Cycle sur les Kaïju

Projections à venir :

Mercredi 19 décembre 2018 à 19h30

Mothra Vs Godzilla, Ishiro Honda, 1964, vostfr, 2h03

Mercredi 16 janvier 2019 à 19h30

King Kong, Peter Jackson, 2005, vostfr, 3h

Mercredi 27 février 2019 à 19h30

L'Homme qui rétrécit, Jack Arnold, 1957, vostfr, 1h21

Projections passées :

Colossal –  Nacho Vigalondo – 2017 – vostfr – 1h50 – Mercredi 28 novembre 2018

Mothra Ishiro Honda – 1961 – vostfr – 1h41 – Mercredi 10 octobre 2018

 Akira – Katsuhiro Otomo – 1988 – vostfr – 2h04 – vendredi 31 août 2018

Le Roi et l’Oiseau – Prévert & Grimault – 1980 – 1h27 – vendredi 10 août 2018

Halloween – John Carpenter – 1978 – vostfr – 1h31 – vendredi 13 juillet 2018

Nausicaä de la vallée du vent Hayao Miyazaki – 1984 – vostfr – 1h56 – lundi 25 juin 2018

Shin Godzilla Hideaki Anno et Shinji Higuchi – 2016 – vostfr – 2h – Lundi 30 avril 2018

Monsters Gareth Edwards – 2010 – vostfr, 1h33 – Lundi 2 avril  2018

King Kong – Merian Caldwell Cooper et Ernest Beaumont Schoedsack – 1933 – 1h40 (vostfr) – Lundi 5 mars 2018

The Host – Bong Joon-Ho – 2006 – 119 min – Corée (Vost) – Lundi 18 décembre 2017

Godzilla, affiche française d’A. Poucel, 1956.

Pourquoi regarder ensemble des films de gros monstres, ou kaîju ega, du nom de ces films de genre qui, après King Kong en 1933, deviendront à partir du premier Godzilla (1954) une spécialité japonaise ? Pour le plaisir, d’abord, celui des effets spéciaux, du carton pâte et des maquettes, pour la magie du gigantisme. Et puis parce que ces gros monstres viennent des abysses ou du plus profond de la terre pour renvoyer à l’humanité l’image incarnée de la crainte que lui inspire son propre orgueil, sa propre démesure. Les ravages des Kaïju sont la réalisation fatale de la nécessité de détruire un monde qui sans eux n’en finirait pas de perdurer, et finit grâce à eux par s’écrouler dans une apocalypse cathartique.

Kaijū (que l’on prononcera kaizyû) signifie littéralement « bête étrange » ou « bête mystérieuse ». Il s’agit donc d’un terme japonais pour désigner des créatures étranges, particulièrement les monstres géants des films japonais appelés kaijū eiga. La notion japonaise de monstre étant différente de celle des européens, un kaijū est plutôt vu comme une force de la nature devant laquelle l’homme est impuissant et non pas comme une force du mal. Le kaijū n’est pas issu de l’univers religieux, ce n’est pas un démon et il n’est pas nécessairement mauvais ni bon.

 

Affiche italienne pour Godzilla vs. Hedorah (Godzilla vs. the Smog Monster), 1971

Affiche italienne pour Gigantis the Fire Monster (Godzilla Raids Again), 1957

 

Lorsque Bakounine, Déjacque et Proudhon invoquaient Satan comme figure de la révolte fondamentale contre ce monde, c’était déjà l’idée du kaijū qui frémissait d’exister. Décrit par le révolutionnaire russe comme « le génie émancipateur de l’humanité » et « la seule figure vraiment sympathique et intelligente de la Bible », Satan est identifié à la révolte qu’il symbolise. Nous voyons ici en Godzilla et ses acolytes mastodontesques un souffle symbolique similaire. Et d’ailleurs Tokyo après Godzilla n’est pas si loin des ruines de 1871 à Paris après le passage incendiaire des communards.

Peut être bien, donc, que si King-Kong, Mothra et Godzilla ne sont pas effrayés par les ruines, c’est qu’ils portent dans leur cœur un monde nouveau.

Affiche polonaise pour Godzilla vs. The Smog Monster, 1971