Discussion à propos du texte Another word for « White Ally » is coward

Vendredi 11 mars 19h

Nous vous proposons de discuter ensemble sur la base du texte Another word for « White Ally » is coward, texte qui a été écrit en 2015, peu de temps après le début des émeutes de Ferguson par « a few of the many anarchists in St. Louis », et qui a été traduit par nos soin en 2020 à l’origine pour le quatrième numéro des Feuilles Antarctiques constitué autour du thème de l’émeute, et que nous rééditons pour l’occasion sous forme de brochure.
Écrit depuis l’intérieur du contexte émeutier, ce texte virulent et salutaire revient sur les dynamiques de prise de pouvoir inhérentes aux mouvements sociaux, et à la séparation des rôles des uns et des autres dans la confrontation face à l’État, notamment au moment de l’émeute. Ces rôles peuvent être de diverses natures, ils peuvent être « techniques » (ceux qui tiennent la banderole, ceux qui cassent, ceux qui soignent…) mais aussi, et c’est surtout ce point là que le texte développe, ils peuvent être définis sur la base de l’identité des participants et d’une assignation à qui serait concerné et qui, ne l’étant pas, devrait s’en tenir à soutenir, s’allier, sans aucune autonomie d’analyse, d’action ou de réaction, aux premiers concernés, alors qu’il est déjà même illusoire de penser que ces mêmes premiers concernés parlent d’une seul voix et qu’il est même clairement paternaliste de croire qu’en tant que tels, il seraient forcément tous d’accords entre eux sur ce qu’il faut faire face au sort qu’ils ont en commun.
Si une impression de consensus entoure aujourd’hui les termes « d’alliés » et de « premiers concernés », ce texte, très concret et écrit par des personnes baignant au départ dans ces catégories, semble utile pour soulever certains aspects de ce que la représentation du monde et des luttes qu’ils charrient peuvent avoir de délétère, et de rappeler que d’autres manières de lutter avec d’autres existent, ont existé, sont imaginables, d’autres manières d’être solidaires, peut-être moins paternalistes, assignantes que ces dernières, qui sont finalement très propices à des formes d’autorité circulant entre les uns et les autres, et en contradiction avec toute perspective d’organisation. A partir de ce texte, mais aussi d’exemples de luttes présentes ou passées, on pourra se demander comment les différentes entités qui interviennent, de manière plus ou moins auto-organisées et autonomes, dans une lutte ou un moment de conflictualité peuvent se côtoyer, se rencontrer, éventuellement s’opposer dans des tensions salutaires et propices au dépassement des catégories préexistantes.
Nous espérons que la portée critique de ce texte saura inviter au moins au débat, y compris contradictoire, sur des questions qui ont tout intérêt à rester ouvertes et non pas à être refermées par des termes finalement très abstraits et idéologiques, qui prétendent clore ce qui ne peut se réfléchir utilement que dans les pratiques de luttes, et en tenant compte d’une complexité réelle indéniable.

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