Vendredi 18 février 19h
La plupart des controverses contemporaines (en particulier pour ce que l’on appelle outre-Atlantique les « guerres culturelles ») suivent le même schéma : lancées par la droite (extrême), elles placent la gauche (radicale) sur la défensive et finissent par enterrer toute possibilité de dépassement dialectique, tout d’abord en raison du rapport de force jugé défavorable, incitant les tentatives de regroupements les plus larges pour contrer la menace désignée comme prioritaire, voire exclusive.
C’est le frontisme, tel qu’on peut le retrouver par exemple dans les courants se réclamant de l’antifascisme ou dans les mouvements populaires contre les dictatures militaro-policières.
Pour les révolutionnaires et les partisans de l’émancipation, le problème n’est pas de savoir s’il faut lutter contre la droite (extrême), le fascisme ou la dictature – c’est là une évidence –, mais plutôt de préserver leur indépendance d’action et leur liberté de critique, malgré les injonctions du « camp du bien » à constituer un front commun (pour faire nombre, au risque d’alimenter des illusions réformistes) et à taire toute opinion divergente qui serait par nature susceptible de faire le jeu du « camp du mal ».
C’est le manichéisme, à savoir la traduction politique de la lutte du Bien contre le Mal, de la Lumière contre l’Obscurité, tel qu’il pouvait s’exprimer au cours de la « guerre froide ».
En nous appuyant sur des cas concrets tirés de l’actualité la plus brûlante, sur des exemples historiques ou des extraits de textes, nous échangerons sur la possibilité de résister à ces tendances afin de comprendre en quoi elles réactivent de vieux procédés (propres aux courants autoritaires dans les milieux intellectuels) et ce qu’elles ont de proprement original dans la période actuelle.
Discussion en présence de Nedjib Sidi Moussa, auteur de : Dissidences algériennes. Une anthologie, de l’indépendance au hirak (Toulouse, Les éditions de l’Asymétrie, 2021) ; Internationale situationniste, Adresse aux révolutionnaires d’Algérie et de tous les pays (et autres textes) (Paris, Libertalia, 2019) ; Algérie, une autre histoire de l’indépendance. Trajectoires révolutionnaires des partisans de Messali Hadj (Paris, PUF, 2019) ; La Fabrique du Musulman. Essai sur la confessionnalisation et la racialisation de la question sociale (Paris, Libertalia, 2017).
Quelques textes de référence :
Marcel Martinet, « Les intellectuels devant la révolution », Masses, n° 11, 25 novembre 1933
https://sinedjib.com/index.php/2021/02/27/marcel-martinet-les-intellectuels-devant-la-revolution/
Aimé Patri, « Philosophie de la police politique. A propos d’A. Koestler et de M. Merleau-Ponty », Masses, n° 7-8, février-mars 1947
https://sinedjib.com/index.php/2021/02/11/aime-patri-philosophie-de-la-police-politique-a-propos-koestler-et-merleau-ponty/
Aimé Patri, « Philosophie de la police politique. A propos d’A. Koestler et de M. Merleau-Ponty », Masses, n° 7-8, février-mars 1947
https://sinedjib.com/index.php/2021/02/11/aime-patri-philosophie-de-la-police-politique-a-propos-koestler-et-merleau-ponty/
Louis Mercier, « L’intellectuel communiste », La Révolution prolétarienne, n° 440, juin 1959
https://sinedjib.com/index.php/2021/03/03/louis-mercier-lintellectuel-communiste/
André Mistral, « Sur le petit commerce marxo-universitaire comme brève réflexion non théorique sur la production marxiste contemporaine », Spartacus, n° 89, février-mars 1978
https://sinedjib.com/index.php/2018