Programme de mai à juin 2023

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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En mai et juin la bibliothèque propose les discussions suivantes :

le 30 mai le 7 juin : S’organiser efficacement contre les résurgences de l’antisémitisme et du négationnisme d’extrême gauche

le 3 juin : Autonomie et perspectives révolutionnaires, discussion autour de la brochure « Pour un anarchisme révolutionnaire » en présence du collectif Mur par mur.

le 11 juin  16 juin : démontage judiciaire autour d’un des volets de l’affaire dite « Machine à expulser »

le 23 juin : discussion autour de l’affiche « Soldats », contre les directions des mouvements pendant qu’elles dirigent et parce qu’elles dirigent

 

 

Au ciné-club seront projetés :

le 29 mai : Zabriskie Point, Antonioni, 1975

le 5 juin : Saint Maud, Rose Glass, 2019

le 12 juin : L’Homme des hautes plaines de Clint Eastwood, 1973

le 26 juin : Crossing Guard, Sean Penn, 1995

 

Zabriskie Point

Lundi 29 mai 19h30

Michelangelo Antonioni – 1970

VOST (USA) – 105’

Dans la suite des road movie comme Easy Rider de Dennis Hopper, Zabriskie Point d’Antonioni raconte une errance chaotique à travers les Etats Unis, à la fin des années 60. Des révoltes étudiantes à Los Angeles jusqu’au désert de la Vallée de la Mort, Mark et Daria se rencontrent et traversent l’Arizona, un peu par hasard, voyage qui finit par laisser place à un presque vide spatial et cinématographique. Mais ce vide se transforme aussi en un rythme qui se ralentit au point de faire défiler des paysages qui deviennent l’histoire elle-même, à l’esthétique brûlante et saturée. Jusqu’à la dernière scène contemplative et explosive, à la bande son déchaînée.

S’organiser efficacement contre les résurgences de l’antisémitisme et du négationnisme d’extrême gauche

Mardi 30 mai 19h30

Mercredi 7 juin 19h30

Y a-t-il vraiment besoin d’être épigraphe pour voir l’antisémitisme sous le tag… ?

Il y a quelques semaines, un tag ouvertement antisémite est apparu sur un mur dans un des bâtiments de l’université Paris 8 à Saint Denis. « Vive la Palestine, 39-45 le retour, soyez preparer » (sic), à côté d’un « Free Palestine » et d’un « macron dégage » dont l’écriture et/ou la couleur diffèrent. Malgré les dénégations d’une palanquée de gauchistes prompt à y voir la marque d’un coup retors de l’extrême droite (auquel il ne faudrait pas réagir, ce qui reste en soi discutable, même si c’était le cas, voir plus bas), les circonstances et les tags à proximité revendiquant le soutien au rappeur antisémite Freeze Corleone ne laissent pas vraiment de doute sur le fait qu’il s’agisse d’un antisémitisme d’extrême gauche pur origine certifiée.
Y a -t-il vraiment besoin de déplier les présupposés explicites de cet énoncé ? Que ce soit nécessaire fait déjà partie du problème, mais allons-y rapidement, par souci de clarté. Donc on affirme ici la défense de « la Palestine », en s’inscrivant dans la lignée anti-impérialiste de la défense des nationalismes et de leurs perspectives étatiques pour les « peuples opprimés » par les nationalismes et les Etats des « peuples oppresseurs », et ce faisant on commence par confondre les palestiniens avec l’Etat qui est supposé les représenter. Depuis les années 70, on nous fait subir cet espèce de campisme stupide qui prétend qu’aspirer à un Etat serait émancipateur, et que les gens qui subissent la domination « impérialiste » auraient besoin que de loin (toujours de loin), on défende ce qui les dominera plus tard, en l’occurrence « leur » Etat. La suite va un gros cran plus loin, en invitant à se préparer au retour de 39-45, posant l’extermination des juifs (seul lien avec la question palestinienne, à travers une assimilation déjà antisémite des dits « juifs » à l’Etat d’Israël), donc la perspective génocidaire des nazis dont la réalisation a été assez loin pour qu’on se rende compte de ce que ça donne, comme solution à la question palestinienne. On ne sait pas bien si c’est une perspective conçue comme utopique et désirable, ou si c’est de l’ordre de la menace de rétorsion, mais ça revient au même, d’autant plus que ce chemin de présenter la perspective d’un génocide comme une juste vengeance à laquelle on doit s’attendre est un des chemins que prennent les résurgences antisémites à gauche depuis quelques années*.
C’est la première raison qui nous conduit à proposer cette discussion : certes, c’est pas la première fois, oui, c’est juste un tag, mais il y a un moment où il va falloir réagir de manière efficace et concertée en arrêtant de détourner les yeux et de penser qu’on a mieux à faire : combattre l’antisémitisme et toute les formes de racisme, en particulier quand elles émergent du côté de ce qui se représente comme subversif, est une urgence à chaque instant renouvelée. Vu l’instensification du phénomène, il va bien falloir finir par trouver les moyens de s’y confronter.
La deuxième raison qui motive cette proposition de discussion, c’est ce qui s’est passé sur les réseaux et dans les couloirs (autour de certains comptoirs et dans quelques « bases arrières » sans doute aussi) suite aux premières réactions que ce tag a suscité. On a vu une floppée de gauchistes, pour certains connus dans le petit monde select du post marxisme sauce bouteldjiste débouler en force pour défendre… la Palestine. Comme si vouloir réagir à ce tag, c’était s’opposer à la lutte des palestiniens (et comme si l’Etat état une perspective émancipatrice pour ceux qui luttent). Outre cette passion pour le fait de réprimer par principe toute réaction sur ce sujet quelle qu’elle soit (passion qui peut rendre graphomane et conduire à écrire des pages et des pages pour dire qu’il ne faut pas en faire cas, comme là (référence textes de NF à propos de Claude Guillon), et défendre l’idée qu’il est de la première urgence de ne rien en penser, cet afflux d’avis concordants pour considérer que dire que ce tag est antisémite, c’est un peu comme défendre la colonisation de la Palestine nous renforce dans l’idée qu’il faut plus que jamais aujourd’hui cesser tout déni, tout laisser-faire et toute complaisance.
C’est pourquoi nous proposons de nous retrouver le mardi 30 mai pour prendre le temps d’échanger, de mieux comprendre peut-être, et surtout de trouver les moyens de combattre ce trop vivace antisémitisme d’extrême gauche.

 

* Comme on peut le voir dans Les Blancs les Juifs et nous d’Houria Bouteldja, pamphlet antisémite de gauche édité à la Fabrique dans lequel le désir d’exterminer « les juifs » et le négationnisme (donc le désir d’exterminer les juifs tout en niant les spécificités de ce projet) sont présentés comme une menace légitime, un risque objectif à prendre en compte et finalement une rétorsion compréhensible face à la situation d’oppression des dits racisés (qu’on naturalise de ce fait comme naturellement antisémites ce qui est déjà complètement raciste).

Discussion autonomie et perspective révolutionnaire autour de la brochure « Pour un anarchisme révolutionnaire » du collectif Mur par Mur

Samedi 3 juin 19h30

Le 3 juin sera présentée cette brochure aux Fleurs Arctiques, qui est une reprise critique du livre « Pour un anarchisme révolutionnaire », écrit par le même collectif Mur par mur mais qui ici prend une dimension nouvelle, la brochure s’appuyant sur les différentes discussions publiques qui ont suivit la sortie du livre.
Ce livre, actualisé donc, nous semble intéressant à rediscuter par la présentation publique de cette brochure puisqu’il cherche à redéfinir l’anarchisme en se replongeant dans les débats constitutifs de la perspective révolutionnaire afin d’en réactualiser le contenu, le sérieux, et la prégnance.

Saint Maud

Lundi 5 juin 19h30

Rose Glass – 2019
VOST (Royaume-Uni) – 83’

Saint Maud est une étude de cas brutale, qui donne un accès à la psychologie du personnage principal, sur la question épineuse de la foi, ici chrétienne, absolutiste et fanatique, ainsi que ses effets sur la santé mentale. Ou lorsqu’une auxiliaire de vie se décide, plutôt que d’accompagner avec douceur la mort d’une danseuse/chorégraphe (qui a vécu et vit encore librement ses désirs malgré qu’elle se trouve en phase terminale), à prendre en charge son salut, ceci malgré son passé de pécheresse et l’activité déterminée des forces du mal, objectivées en permanence par le personnage principal. C’est ici le mysticisme chrétien, cette relation vécue comme personnelle par tant de personnes à travers le monde avec des êtres fictifs comme Jésus, Marie, ici Marie-Madeleine, etc. qui sont directement questionnés. Ou comment la religion n’a besoin d’aucune matérialité pour laisser ses ouailles se faire réellement posséder par des démons. Traumatisme et psychose, foi et condamnation, grâce, transcendance, extase et prédation, et un film terrible et bouleversant, qui pourrait aussi bien être une interprétation complètement hostile à l’Église catholique de la Transverbération de Thérèse D’avila.

Démontage judiciaire : Affaire « Machine à expulser »

Discussion déplacée le vendredi 16 juin 19h30

Dimanche 11 juin 18h

Ce démontage judiciaire est une des propositions issues de la discussion publique organisée le mois dernier à la bibliothèque, à propos du mouvement social en cours, et en solidarité avec Serge, camarade très gravement blessé à Sainte Soline, qui était alors plongé dans le coma. De nombreuses personnes étaient venues réfléchir aux différentes manières d’intervenir pour intensifier la conflictualité et exprimer une solidarité avec les blessés de Sainte-Soline. A quelques jours de cette boucherie répressive, la presse se faisait tout particulièrement le relais du déversoir fantasmatique désormais récurrent de haine contre « l’ultra-gauche » et « les fichés S » (deux catégories purement policières) que les discours de Darmanin tentaient d’isoler du reste du mouvement, pour justifier d’avoir transformé cette manifestation en champ de bataille. On se réjouissait alors de constater qu’une certaine forme de solidarité et de refus de telles distinctions (futures dissociations en justice) se maintenaient vivaces, entre autres grâce aux communiqués de la famille et des camarades de Serge, fermement déterminés à les refuser.
C’est donc dans ce contexte qu’il a semblé pertinent aux personnes réunies de réfléchir à la précédente période qui a connu, en France, un acharnement policier, judiciaire et médiatique contre les dits « terroristes » de la dite « ultra-gauche » : la politique de fichage des anarcho-autonomes alors qu’Alliot Marie était ministre de l’Intérieur, le contexte de la circulaire Dati du 13 juin 2008 qui ordonnait aux parquets de se dessaisir des dossiers impliquant la fantasmatique MAAF (mouvance anarcho-autonome francilienne) en faveur de la section antiterroriste du parquet de Paris, y compris les délits mineurs. 4 grosses instructions vont émerger de cette phase répressive : l’affaire dite « fumigène-dépanneuse » (voir les brochures « Mauvaises Intentions ») suite à la découverte d’un engin incendiaire sous une dépanneuse de la police, la très médiatique affaire de Tarnac, l’affaire de Chambéry – dans laquelle un engin explosif artisanal tue une compagnonne et en blesse grièvement un autre – et la double affaire dite « machine à expulser » autour de la répression de la lutte contre les CRA suite à l’incendie par les retenus du centre de rétention de Vincennes en 2008. C’est cette dernière qu’on va d’abord explorer.
La perspective sera donc de comprendre l’usage policier qui a été fait alors des instructions anti-terroristes, des débuts de l’enquêtes aux procès (sur une dizaine d’années le plus souvent) afin de mieux nous armer contre la justice, le renseignement et la police qui menacent aujourd’hui d’utiliser le même type d’arsenal. Point commun entre toutes les affaires de cette période : les chefs d’accusation spectaculaires et gros à faire trembler toutes les mamies ont, dans l’ensemble, fini par se réduire comme peau de chagrin ; les personnes qui ont subi ces instructions, en étant perquisitionnées, arrêtées, filaturées, écoutées, filmées, mises en examen, incarcérées, assignées à résidence, maintenues sous des contrôles judiciaires, pendant parfois presque une décennie, ont fini pour la plupart, par être accusées d’à peine quelques tags ou dégradations légères, refus de signalétique avec des peines de l’ordre du sursis ou de l’amende… C’est donc l’un des volets de l’affaire dite « Machine à expulser » que nous chercherons à démonter collectivement : une affaire, d’abord classé en anti-terrorrisme et qui a concerné une quinzaine de personnes au départ, suite à une phase de luttes offensives contre les frontières et l’enfermement des sans-papiers suiteà l’incendie du CRA de Vincennes en 2008. Cette affaire n’a été close qu’en 2016, avec la mise en accusation dans deux procès d’une dizaine de personnes pour des délits mineurs, c’est l’un de ces deux procès, concernant 4 personnes dans lequel nous nous plongerons. On pourra donc revenir sur les dossiers d’enquête, sur les moyens énormes que la section anti-terroriste s’est donné et sur la traduction au final assez ridicule en justice. Ne nous laissons jamais faire !
Une brochure a été élaborée au moment du procès en première instance pour retracer l’intensité de cette phase de lutte, qui n’est pas séparable de la répression qu’elle a essuyé, nous vous conseillons donc de la consulter ici : lien « Le vaisseau des morts a brûlé » ainsi que la déclaration d’un des prévenus (cf. Ça ne se passera pas comme ça).

L’homme des hautes plaines

Lundi 12 juin 19h30

Clint Eastwood – 1973

VOST (USA) – 101’

Un étranger vêtu de noir arrive à Lago, petite ville de pionnier dans le désert. Il devient rapidement un personnage à la fois craint et utile, voire nécessaire à la sécurité de la ville, puisque le shérif lui demande de la défendre contre trois bandits dont la libération est prochaine et qui menacent de la détruire. Si les motivations de celui qui ne dira jamais son nom restent mystérieuses, sa détermination semble féroce dans l’accomplissement d’une vengeance dont la défense de la ville n’est qu’un moyen, alors que la scène du meurtre d’un ancien shérif tué à coups de fouets revient sous forme de flashs de manière récurrente. La fin sera bien plus apocalyptique, du moins dans le cadre de ce monde isolé que constitue cette ville dans le désert dans laquelle se déroule ce quasi huis-clos, et le héros disparaîtra de l’écran seul, comme il y est entré. Le scénario s’inspire d’un fait divers de 1964, le viol et le meurtre d’une jeune italo-américaine, Kitty Genovese à Brooklyn en présence de nombreux témoins dont aucun n’a prévenu la police ou n’est intervenu, au point que les circonstances de ce meurtre ont inspiré la notion d’« effet du témoin » ou « effet spectateur » en psychologie des foules, théorie qui démontre, expériences à l’appui, que, de manière fortement contrintuitive, la probabilité de secourir quelqu’un est plus forte quand le témoin de l’agression est seul que quand plusieurs personnes assistent à une agression. Mais le film dépasse largement le cadre de ce fait divers dont il décale énormément les données précises, pour interroger la vengeance en elle-même, raison de vivre et d’agir du personnage, les moyens qu’il se donne, aussi terribles voire pires que l’acte qu’il punit, ses motivations, les proportions que prend sa vengeance et quelque chose comme sa légitimité, à défaut de légalité, dans le cadre de cet Ouest sauvage dans lequel les institutions supposées prendre en charge et détourner la rage vengeresse ne pèsent rien face à la détermination d’un homme, dont le projet devient le destin de tous.
Et, en plus de la perfection formelle et scénaristique de ce western qui fait partie des premiers films dans lesquels Eastwood joue et réalise, c’est bien pour réfléchir à cette question de la vengeance comme moteur et moyen de l’attaque et de la destruction de l’existant, et de sa représentation cinématographique que nous proposons cette projection, dans le cadre d’un cycle déjà en cours autour de cette question dont nous voudrions discuter les liens évidents et problématiques à la fois avec la perspectives révolutionnaires.

Discussion autour de l’affiche « SOLDATS » pour une mutinerie généralisée

Vendredi 23 juin à 19h30

Le mouvement social qui a démarré il y a maintenant plusieurs mois s’est retrouvé confronté à une série d’obstacles, internes et externes, qui mènent à la séquence actuelle : la désertion de la lutte, le retour au travail. Ceci étant dit, les différents mouvement sociaux de ces dernières années sont loin d’être déconnectés les uns des autres, bien qu’ils se focalisent généralement sur telle ou telle réforme particulière, puisqu’ils agrègent un refus de l’écrasement général, de la soumission au gouvernement et à l’Etat, du maintient de la normalité du système capitaliste par le travail.
Jusqu’à la prochaine fois, donc ? Encore faut-il que nous puissions être assez intelligent pour analyser les manques et les erreurs, et que nous nous donnions les moyens de diffuser ces analyses dans la lutte par la pratique.
Tout le monde peut s’accorder sur le constat renouvelé du fait que l’encadrement syndical est de moins en moins effectif et, quoique les intentions des directions syndicales ne changent pas, on assiste assurément à leur lente agonie essentiellement par intégration complète à la gestion étatique. Le mouvement des gilets jaune et son refus de toute représentation a ajouté à la désertion en cours depuis plusieurs décennies, et, faute d’être en mesure de promettre quoi que ce soit, leurs moyens de contrôle et de récupération du mouvement sont de fait de plus en plus limités. C’est tant mieux. Mais inquiétude et colère reviennent quand on se met à interroger ce qui se passe dans cet espace moins balisé par les SO et directions syndicales, et quand on assiste à la perpétuation du confort relatif de l’obéissance à d’autres formes de directions plus ou moins imaginaires selon les habits qu’elles choisissent de revêtir en fonction des occasions, agissant y compris dans des formes plus propices à la confrontation comme les manifestations sauvages, et qui, comme les directions syndicales, cherchent à limiter, à canaliser et à récupérer la puissance subversive en perpétuelle constitution. Pour des Etats qui nous envoient au travail ou à la guerre, ou pour des stratèges en chambres de la conspiration qui vient, resterons-nous toujours soldats ? A quand l’autonomie ?
Pour discuter du mouvement, de ses impasses, de ses contradictions internes trop peu souvent approfondies, des salopards qui tentent d’en prendre les rênes et de comment se battre encore alors qu’ils freinent des quatre fers, pour discuter des guerres qui ont cours dans le monde, pour discuter du travail et de l’autorité, retrouvons nous à la bibliothèque des fleurs arctiques, autour de l’affiche SOLDATS, qui en appelle à la mutinerie généralisée et internationale de tout les soldats, soldats du travail, soldats des armées, soldats des luttes. Il sera possible d’en récupérer en grandes quantités pour en diffuser partout.