Projection/Discussion autour de la prostitution

Dimanche 17 décembre 2017 à 17h

Que penser du « plus vieux métier du monde » lorsqu’on veut détruire le travail ?

Dans le film La Marcheuse*, on suit le parcours d’une prostituée chinoise à Belleville en situation irrégulière. Cette fiction naturaliste a été conçue suite à un travail d’enquête et d’entretiens avec des prostituées de Belleville. Se posent alors différents problèmes et différentes questions liées à la prostitution mais aussi au travail en général, à la précarité, et à l’immigration irrégulière. On y voit bien comment la prostitution n’est pas une question séparée, mais comme toute les formes d’exploitation, elle est prise dans les réalités de ce monde et ne peut sans doute pas être pensée avec pertinence sans prendre en compte ces complexités réelles.

Quoi qu’il en soit la prostitution est un travail. Est-ce vraiment l’un des pires qui soit, en ce qu’il en serait une application poussée à l’extrême ? Considérer ainsi cette question, ne serait-ce pas reconduire la condamnation morale mêlée éventuellement de fascination condescendante, qui, pour le coup, constitue assurément une spécificité de la manière dont est perçue la prostitution ? Reste qu’elle s’appuie le plus souvent sur des états de précarité – immigration irrégulière, pauvreté extrême, etc. – et les perpétue tout en créant de nouveaux rapports de domination – financiers, administratifs, etc. Cette spécificité tiendrait-elle au fait que là où le travail exploite le corps, il l’exploite dans son intimité, redoublant ainsi l’aliénation du rapport à soi ? Mais qu’est-ce que l’intimité dans ce monde et à partir de quand est-elle exploitée ? Un syndicalisme de la prostitution pose-t-il les mêmes question qu’un syndicalisme d’un travail plus courant ? Il est certain que le statut de prostitué ostracise les individus, créant un cercle vicieux au centre duquel ils forment une cible parfaite pour l’État et ses expérimentations de toutes sortes, qui peuvent être répressives, hygiénistes – comme lors des tentatives récurrentes de réintroduction des maisons closes – ou autres.

Autant de pistes que l’on pourra explorer lors de la projection du film La Marcheuse et de la soirée de discussion qui s’en suivra le 17/12/2017.

*  La Marcheuse – 2015 – Naël Marandin – 1h 17m