut maintenant l’école, le SNU viendra apporter aux adolescents son surplus d’apprentissage de l’obéissance, du respect des institutions et du sacrifice de la vie pour la Nation, avec sa dose de caserne et sa dose de service civil pour fabriquer les petits soldats bardés de compétences de la remobilisation.
L’objectif est bien de conformer tout un chacun à ce que les patrons et l’État veulent de nous : arriver à l’heure, bien bosser, bien respecter, bien fermer sa gueule face à la hiérarchie et repartir chez soi, heureux d’avoir contribué au « plein-emploi » et au « réarmement économique de la nation » si possible !
Alors que ces dispositifs ont déjà été expérimentés dans plusieurs départements et qu’ils sont voués à être généralisés le 1err janvier 2025, il est urgent de commencer à se mobiliser contre ces mesures qui visent à généraliser l’exploitation et forcer les récalcitrants !
Ils veulent nous insérer dans le marché du travail, en nous rendant compétents, pétris de « savoir-être » et de « savoir-faire » ! Continuons à trouver les moyens de tirer au flanc !
Esquivons autant que nous pouvons leurs chantiers de réinsertion où nous sommes une main d’œuvre larbinisée idéale à peu de frais pour l’État et les patrons, fuyons leurs formations visant à l’acquisition de compétences et de savoirs, qui sont des arguments en plus pour qu’ils nous trouvent rapidement un emploi.
Refusons cette vie au travail qui ne ressemble qu’à une longue punition. A la guerre comme à la guerre, trouvons les moyens de se faire réformer
DEVENONS TOUS INCOMPÉTENTS !
Contact et récits d’incompétences : tousincompetents@proton.me
Alors que le temps de composer un nouveau programme des Fleurs Arctiques pour la fin de l’hiver approche, nous proposons pour la première fois d’ouvrir ce temps de réflexion et d’élaboration au public. Toutes les personnes intéressées par ce qui se passe dans ce lieu, et qui voudraient contribuer à le maintenir vivace dans un lien à la révolution, aux questionnements du présent et aux possibilités d’interventions anti-autoritaires, qui viennent sans forcément être membres du collectif, sont les bienvenues pour apporter leurs idées quant à de prochaines projections de films, de prochaines discussions, de prochains démontages judiciaires et autres propositions. Ici on ne votera rien, on élaborera tout avec passion et intelligence collective ! Ce sera le dimanche 4 février à 16h30 à la bibliothèque.
Les permanences de la bibliothèque continuent le jeudi de 16h à 18h.
Le 23 janvier 2024 au TGI de Paris, à partir de 13h30, chambre 24 deux personnes au moins seront jugées après s’être faites arrêtés le soir du 1er mai 2023, en plein mouvement social contre la réforme des retraites. Ce soir-là, la police, craignant des débordements similaires à ce qui s’était passé le soir de l’annonce du 49.3 où les contestataires étaient partis en manifestations sauvages dans toute la ville, avait procédé à la chasse aux manifestants potentiels et ainsi à de nombreuses arrestations. Les chefs d’inculpation étaient généralement “participation à un groupement” ou “refus de signalétique” pendant la GAV. Nombre des procédures de ces manifestants interpellés se sont depuis soldées par un abandon des charges, des relaxes ou des peines mineures, les dossiers étant bien souvent presque complètement vides et/ou ne reposant que sur la fiche d’interpellation. Le but de ces manœuvres policières et judiciaires était sûrement, de décourager les participants à un mouvement social qui durait alors depuis 5 mois, ainsi que d’arriver à récolter quelques précieuses empreintes, le chantage aux empreintes pour éviter la CI ayant été employé fréquemment lors de ces GAV ou au dépot, ce qui n’empêche pas qu’un certain nombre de ces manifestants se soient retrouvés plusieurs jours, et pour l’un d’entre eux pendant deux semaines, incarcérés en détention provisoire en attente de leur comparution immédiate. A propos de ces arrestations parisiennes le soir du 1er mai 2023, un collectif de solidarité ouvert à tous ceux qui s’étaient faits arrêter s’était réuni et deux tracts d’appel à soutien avaient tourné à ce moment là, “1er Mai/Boucherie au TGI de Paris” (paris-luttes. info/1er-mai-boucherie-au-tgi-de-paris-17045) et “1er mai /Un manifestant retourne en prison” (paris-luttes. info/un-manifestant-retourne-en-prison-17062)
Comme nous l’avions été alors pour les soutenir suite au 1er mai, soyons nombreux lors de ces deux audiences pour montrer que nous ne laissons pas seuls ceux qui subissent la répression de l’Etat.
Le procès de G, dans la sombre affaire dite du “limonadier”, se tiendra mercredi 24 janvier au TJ de Paris, à partir de 9h30.
Le soir du 24 avril 2022, G est arrêté à Châtelet alors que des rendez-vous ont été appelés pour l’annonce des résultats du second tour des présidentielles, et que le dispositif policier se montre particulièrement massif pour tenter de décourager les contestataires, contrôlant à tout va les passants qui lui apparaîtraient être ici pour semer le désordre. La BRAV-M contrôle et fouille ainsi G, qui est ensuite interpellé et conduit au poste pour une GAV de 48 heures, qui ira jusqu’au dépôt. G est initialement inculpé de tentative de port d’arme blanche, en l’espèce un limonadier et d’un refus de signalétique. Pour ceux qui ne seraient pas au courant, un limonadier est un ustensile somme toute assez banal, composé d’un décapsuleur, d’un tire-bouchon et d’une lame d’environ 1,5 cm utilisé pour enlever l’opercule des bouteilles et éventuellement agresser de touts petits êtres vivants (pas plus de 5 centimètres). G se verra proposer à l’issue de sa GAV une composition pénale avec reconnaissance de culpabilité, qu’il refusera. On trouvera plus de détails sur les circonstances et le déroulement de cette arrestation dans le texte : “Et maintenant, il faut des limonadiers” (paris-luttes.info/et-maintenant-il-faut-des-15957). Jugeant que cette affaire hautement explosive le méritait, la proc’ a décidé de faire passer cette affaire en correctionnelle. L’inculpation a été depuis requalifiée en “port d’arme blanche de catégorie D”. Une première audience fut tenue le 13/12 2023 mais fut reportée, la proc’ “ne se sentant pas en état” (sic) de participer à l’audience. On la comprend, une affaire de tentative de port de limonadier mal jugée et c’est tout le système judiciaire et l’Etat qui s’écroulerait !
Soyons ainsi nombreux le 24 janvier pour faire face à la justice
Vendredi 10 novembre, 7h30 du matin. Le lycée La Martinière Monplaisir de Lyon ouvre ses portes. Une nouvelle journée banale d’un lycée peut commencer : une journée de dur labeur pour les élèves, de punitions, de mesures vexatoires et d’humiliations continues pour les récalcitrants qui ne voudraient pas rentrer dans le moule promu par l’école de la République et son tri sélectif des futurs travailleurs.
C’était sans compter, justement, sur un groupe de récalcitrants, venus sonner la rentrée en classe à coups répétés de mortiers d’artifices, et tenir un joli feu de poubelles et de trottinettes à l’entrée du lycée. Dans un mail transmis aux parents d’élèves, le dirlo de l’établissement affirme même avoir été personnellement visé.
Cette belle attaque contre une des nombreuses casernes de l’Éducation Nationale serait une réponse, une vengeance, à la tenue la semaine prochaine d’un conseil de discipline dont un des supposés participants ferait l’objet (ou une tentative de bloquer l’établissement).
Depuis, l’élève concerné par le conseil de discipline, ainsi qu’un autre lycéen ont été interpellés puis mis en examen pour, entre autres, violences aggravées et dégradations par moyen dangereux. Sur ces deux élèves du lycée en question, le premier, 16 ans, a été placé en détention provisoire, alors que l’autre, mineur également, est placé sous contrôle judiciaire. Ils ont pu être identifiés par une des nombreuses caméras qui bourgeonnent depuis des années autour et à l’intérieur même des lycées.
L’État et les politicards de tous bords, que nous savons attachés à l’École dite « de l’égalité des chances », vantée comme moyen équitable d’ascension sociale et productrice de citoyens éclairés et vertueux, ont réagi unanimement : “c’est l’école républicaine toute entière qu’on attaque”, “c’est donc bien l’autorité de l’école, pour laquelle je me bats, qui est ici défiée” ont déclaré Attal et consorts, en plus de demander bien sûr une réponse judiciaire ferme et l’augmentation des patrouilles de flics aux abords des lycées. Vendredi 17 novembre, nombre de professeurs de l’établissement étaient en grève ! Pour réclamer la libération de l’élève et l’abandon de cette procédure dégueulasse ? Non, les profs, ces éternels bons élèves, choisissent de se sentir aussi visés et demandent de meilleurs moyens pour “élever [leurs] élèves et pour donner au plus grand nombre le goût de l’étude” et “enrayer les épisodes de violence”, et apportent leur soutien au proviseur apparemment ciblé dans cette attaque”(1).
L’an dernier, craignant l’explosivité et la détermination dont ont su faire preuve par bien des fois les mouvements lycéens, les rectorats en collaboration avec les directions des lycées et des collèges avaient essayé d’organiser la répression : à Paris et ailleurs, des conseils de discipline s’étaient tenus pour punir, ou du moins décourager puisqu’ils ont souvent échoué à obtenir des sanctions pour ce motif, ceux qui étaient suspectés d’avoir participé à répétition à l’organisation et à la tenue de “blocus” dans ces établissements. Quelques semaines après, les émeutes qui ont ravagé le pays pendant plusieurs jours ont pris pour cibles les écoles, collèges et lycées, au grand dam des parlementaires de tous bords qui défendent cet outil si pratique pour pacifier et faire rentrer dans le rang les plus jeunes. Dernièrement, après les récents tragiques événements d’Arras, mais également avec en filigrane le mouvement et les émeutes de l’an dernier, c’est l’angoisse et le tout-sécuritaire qui a primé dans les établissements, tous les élèves étant considérés comme de potentiels assaillants : fouille des sacs, contrôle des entrées, et même dans certains lycées, interdictions des gels hydroalcooliques ! Or il est évident pour quiconque s’intéresse à la subversion et à l’émancipation que l’attentat d’Arras n’a rien à voir avec les mortiers de Lyon, tant dans les moyens que dans les fins.
Il est difficile de ne pas voir dans la réponse judiciaire et politique aux événements du lycée La Martinière Monplaisir, une traduction en acte de la réponse radicalement répressive de l’État face aux émeutes de l’été dernier et son obsession pour la “rééducation” des jeunes qui n’auraient pas intégrés les valeurs de la République.
Dans les conseils de discipline ce sont les mêmes rouages que ceux de cette saloperie de justice qui s’expriment, mais cette fois-ci dans un processus interne à l’Éducation Nationale.
On est officiellement accusé de certains méfaits, on a aussi le droit à être assisté et représenté (par un avocat éventuellement, mais aussi par n’importe quel adulte) dans une séance censée être contradictoire (avec l’hypocrisie supplémentaire que l’institution scolaire y est juge et partie, comme dans toutes les justices internes), on a le droit de s’expliquer, les parents, sur qui l’école compte beaucoup pour tenir les gamins, sont aussi convoqués… et enfin, après délibération, un verdict est rendu par le jury avec des peines mimant la justice classique (TIG, sursis, etc.). Les discussions portent aussi bien sûr sur la personnalité de l’élève, son comportement en général, ses résultats, son implication dans la vie de l’établissement – justice individualisée oblige !
Le conseil de discipline, c’est aussi le paroxysme de ce que l’école fait de mieux en termes d’adaptation forcée à l’existant et ce qui représente son but principal aujourd’hui : le dressage des élèves. À l’école, on apprend surtout l’obéissance aux profs et aux personnels d’éducation, on intègre le respect du règlement, la loi intérieure aux établissements, on étrenne une forme quelque peu adoucie de la privation de liberté avec la présence obligatoire, les heures de colles et les punitions absurdes. On apprend aussi la normalisation, le conformisme à ce que la société veut de nous. On nous enseigne à être de bons citoyens qui votent, qui respectent la sacro-sainte démocratie qui s’immisce dans les élections de délégués, qui ferment leurs gueules et s’écrasent face à la hiérarchie. On assimile en douceur ou au forceps notre position dans le système capitaliste, renforcé par le tri des élèves en cours de route à coups d’orientation forcée et classes spécialisées : toi tu as un profil scolaire, tu es bon pour être manager, toi en revanche tu seras sûrement caissier et toi tu es simplement inemployable !
L’École, c’est la caserne, et c’est déjà l’entreprise !
Il est clair que l’École ne veut pas voir de contestations prendre nid dans ses officines. Il y a tout intérêt pour nous, qui voulons détruire l’État, sa police, sa justice, et ses écoles bonnes à trier les élèves et casser leurs rêves, de voir naître et grandir partout, et au sein même de l’École, une subversion radicale et offensive contre celle-ci.
Pour ne pas les laisser seuls face à la justice, qui ne cherche qu’à nous isoler pour nous faire abandonner nos espoirs, il est nécessaire de pouvoir apporter un soutien collectif effectif aux réprimés, qui peut prendre plusieurs formes (défense, mandats, rassemblements, …).
Pour partager des informations, organiser la solidarité, contactez l’adresse mail : abaslarentree@proton.me
CONTRE LE DRESSAGE, CONTRE LA JUSTICE, AU TRIBUNAL OU EN CONSEIL DE DISCIPLINE !
LIBERTÉ POUR LES ASSAILLANTS DU LYCÉE LA MARTINIERE MONPLAISIR !