Le ciné-club des Fleurs Arctiques, est un moment où l’on discute et réfléchit à partir de toutes sortes de films, choisis par nos soins pour ce qu’ils peuvent donner à penser. C’est aussi l’occasion de se rendre compte que certains genres et sujets traversent le ciné-club et font écho à une vision plus globale d’un certain cinéma ainsi qu’à une vision critique d’un certain rapport au monde. Dans la suite des cycles (éternellement en cours) sur la famille, sur l’école, sur les Kaiju et leurs ruines, nous commençons maintenant un nouveau cycle sur les films post-apocalyptiques. Nous avions déjà, dans les programmes précédent, projeté Mad Max : Fury Road et Nausicäa, deux films qui ont tous deux donné lieu à des moments collectifs de discussion féconds sur la critique de notre monde, et qui ont induit d’une certaine manière ce cycle autour du genre post-apocalyptique.
Le cinéma post-apocalyptique, enfant irradié de la science-fiction, connait son explosion à la fin des années 70 avec la revue psychédélique et psycho-active de bande dessinée Métal Hurlant à laquelle participèrent des figures transgressives comme Moebius, Jodorowsky ou encore Druillet, inspirant déjà le film Mad Max (1979). S’inspirant du Punk pour son style trash, jusqu’au-boutiste, bricolé, provocateur et son refus nihiliste des horizons, qu’il dépasse, littéralement (se situer après l’apocalypse, c’est aussi prendre au sérieux le no-future et repartir de la fin du monde, souvent même longtemps après et vivre encore malgré tout dans ses ruines…). Ce cinéma se pose directement dans une posture qui est pour nous d’un intérêt certain, qui porte en elle une dimension anti-politique et philosophique en se situant dans un existant dont la faillite est déjà actée. Comme une graine est un arbre en puissance, le genre du film post-apocalyptique nous met face à ce que notre monde pourrait porter après lui de sauvage, d’animal, de chaotique, d’affreux et de magnifique. Peut-être qu’imaginer un monde détruit et ravagé nous servirait à analyser et critiquer notre monde, qui n’est pas détruit du tout ou dont la destruction n’a jamais été actée. Quand l’on pense (et que l’on regarde) post-apocalyptique, ce qui fait écho en nous, c’est anormalité, bouleversement, folie et résidus de l’ancien monde, et l’humain qui louvoie entre tous ces états, portant comme toujours la révolution dans ses espoirs les plus fous. De fait notre point commun avec le film post-apocalyptique est qu’il critique toujours le monde d’avant. On peut choisir de voir le genre post-apocalyptique comme une invitation à l’action, à provoquer une étincelle qui nous sorte radicalement et définitivement de toute béatitude, et en continuant à rêver éveillé.