Démontage judiciaire : Affaire « Machine à expulser »

Discussion déplacée le vendredi 16 juin 19h30

Dimanche 11 juin 18h

Ce démontage judiciaire est une des propositions issues de la discussion publique organisée le mois dernier à la bibliothèque, à propos du mouvement social en cours, et en solidarité avec Serge, camarade très gravement blessé à Sainte Soline, qui était alors plongé dans le coma. De nombreuses personnes étaient venues réfléchir aux différentes manières d’intervenir pour intensifier la conflictualité et exprimer une solidarité avec les blessés de Sainte-Soline. A quelques jours de cette boucherie répressive, la presse se faisait tout particulièrement le relais du déversoir fantasmatique désormais récurrent de haine contre « l’ultra-gauche » et « les fichés S » (deux catégories purement policières) que les discours de Darmanin tentaient d’isoler du reste du mouvement, pour justifier d’avoir transformé cette manifestation en champ de bataille. On se réjouissait alors de constater qu’une certaine forme de solidarité et de refus de telles distinctions (futures dissociations en justice) se maintenaient vivaces, entre autres grâce aux communiqués de la famille et des camarades de Serge, fermement déterminés à les refuser.
C’est donc dans ce contexte qu’il a semblé pertinent aux personnes réunies de réfléchir à la précédente période qui a connu, en France, un acharnement policier, judiciaire et médiatique contre les dits « terroristes » de la dite « ultra-gauche » : la politique de fichage des anarcho-autonomes alors qu’Alliot Marie était ministre de l’Intérieur, le contexte de la circulaire Dati du 13 juin 2008 qui ordonnait aux parquets de se dessaisir des dossiers impliquant la fantasmatique MAAF (mouvance anarcho-autonome francilienne) en faveur de la section antiterroriste du parquet de Paris, y compris les délits mineurs. 4 grosses instructions vont émerger de cette phase répressive : l’affaire dite « fumigène-dépanneuse » (voir les brochures « Mauvaises Intentions ») suite à la découverte d’un engin incendiaire sous une dépanneuse de la police, la très médiatique affaire de Tarnac, l’affaire de Chambéry – dans laquelle un engin explosif artisanal tue une compagnonne et en blesse grièvement un autre – et la double affaire dite « machine à expulser » autour de la répression de la lutte contre les CRA suite à l’incendie par les retenus du centre de rétention de Vincennes en 2008. C’est cette dernière qu’on va d’abord explorer.
La perspective sera donc de comprendre l’usage policier qui a été fait alors des instructions anti-terroristes, des débuts de l’enquêtes aux procès (sur une dizaine d’années le plus souvent) afin de mieux nous armer contre la justice, le renseignement et la police qui menacent aujourd’hui d’utiliser le même type d’arsenal. Point commun entre toutes les affaires de cette période : les chefs d’accusation spectaculaires et gros à faire trembler toutes les mamies ont, dans l’ensemble, fini par se réduire comme peau de chagrin ; les personnes qui ont subi ces instructions, en étant perquisitionnées, arrêtées, filaturées, écoutées, filmées, mises en examen, incarcérées, assignées à résidence, maintenues sous des contrôles judiciaires, pendant parfois presque une décennie, ont fini pour la plupart, par être accusées d’à peine quelques tags ou dégradations légères, refus de signalétique avec des peines de l’ordre du sursis ou de l’amende… C’est donc l’un des volets de l’affaire dite « Machine à expulser » que nous chercherons à démonter collectivement : une affaire, d’abord classé en anti-terrorrisme et qui a concerné une quinzaine de personnes au départ, suite à une phase de luttes offensives contre les frontières et l’enfermement des sans-papiers suiteà l’incendie du CRA de Vincennes en 2008. Cette affaire n’a été close qu’en 2016, avec la mise en accusation dans deux procès d’une dizaine de personnes pour des délits mineurs, c’est l’un de ces deux procès, concernant 4 personnes dans lequel nous nous plongerons. On pourra donc revenir sur les dossiers d’enquête, sur les moyens énormes que la section anti-terroriste s’est donné et sur la traduction au final assez ridicule en justice. Ne nous laissons jamais faire !
Une brochure a été élaborée au moment du procès en première instance pour retracer l’intensité de cette phase de lutte, qui n’est pas séparable de la répression qu’elle a essuyé, nous vous conseillons donc de la consulter ici : lien « Le vaisseau des morts a brûlé » ainsi que la déclaration d’un des prévenus (cf. Ça ne se passera pas comme ça).

L’homme des hautes plaines

Lundi 12 juin 19h30

Clint Eastwood – 1973

VOST (USA) – 101’

Un étranger vêtu de noir arrive à Lago, petite ville de pionnier dans le désert. Il devient rapidement un personnage à la fois craint et utile, voire nécessaire à la sécurité de la ville, puisque le shérif lui demande de la défendre contre trois bandits dont la libération est prochaine et qui menacent de la détruire. Si les motivations de celui qui ne dira jamais son nom restent mystérieuses, sa détermination semble féroce dans l’accomplissement d’une vengeance dont la défense de la ville n’est qu’un moyen, alors que la scène du meurtre d’un ancien shérif tué à coups de fouets revient sous forme de flashs de manière récurrente. La fin sera bien plus apocalyptique, du moins dans le cadre de ce monde isolé que constitue cette ville dans le désert dans laquelle se déroule ce quasi huis-clos, et le héros disparaîtra de l’écran seul, comme il y est entré. Le scénario s’inspire d’un fait divers de 1964, le viol et le meurtre d’une jeune italo-américaine, Kitty Genovese à Brooklyn en présence de nombreux témoins dont aucun n’a prévenu la police ou n’est intervenu, au point que les circonstances de ce meurtre ont inspiré la notion d’« effet du témoin » ou « effet spectateur » en psychologie des foules, théorie qui démontre, expériences à l’appui, que, de manière fortement contrintuitive, la probabilité de secourir quelqu’un est plus forte quand le témoin de l’agression est seul que quand plusieurs personnes assistent à une agression. Mais le film dépasse largement le cadre de ce fait divers dont il décale énormément les données précises, pour interroger la vengeance en elle-même, raison de vivre et d’agir du personnage, les moyens qu’il se donne, aussi terribles voire pires que l’acte qu’il punit, ses motivations, les proportions que prend sa vengeance et quelque chose comme sa légitimité, à défaut de légalité, dans le cadre de cet Ouest sauvage dans lequel les institutions supposées prendre en charge et détourner la rage vengeresse ne pèsent rien face à la détermination d’un homme, dont le projet devient le destin de tous.
Et, en plus de la perfection formelle et scénaristique de ce western qui fait partie des premiers films dans lesquels Eastwood joue et réalise, c’est bien pour réfléchir à cette question de la vengeance comme moteur et moyen de l’attaque et de la destruction de l’existant, et de sa représentation cinématographique que nous proposons cette projection, dans le cadre d’un cycle déjà en cours autour de cette question dont nous voudrions discuter les liens évidents et problématiques à la fois avec la perspectives révolutionnaires.

Discussion autour de l’affiche « SOLDATS » pour une mutinerie généralisée

Vendredi 23 juin à 19h30

Le mouvement social qui a démarré il y a maintenant plusieurs mois s’est retrouvé confronté à une série d’obstacles, internes et externes, qui mènent à la séquence actuelle : la désertion de la lutte, le retour au travail. Ceci étant dit, les différents mouvement sociaux de ces dernières années sont loin d’être déconnectés les uns des autres, bien qu’ils se focalisent généralement sur telle ou telle réforme particulière, puisqu’ils agrègent un refus de l’écrasement général, de la soumission au gouvernement et à l’Etat, du maintient de la normalité du système capitaliste par le travail.
Jusqu’à la prochaine fois, donc ? Encore faut-il que nous puissions être assez intelligent pour analyser les manques et les erreurs, et que nous nous donnions les moyens de diffuser ces analyses dans la lutte par la pratique.
Tout le monde peut s’accorder sur le constat renouvelé du fait que l’encadrement syndical est de moins en moins effectif et, quoique les intentions des directions syndicales ne changent pas, on assiste assurément à leur lente agonie essentiellement par intégration complète à la gestion étatique. Le mouvement des gilets jaune et son refus de toute représentation a ajouté à la désertion en cours depuis plusieurs décennies, et, faute d’être en mesure de promettre quoi que ce soit, leurs moyens de contrôle et de récupération du mouvement sont de fait de plus en plus limités. C’est tant mieux. Mais inquiétude et colère reviennent quand on se met à interroger ce qui se passe dans cet espace moins balisé par les SO et directions syndicales, et quand on assiste à la perpétuation du confort relatif de l’obéissance à d’autres formes de directions plus ou moins imaginaires selon les habits qu’elles choisissent de revêtir en fonction des occasions, agissant y compris dans des formes plus propices à la confrontation comme les manifestations sauvages, et qui, comme les directions syndicales, cherchent à limiter, à canaliser et à récupérer la puissance subversive en perpétuelle constitution. Pour des Etats qui nous envoient au travail ou à la guerre, ou pour des stratèges en chambres de la conspiration qui vient, resterons-nous toujours soldats ? A quand l’autonomie ?
Pour discuter du mouvement, de ses impasses, de ses contradictions internes trop peu souvent approfondies, des salopards qui tentent d’en prendre les rênes et de comment se battre encore alors qu’ils freinent des quatre fers, pour discuter des guerres qui ont cours dans le monde, pour discuter du travail et de l’autorité, retrouvons nous à la bibliothèque des fleurs arctiques, autour de l’affiche SOLDATS, qui en appelle à la mutinerie généralisée et internationale de tout les soldats, soldats du travail, soldats des armées, soldats des luttes. Il sera possible d’en récupérer en grandes quantités pour en diffuser partout.

The sorcerer

Lundi 22 mai 19h30

William Friedkin – 1977
VOST (USA) – 121’

William Friedkin, réalisateur de L’exorciste, nous fait le plaisir en 1977 de remettre le couvert avec la sortie du très attendu…
Non non, aucun plaisir. Quatre ouvriers d’une raffinerie de pétrole doivent transporter de la nitroglycérine à bords de deux camions pourris à travers la jungle et les montagnes de l’Amérique du Sud sur plus de 300 kilomètres. Le climat, comme l’ambiance, est tropical, humide, oppressant, les conducteurs, comme nous, suent à grosse goutte. Chaque virage peut être le dernier avec à la clef suffisamment d’argent pour quitter le pays. Nous projetons ce film dans le cadre du cycle dédié aux road-movies, habituellement insufflants espoir et émancipation, mais ici peut-être des choses différentes, comme la rage et l’angoisse, toujours en défiant la vie et la mort dans une course effrayamment… lente.

La bibliothèque est fermée en attendant le prochain programme

Le prochain programme, qui concernera les mois de mai et de juin, est en cours de préparation et sera annoncé dans les jours qui viennent.

En attendant, la bibliothèque reste fermée, il n’y a donc d’ici là pas de groupes de lectures, de permanences, de ciné-clubs ou de discussions.

Nous réouvrons très bientôt,

Les Fleurs Arctiques

1er Mai / Boucherie au TGI de Paris

« Bourgeois prenez garde aux pauvres et aux fous, à la haine que vous fermez sous les verrous,
Bourgeois, keufs, juges tremblez ! »

Ce jeudi 5 mai 2023, comparaissaient au TGI les derniers déférés des manifestations du 1er mai. Les flics et le Parquet ont eu à nouveau les yeux plus grands que le ventre et peinent à écluser leurs engeôlés à force de vouloir à la fois prolonger les GAV et utiliser la comparution immédiate pour faire du chantage aux empreintes. Par manque de temps pour faire passer tout le monde en comparution immédiate, le parquet a renvoyé les audiences au mardi 9 mai. Restait donc à savoir si, en attente de la comparution, ils seraient libres, sous contrôle judiciaire ou en détention.
Les inculpés sont passés à huis-clos, devant le JDL (juge des détentions et de la liberté) qui statuait sur le sort qui serait le leur d’ici l’audience de mardi. Un juge particulièrement aux ordres du Parquet d’après les avocats, qui en a aussitôt fait la démonstration en envoyant, comme c’est souvent le cas dans ces procédures dégueulasses dites de « comparution préalables », en détention provisoire 5 des 6 prévenus qui lui sont tombés sous la main, le sixième étant sorti avec un contrôle judiciaire. Une sale manière de prolonger des GAV en faisant passer gratos le temps d’enfermement de 48h à une semaine (3 jours ouvrés maximum à partir du JLD sinon ils sont libérés, mais week-end prolongé aidant, cette fois on arrive à 4 jours de détention supplémentaire).

La veille, l’écrasante majorité des affaires liées aux manifestations de lundi n’avait rien donné. Les manifestants sont sortis libres avec peu de contrôles judiciaires. Et ce malgré un chantage aux empreintes, renouvelé du comico jusqu’au dépôt. Par ailleurs certains sont sortis dès l’étape de la garde à vue, apparemment par manque de temps et de place en comparution immédiate. Le lendemain le parquet s’est donc vengé, en nous sortant le pire JLD qu’il a pu trouvé, capable d’envoyer sans trembler cinq personnes en détention, sur la base de dossiers tous plus vides les uns que les autres. Au nom du même motif donc (le manque de place et de temps au tribunal pour gérer les arrestations massives du 1er mai), le mercredi les gens sortaient libres et le jeudi ils partaient en détention.
Le même jour une petite dizaine de manifestants sortaient libres du dépôt, après un passage devant le procureur.

La justice utilise les cartes qu’elle a en main en situation de crise. Elle montre ainsi, en serrant la vis, à la fois son pouvoir et sa fragilité. Les cellules des commissariats, les camions de transferts, les emplois du temps de ces sales juges, à tous les niveaux les services sont saturés pour répondre et mater le mouvement social qui se développe au fil des semaines. Ne laissons pas celles et ceux qui subissent les coups d’éclats de la répression et du fichages seuls, car ensemble et dans l’intensification de la lutte nous avons des chances de déjouer, d’empêcher, et de briser les rouages de la Justice.

Liberté pour nos camarades, pour nos compagnons, pour nos enfants, et pour tous les autres.
Solidarité avec les enfermés, les blessés, les pauvres et les fous :Retour ligne automatique
FEU AUX PRISONS !

Du 1er au 7 mai : permanences quotidiennes de 18h à 20h

Permanences pour le mouvement

 

 

 

 

En réponse au communiqué numéro 4 des camarades du S, afin de contribuer à ce que la semaine du premier mai ne soit pas celle de la désertion des luttes et qu’au contraire le temps que nous avons devant nous puisse être consacré à l’intensification et au dépassement du mouvement, nous proposons à la bibliothèque des Fleurs Arctiques une permanence pour le mouvement chaque soir de 18h à 20h.

La bibliothèque sera donc ouverte à partir du lundi 1er Mai et jusqu’au samedi dimanche 7 mai compris, dans l’optique d’y discuter du mouvement au jour le jour pour ses suites et son développement. Il sera également possible d’y récupérer des textes et affiches à diffuser où d’y faire des tracts, des affiches et des banderoles.