Street Trash

Jim Muro – 1987 – USA (vost) – 1h40
Mercredi 12 décembre 19h30

Avec son mauvais gout assumé, son lumpenprolétariat urbain dézingué, ses clochards fondus, ses punks psychopathes, son Amérique décompo-reaganisée et post-guerre du Vietnam, ses couleurs fluos omniprésentes, ses eighties plus dégueulasses que jamais, ses situations et personnages cartoonesques et gore, et sa maitrise technique inattendue (plans en steady-cam à la fois ultra-efficaces et novateurs – son réalisateur, dont c’est ici l’unique film, deviendra par la suite le Mr Steady-cam d’Hollywood chez Scorcese, Cameron, etc.), ce film, aujourd’hui connu seulement de quelques forcenés du cinéma bis et d’esthétique Thrash metal de la fin des eighties (dont l’imagerie semble directement sortie de ce film), est un film culte à mettre entre toutes les mains averties.
A la fois burlesque, satyrique et gore, dans la lignée d’Evil Dead (Sam Raimi, 1981) ou Braindead (Peter Jakson, 1992), ce film fauché mais méticuleux, participe de ce cinéma de bricolage transgressif et subversif par la finesse étrange de critiques sociales cachées sous des litres bourrins de tout ce que ce monde tient comme aux antipodes de cette même finesse, comme douteux, ignoble, indélicat, immoral et subversif. Non loin du cinéma de John Waters (sur lequel nous nous pencherons prochainement dans ce ciné-club), nous sommes ici projetés dans la vie de deux jeunes clochards vivant dans une décharge, dans laquelle tout le monde veut leur peau (et dans ce film, tout le monde veut la peau de tout le monde), et dans laquelle vient de commencer à se diffuser un nouvel alcool, le « Viper », liquéfiant immédiatement ses consommateurs et provoquant la mort dans des explosions visuelles imprévisibles et inoubliables. Des points de vue sur l’alcool, la normalité la misère sociale et le dénuement humain qui rappelleront la projection de Wake in Fright lors d’un cine-club endiablé et de joyeuse mémoire à la bibliothèque.