Peter Fleischmann – VOSTF (Allemagne) – 1969 – 1h20
Mardi 16 avril 19h
Il ne faut pas salir son costume du dimanche ! Dans un petit village clôs de Bavière, où tout le monde se connaît, s’épie, se calomnie, tout commence et se termine à l’Eglise. Pourtant, la critique de la religion et de la morale que permet le film en noir et blanc de Peter Fleishman, et qui se relie très bien à la discussion sur Religion et modernité d’un programme précédent des Fleurs Arctiques, interroge bien plus que la dimension répressive. Le réalisme du film qui suit de près le quotidien des habitants du village, paysans pour la plupart, bien qu’ils aillent quelques fois travailler plus loin à l’usine, indice d’une modernité industrielle dont nous ne connaîtrons pas davantage la date, met en relief tout ce que la morale de la communauté permet, tolère, voire favorise. C’est donc un catholicisme identitaire de torgnolles, de viols, d’agressivité et de moqueries qui est mis à l’écran. Bien loin d’une austérité ou d’un ascétisme de la religion, ce sont ici les rires gras et les musiques folkloriques de la bande son qui masquent les cris et empêchent les individus de s’exprimer. On rit avec la communauté en riant des autres, ou on se tait. Trois personnages incarnent trois formes d’extériorité, de différence aux yeux de la société, et leurs rapports internes, ainsi que leurs rapports avec les autres membres du village, nous permettront de soulever la question de l’intégration, de la désactivation de tout potentiel critique. Ainsi « la salope », « l’idiot » et « le pédé » peuvent faire partie de la grande famille dès lors que leur marginalité appartient au défoulement quotidien de l’agressivité et de la moquerie, dès lors qu’ils acceptent de se taire et de rester dans leurs rôles attribués… mais si jamais l’étranger ne peut plus être assimilé à l’organisme, mettant en péril la stabilité des mœurs, alors la chasse est ouverte. Le catholicisme bavarois est l’occasion de soulever une réflexion sur la manière dont n’importe quel milieu identitaire, qu’il soit religieux ou non, parvient à se conserver et à se perpétuer.