La Légende du roi crabe

Mardi 9 janvier 19h 19h30

Alessio Rigo de Righi & Matteo Zoppis, 2022, 99’

Luciano est un marginal, un ivrogne, un révolutionnaire, un romantique qui rit au nez de ceux qui cherchent à encadrer sa vie. Le film se déroule dans un village reculé italien, à une époque de basculement, au milieu du XIXe siècle, où la bourgeoisie installe son autorité et sa morale, où l’Église rappelle sans cesse à rester sur le droit chemin, où le seigneur aristocrate du village cherche à étendre son pouvoir sur le territoire, à maîtriser les passages et les mouvements. Les villageois ne sont pas pour autant en révolte contre ce monde, bien au contraire, et participent à identifier un bouc émissaire : Luciano. Après un acte de révolte, une tragédie et une calomnie qui le poursuit, il est contraint à l’exil.
Le film change de registre, d’une fable pastorale, il devient un western mystique. Il est question d’une légende, d’un trésor caché, d’une île du bout du monde, d’une vie d’errance. Une fuite ou une manière d’affronter ses regrets, La légende du roi crabe, en plus de nous emmener dans un univers onirique de personnages et de paysages sortis de tableaux des peintres romantiques, nous fera certainement réfléchir aux mécanismes de marginalisation dans un petit village, aux formes diffuses dans lesquelles l’autorité s’incarne, aux problématiques du deuil et de la mort, à l’idéal d’un ailleurs qui n’aurait rien de commun avec ce vieux monde, aux désillusions et aux espoirs.
Venez nombreux pour le voir et en discuter !

Démontage judiciaire de l’affaire «Machine à expulser»

Samedi 13 janvier 19h30

Ce démontage judiciaire est une des propositions issues de la discussion publique organisée au printemps dernier à la bibliothèque, à propos du mouvement social en cours à l’époque, et en solidarité avec Serge, camarade très gravement blessé à Sainte Soline, qui était alors plongé dans le coma. De nombreuses personnes étaient venues réfléchir aux différentes manières d’intervenir pour intensifier la conflictualité et exprimer une solidarité avec les blessés de Sainte-Soline. A quelques jours de cette boucherie répressive, la presse se faisait tout particulièrement le relais du déversoir fantasmatique désormais récurrent de haine contre « l’ultra-gauche » et « les fichés S » (deux catégories purement policières) que les discours de Darmanin tentaient d’isoler du reste du mouvement, pour justifier d’avoir transformé cette manifestation en champ de bataille. On se réjouissait alors de constater qu’une certaine forme de solidarité et de refus de telles distinctions (futures dissociations en justice) se maintenaient vivaces, entre autres grâce aux communiqués de la famille et des camarades de Serge, fermement déterminés à les refuser.
C’est donc dans ce contexte qu’il a semblé pertinent aux personnes réunies de réfléchir à la précédente période qui a connu, en France, un acharnement policier, judiciaire et médiatique contre les dits « terroristes » de la dite « ultra-gauche » : la politique de fichage des anarcho-autonomes alors qu’Alliot Marie était ministre de l’Intérieur, le contexte de la circulaire Dati du 13 juin 2008 qui ordonnait aux parquets de se dessaisir des dossiers impliquant la fantasmatique MAAF (mouvance anarcho-autonome francilienne) en faveur de la section antiterroriste du parquet de Paris, y compris les délits mineurs. 4 grosses instructions vont émerger de cette phase répressive : l’affaire dite « fumigène-dépanneuse » (voir les brochures « Mauvaises Intentions ») suite à la découverte d’un engin incendiaire sous une dépanneuse de la police, la très médiatique affaire de Tarnac, l’affaire de Chambéry – dans laquelle un engin explosif artisanal tue une compagnonne et en blesse grièvement un autre – et la double affaire dite « machine à expulser » autour de la répression de la lutte contre les CRA suite à l’incendie par les retenus du centre de rétention de Vincennes en 2008. C’est cette dernière qu’on va d’abord explorer.
La perspective sera donc de comprendre l’usage policier qui a été fait alors des instructions anti-terroristes, des débuts de l’enquêtes aux procès (sur une dizaine d’années le plus souvent) afin de mieux nous armer contre la justice, le renseignement et la police qui menacent aujourd’hui d’utiliser le même type d’arsenal. Point commun entre toutes les affaires de cette période : les chefs d’accusation spectaculaires et gros à faire trembler toutes les mamies ont, dans l’ensemble, fini par se réduire comme peau de chagrin ; les personnes qui ont subi ces instructions, en étant perquisitionnées, arrêtées, filaturées, écoutées, filmées, mises en examen, incarcérées, assignées à résidence, maintenues sous des contrôles judiciaires, pendant parfois presque une décennie, ont fini pour la plupart, par être accusées d’à peine quelques tags ou dégradations légères, refus de signalétique avec des peines de l’ordre du sursis ou de l’amende… C’est donc l’un des volets de l’affaire dite « Machine à expulser » que nous chercherons à démonter collectivement : une affaire, d’abord classé en anti-terrorrisme et qui a concerné une quinzaine de personnes au départ, suite à une phase de luttes offensives contre les frontières et l’enfermement des sans-papiers suite à l’incendie du CRA de Vincennes en 2008. Cette affaire n’a été close qu’en 2016, avec la mise en accusation dans deux procès d’une dizaine de personnes pour des délits mineurs, c’est l’un de ces deux procès, concernant 4 personnes dans lequel nous nous plongerons. On pourra donc revenir sur les dossiers d’enquête, sur les moyens énormes que la section anti-terroriste s’est donné et sur la traduction au final assez ridicule en justice. Ne nous laissons jamais faire !
Une brochure a été élaborée au moment du procès en première instance pour retracer l’intensité de cette phase de lutte, qui n’est pas séparable de la répression qu’elle a essuyé, nous vous conseillons donc de la consulter : « Le vaisseau des morts a brûlé » ainsi que la déclaration d’un des prévenus : « Ça ne se passera pas comme ça ».
C’est aussi par rapport au “procès anti-terroriste du 8/12”, qui s’est tenu en octobre 2023 à Paris, où 7 camarades ont été accusés pour association de malfaiteurs terroristes et dont le délibéré aura lieu le 22 décembre 2023, que nous proposons de démonter l’anti-terrorisme.

La pensée et la pratique révolutionnaires ont-elles besoin de l’université ?

Vendredi 19 janvier 19h30
Vendredi 26 janvier 19h30

L’université, en temps de mouvements sociaux et de révolutions, se transforme souvent en lieu d’organisation, de Hong Kong à Santiago de Chile ou à Athènes. Elle est souvent perçue, y compris par les gouvernements, comme un foyer de contestation dans lequel les jeunes générations font circuler des idées politiques qui pourraient s’attaquer au vieux monde. Mais c’est également un lieu, dans le prolongement de l’école, qui prépare au monde du travail, qui apprend la discipline et le respect de l’autorité, de la hiérarchie, de la norme. C’est un monde aseptisé, bâti sur l’ennui et les mouvements sociaux sont l’occasion d’une explosion de conflictualité qui n’épargne pas l’université et qui se situe souvent en confrontation avec elle, pas en prolongement. En tant qu’institution, elle est à critiquer, à interroger.
Quelle relation entretiennent le milieu révolutionnaire et l’université ? Y a-t-il eu évolution de cette relation au cours de l’histoire ? Quels liens entre théorie et pratique ? À qui revient-il de réfléchir, de produire de la théorie politique ? N’y a-t-il pas le risque, par l’université, d’une séparation entre la pensée et l’action ? Peut-on penser librement à l’ombre de l’autorité ? Qu’y a-t-il d’intéressant et de limites aux formes alternatives de production et diffusion du savoir, de la vulgarisation scientifique aux pédagogies alternatives et autres universités populaires ? Quoi de pire que lorsque les thésards prétendent lutter en faisant leurs thèses sur les mouvements sociaux ? Quelle meilleure manière d’enterrer sa complexité et sa subversion ? À qui laisser l’analyse des mouvements sociaux, lorsqu’ils se déroulent ou a posteriori ? Aux sociologues, aux historiens, aux journalistes, aux philosophes ? A-t-on besoin de thèses pour comprendre ce monde ? Est-ce que ce qu’il manque pour qu’une révolution ait lieu, c’est d’expliquer à ceux qui sont exploités, pourquoi et comment ils le sont ? Quelle critique de la science d’un point de vue anti-autoritaire ? Y a-t-il des spécificités aux sciences humaines ?
Nous ne tâcherons pas seulement de réfléchir aux critiques de l’institution scolaire qu’est l’université, mais aussi de la recherche universitaire, et plus particulièrement en sciences sociales et en sociologie, puisqu’elle prétend donner des outils pour mieux comprendre ce monde. Ces outils ne sont pourtant pas neutres, puisque les statistiques et catégories sociologiques viennent du point de vue de la gestion des populations. Reprendre ces catégories pour penser les révoltes, n’est-ce pas enfermer celles-ci dans de vieux carcans essentialistes et ne pas chercher à bâtir nos propres outils théoriques ? Ce sera l’occasion de poursuivre des discussions que nous avions eu notamment lors d’un cycle de groupe de lecture où nous avions lu Dieu et L’Etat, de Mikhaïl Bakounine, et particulièrement la partie où il livre une critique anti-autoritaire de la science qui cherche, dans l’objectif de tirer des lois générales, à disséquer le monde réel comme on dissèque un lapin, pour comprendre son corps. Bakounine fait un parallèle avec le scientifique qui dissèque le corps social, à la recherche de lois générales et de pareilles abstractions et qui, par son mouvement, ôte le mouvement réel de la vie à ce qu’il analyse.
Dans la suite des réflexions autour de la critique des institutions scolaires, venez nombreux pour discuter de tout cela, et essayer de tirer des fils de réponses à toutes ces questions.

Programme d’octobre de la bibliothèque

[Le programme s’ouvre avec le ciné-club du lundi 02 octobre !]

Pour télécharger le programme, cliquez sur l’image

[Le programme s’ouvre avec le ciné-club du lundi 02 octobre !]

Les traces des révoltes vives qui ont essaimé partout en France entre le mouvement social et les émeutes de juillet nous entourent, et nous donnent un peu d’espoir pour chercher à secouer une rentrée des classes, des ordres, des nouveaux travaux, qui voudrait bien niveler toutes nos activités et pensées vers un train-train inoffensif et pénible… Laissant ces traces et ces souvenirs des mois précédents bien loin, en dépit des coins de bitume dont on voit qu’ils ont cramé et des écoles et devantures de magasins qui n’ont pas rouvert après destruction, qui nous font sourire et nous donnent de la force quand on est assailli d’interrogations merdiques. «Comment payer cette amende, ce loyer, comment faire faire ces papiers, comment passer le bac, comment survivre dans ce nouveau boulot, etc», c’est à chaque fois différent selon les situations, mais du moins quand même assez commun et c’est un ras-le-bol de cette manière-là de vivre qui s’est exprimé tout au long de l’année 2023. Un peu d’ailleurs dans la révolte !!! C’est ce que nous avons trouvé et qui est actuellement salement réprimé : nous pensons à toutes les personnes qui ont passé l’été enfermées suite aux émeutes, à toutes celles qui passent en procès cet automne, à toutes celles qui galèrent après les suites de ces punitions faites dans le tas, à tous les lycéens, collégiens, qui ont, en plus de leurs établissements, retrouvé à la rentrée des flics mobilisés pour montrer symboliquement le retour de bâton de la République Française via une débile question d’habillement.
Nous ne voulons ni oublier, ni laisser la révolte derrière nous, ni laisser faire le retour au pas à la normalité… et nous voulons encore moins nous laisser mobiliser comme des petits soldats en faveur de la France des JO, de la surveillance, et de la France du SNU (la secrétaire d’État à la jeunesse faisait à nouveau il y a quelques jours une annonce sur une future obligation de faire ce service militaire 2.0). Nous tenons à exprimer toute notre solidarité avec les camarades de l’affaire du 8 décembre qui passent en procès en anti-terrorisme dès la première semaine d’octobre. Nous réouvrons la bibliothèque à des horaires plus fréquents (des permanences les jeudis de 16h à 18h et des groupes de lecture les dimanches à 16h) pour pouvoir alimenter des perspectives révolutionnaires dans ce contexte de conflictualité sociale. Il y a beaucoup à discuter ! Notamment, nous proposons le 27 octobre de venir discuter assez largement du mouvement social et des émeutes lors de la présentation de la compilation 35h de trop. Le 13 octobre, une discussion sur la représentation et la mémoire des génocides aura lieu suite à une projection de L’Image manquante de Rithy Pan. D’autres films projetés lors des ciné-clubs du lundi seront l’occasion d’échanger (à propos de vengeance avec le film Les duellistes ; à propos de fuite en avant et de refus de la norme avec Les petites marguerites, à propos d’autisme et de rapport à l’altérité avec le documentaire Dernières nouvelles du cosmos).
Pour que surgissent de nos révoltes encore plus d’inventivité et d’offensivité !
Nique la France encore et toujours.

L’agenda du programme est disponible ici

 

Les duellistes

Lundi 2 octobre 19h30

Ridley Scott – 1977
VOSTF (USA) – 100’

L’intrigue se déroule durant les guerres napoléoniennes, le lieutenant Gabriel Féraud défie en duel le lieutenant Armand d’Hubert après que celui-ci ait tenté de le faire arrêter pour avoir blessé le neveu du maire de Strasbourg lors d’un…duel. Mais l’histoire ne s’arrête pas ici, une rivalité entre les deux escrimeurs va naître, poussée par la frénésie guerrière et vengeresse de Gabriel Féraud les deux personnages vont systématiquement se défier à chaque fois qu’ils se croisent jusqu’à ne plus savoir pourquoi ces derniers se battent.

Le film interroge la question de la vengeance, sujet devenant presque méta au fil des passes d’armes puisque la vengeance dans ce film devient motrice d’elle même.

Cette projection vient poursuivre le cycle sur la vengeance initié par l’Homme des hautes plaines, et Crossing Guard.

Projection et discussion autour de L’image manquante de Rithy Panh et C’était un samedi, chronique de la déportation des Juifs de Ioannina

Vendredi 13 octobre 19h30

On se propose de reprendre le fil de la réflexion qui se poursuit à la bibliothèque autour de la question de la lutte contre l’antisémitisme et le négationnisme, et donc aussi de la manière dont se constitue et se diffuse la mémoire des entreprises d’extermination qui ont eu été menées au XXème siècle. Pour cette soirée de projection/discussion, on accueillera Irène Bonnaud, qui a mis en scène la pièce C’était un samedi qui se joue en ce moment au Théâtre du Soleil. Cette pièce retrace l’histoire peu connue de la communauté juive romaniote de Ioannina, petite ville du nord de la Grèce, dont la quasi-totalité des membres a été déportée à Auschwitz-Birkenau le 25 mars 1944, puis les actes de révoltes auxquels les membres de cette communauté ont participé parmi lesquels la destruction d’un des crématoires du camp. Ce spectacle est l’aboutissement d’un travail d’enquête et de recueil de témoignage mené par Irène Bonnaud et Fotini Banou, actrice et chanteuse de la pièce. Pour restituer cette histoire, le choix a été fait d’une forme de récit, dont les personnages sont incarnés par des statues de terre cuite. Pour accompagner cette discussion, on a choisi de projeter à nouveau L’image manquante de Rithy Panh, film dans lequel, à travers un dispositif semblable, c’est le statut même de la représentation de la perspective génocidaire (en l’occurrence du génocide perpétré par les Khmers Rouges au Cambodge entre 1975 et 1979), de la vie qui la précède, de ce qu’elle veut faire disparaître, et de cette élimination elle-même, qui est interrogé. Nous espérons que les discussions qui pourront prendre place avant et après la projection, ainsi que la mise en perspective de ces deux formes de représentation d’un certain rapport à la mémoire de la vie et de sa disparition nous permettront d’avancer sur la question de la lutte contre le négationnisme et contre l’antisémitisme, mais aussi sur celle de la conservation d’une mémoire en dehors des sentiers battus institutionnels et commémoratifs, une mémoire de ces épisodes terribles mais aussi des actes de révoltes qu’ils ont pu susciter, une mémoire nécessaire à toute perspective révolutionnaire.

Le texte de la pièce, C’était un samedi, chronique de la déportation des Juifs de Ioannina, édité en français et en grec par les éditions Koukkida sera disponible sur place, ainsi que la brochure L’image, la mémoire et l’oubli, écrite pour la projection de L’image manquante de Rithy Panh organisée par la Discordia le 24 janvier 2017. Elle est téléchargeable ici (Limage-la-mémoire-et-loubli.pdf (noblogs.org) )

Informations concernant le spectacle : https://www.theatre-du-soleil.fr/fr/agenda-2023/c-etait-un-samedi-2023-2449

Dernières nouvelles du cosmos

Lundi 16 octobre 19h30

Julie Bertuccelli – 2006
France – 84’

Voilà un documentaire délicat, intrigué et questionnant, qui filme la poètesse autiste Babouillec dans sa rencontre avec un metteur en scène de théâtre, lorsque ce dernier met en scène un de ses poèmes publié dont on pourra lire des extraits : Algorithme éponyme. Ce que nous apprenons des façons étranges qu’a Babouillec d’écrire (en déplaçant des lettres), mais plus généralement de s’exprimer, de communiquer, nous invite à penser la relation à l’autre et le langage comme des aventures qui ne coulent pas de source, qui impliquent écoutes, efforts et détours et qui ne se déroulent pas sans oppositions à la norme et aux fameux « développements » prévus de l’enfant en société. Dans la suite de la discussion à partir du film Le moindre geste de Deligny, laissons nous réfléchir aux relations avec l’autisme, avec le mutisme et l’étrangeté dans une société toujours plus normative.

Discussion autour du mouvement social et des émeutes de 2023

Vendredi 10 novembre 19h30

Vendredi 27 octobre 19h30

De janvier à juin, un mouvement contre la réforme des retraites a mobilisé très largement en France et dans divers secteurs : grèves des raffineries et des éboueurs qui ont été longuement reconduites, blocage de périphériques, de ports, péages gratuits, blocages de lycées, occupations de fac, manifestations syndicales ou plus sauvages… Le mouvement a eu de l’ampleur dans toute la France, même les plus petites villes. C’était inédit depuis le mouvement des gilets jaunes de 2019.

Puis, suite au meurtre de Nahel, des émeutes ont embrasé toute la France pendant plusieurs jours, s’attaquant, avec une conflictualité inédite, aux commissariats, prisons, mairies, préfectures, magasins, etc…

Aujourd’hui, le mouvement contre la réforme des retraites est mort, mais il est important de comprendre ce qu’il s’est passé et ce qui est encore vivant malgré la fin des grosses manifestations et la répression qui continue. Faire vivre un mouvement va avec le fait de partager une expérience, des analyses et des perspectives collectivement et publiquement.

C’est ainsi que nous avons décidé de faire la présentation d’une compilation de textes écrits pendant le mouvement social, assorti d’un dossier spécial sur Sainte-Soline : tracts, appels à action, communiqués, affiches… Si cette compilation est très loin d’être exhaustive, elle saura, nous l’espérons, rendre compte des différentes phases de ce mouvement, de ce qui l’a caractérisé, des pratiques nouvelles et anciennes qui ont émergé pendant le mouvement, de leur limites, des différentes interventions et des différents conflits (notamment contre les syndicats et les prises de direction des mouvements) qui ont eu lieu pendant ces mois en France. Le but n’est pas seulement de faire un bilan ou un exposé exhaustif sur cet épisode de luttes, mais bien de tirer des idées et des perspectives futures ensemble.

Pourquoi le mouvement contre les retraites est-il mort ? Pourquoi les émeutes de juillet se sont-elles arrêtées ? Comment retrouver de la puissance collective ? Comment faire pour ne plus retomber dans les mêmes impasses ?

Vous pouvez retrouver la compilation de textes en cliquant ici.

Les Petites Marguerites

Lundi 6 novembre 19h30

Lundi 30 octobre 19h30

Věra Chytilová – 1966
VOSTF (Tchécoslovaquie) – 74’

Il n’y a plus rien à voir, plus rien à faire. Tout est en train de pourrir, de dépérir. Deux femmes errent dans une ville tchécoslovaque des années 60, à la recherche d’action, de quelque chose à faire pour sortir de la torpeur et de l’ennui. Elles décident de tout envoyer chier, de ne plus rien attendre pour faire exploser la norme et renverser la table, en riant, en se moquant de la bourgeoisie et du patriarcat. Les deux personnages semblent à mi-chemin entre les frères Blanko et Noiro, du manga Amer Béton de Taiyō Matsumoto, errants comme des délinquants naïfs dans une ville hostile mais qu’ils font leurs, et entre les sœurs Papin, de Les Bonnes de Jean Genet, motivées par une force invisible, une révolte satyrique et destructrice contre la bourgeoisie

Marie et Marie, c’est leurs noms, ne sont pas les seules à expérimenter la folie créatrice, la réalisatrice explore aussi dans le film des formes rarement vues au cinéma. Le montage, la couleur, le cadrage, tout, semble venir de l’imaginaire déchaîné des Marie. Elles interagissent avec le film et semblent chercher à s’en affranchir pour faire irruption dans la salle, ce qui arriva, peut-être en partie, deux ans plus tard en printemps 1968. Dans la suite des discussions que nous avons depuis longtemps à la bibliothèque autour de la notion de subversion (voir le texte que nous avions écrit d’appel à la discussion ici en novembre 2022), nous vous proposons de discuter ensemble de ce film après sa projection le lundi 30 octobre à 19h30. L’occasion de se demander : qu’est-ce que la subversion en dehors d’une révolte collective ? Quel lien peut entretenir la représentation de la subversion au cinéma avec un mouvement révolutionnaire ?

Agenda Octobre 2023

Lundi 02/10, 19h30, Ciné-club : Les duellistes

Jeudi 05/10, de 16h à 18h : Permanence

Dimanche 08/10, 16h : Groupe de lecture

Jeudi 12/10, de 16h à 18h : Permanence

Vendredi 13/10, 19h30, Discussion : Projection et discussion autour de «L’image manquante» de Rithy Panh et «C’était un samedi, chronique de la déportation des Juifs de Ioannina»

Dimanche 15/10, 16h : Groupe de lecture

Lundi 16/10, 19h30, Ciné-club : Dernière nouvelles du cosmos

Jeudi 19/10, de 16h à 18h : Permanence

Dimanche 22/10, 16h : Groupe de lecture

Jeudi 26/10, de 16h à 18h : Permanence

Vendredi 27/10, 19h30, Discussion : Discussion autour du mouvement social et des émeutes de 2023

Dimanche 29/10, 16h : Groupe de lecture

Lundi 30/10, 19h30, Ciné-club : Les petites marguerites

Jeudi 02/11, de 16h à 18h : Permanence

Dimanche 05/11, 16h : Groupe de lecture

Lundi 06/11, 19h30, Ciné-club : Les petites marguerites

Jeudi 09/11, de 16h à 18h : Permanence

Vendredi 10/11, 19h30, Discussion : Discussion autour du mouvement social et des émeutes de 2023